Kremlin et Vatican, kif-kif ? - France Catholique
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Kremlin et Vatican, kif-kif ?

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Il s’écrit, il se dit, en ce moment, énormément de choses sur le nouveau style de papauté qu’incarne le pape François. C’est vrai qu’il surprend ce pape venu de l’autre monde. C’est vrai qu’il a été élu, en partie, par les cardinaux pour mener à bien la réforme de la Curie. Nul ne sait vraiment encore aujourd’hui – et le Pape lui-même, en premier – ce à quoi vont aboutir la remise en cause, la réflexion, la prospective qu’il a mises en route pour un renouveau de l’administration du Saint-Siège, en symbiose avec les aspirations de l’Église universelle. C’est vrai qu’il y a des choses à changer dans l’Église. Cela n’autorise pas pour autant à dire n’importe quoi sur le Vatican, son fonctionnement actuel, en opérant les rapprochements les plus invraisemblables.

Il me semble que dans le genre polémique, outrancier, voire vraiment insupportable, la limite vient d’être largement franchie dans une chronique du Monde, intitulée « La perestroïka selon le pape François ». Ma collègue Sylvie Kauffmann ne craint rien en matière d’amalgames et de comparaisons douteuses. Perestroïka, vous avez bien compris, cela renvoie à la chute de l’Empire soviétique, de ce système totalitaire inventé par ces personnages éminemment sympathiques qu’étaient Lénine et Staline. Vous avez peut-être du mal à trouver dans les papes du XXe siècle des personnalités proches de ce type de tyrans. C’est sans doute que vous êtes aveugles et sourds face à l’évidence d’une homologie des systèmes. Sylvie Kauffmann est sûre de son fait. Il n’y a rien de plus proche comme discipline de la kremlinologie que la vaticanologie. Tiens donc, mais qui peuvent bien être les Djerzinski et les Beria au sein de la cité du Vatican ? Je connais un peu les Français qui, à Rome, ont été partie prenante de cette machine soviétoïde. Mais j’ai du mal à imaginer un Etchegaray, un Poupard, un Tauran à l’image de je ne sais quel séide soviétique. Et Ratzinger, vous croyez vraiment qu’il ressemblait à une sorte de tchékiste ? J’ai gardé le souvenir d’un Jean-Paul II qui avait renversé la puissance soviétique. Ça c’est du réel, ce n’est pas du fantasme à l’aune du plus médiocre anticléricalisme.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 8 octobre 2013.