L'abîme de la faute et du pardon - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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L’abîme de la faute et du pardon

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Le Retour du fils prodigue (Rembrandt)

« Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu », écrit saint Paul aux Corinthiens (II, 5, 21).

L’actualité la plus brûlante n’est hélas pas indemne de scandales qui obligent à nous confronter à ce que saint Paul appelait « le mystère d’iniquité », celui qui désigne l’emprise de Satan sur le monde. Un mystère qui est au centre de ce que la théologie chrétienne désigne par la Rédemption, celle accomplie par le Christ sur la croix et qui suppose de sa part un engagement dramatique. Un engagement qui s’achève par une victoire totale.

Mais l’humanité reste in via, sur le chemin. Si elle est sauvée, c’est en espérance et elle se doit de travailler à son Salut dans l’espace dévolu à la liberté. L’historien Guillaume Cuchet s’est interrogé à juste titre sur l’absence de l’enseignement des fins dernières durant la période post-concilaire, qui coïncide avec la chute brutale de la pratique religieuse en France et en Europe.

Négation de la Rédemption

La tendance à se taire, comme le disait Jean Guitton, sur l’essentiel a même parfois abouti à une sorte de contre-Évangile où la réalité de la Rédemption était carrément niée au profit d’un optimisme historique qui se substituait à l’espérance surnaturelle. Précisément, la période du Carême est l’occasion de revenir au cœur même de la Révélation chrétienne, là où les saints n’ont cessé de puiser l’énergie de la grâce, celle qui animait une Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, priant pour que le criminel endurci qu’était Pranzini ne meure pas dans l’impénitence finale.

Il est vrai que dans ce registre, nous nous trouvons face à l’énigme de la faute et du pardon, mystères qu’il nous est impossible de saisir pleinement. L’Évangile nous renvoie à la parabole du fils prodigue, dont on sait avec quelle force Rembrandt a su communiquer ce qu’elle a de bouleversant.

La parabole est le langage employé par Jésus pour rendre compte de réalités cachées qui ne nous sont pas directement accessibles. Ce qu’on peut en retenir, c’est la profondeur de l’amour divin qui ouvre à une miséricorde dépassant nos pauvres mesures. Et cette profondeur se rapporte à la mission rédemptrice du Fils : « Voici en quoi consiste l’amour, lit-on dans la première épître de saint Jean : ce n’est pas nous qui connaissons Dieu, mais c’est Lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils, en victime de propitiation pour nos péchés. »

C’est donc l’initiative unique de Dieu qui ouvre au pardon. Mais par ailleurs, celui qui demande et reçoit ce pardon trouve un chemin de conversion et de pénitence, qui provoque en lui un changement radical. Comme l’exprime le psaume où David demande son pardon : « Ma faute est devant moi sans relâche. Contre toi, toi seul j’ai péché. Ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait. »

Il appartient au secret de chacun de percevoir ce mystère de l’esprit brisé par la faute et retrouvant la paix que seul Dieu peut nous rendre.