Photo : Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger : Ils nous ont subtilement démontré qu’on ne pourra jamais dissocier « justice sociale » et « respect de la vie de l’homme ».
Des années durant, notre diocèse a organisé en été des conférences sur la « justice sociale », et, depuis des années (ou jamais?), sans la moindre communication sur les dégâts de l’avortement et de l’euthanasie. Selon une conception ancienne de la justice sociale on pourrait dissocier « justice sociale » et « respect de la vie » tout comme on peut considérer séparément politique fiscale et politique étrangère. C’est le même genre d’erreur que l’on commet en tentant de séparer dans l’acte sexuel la fonction d’union et la fonction de procréation, alors que toutes deux sont inséparables: elles se complètent mutuellement.
Je me suis récemment livré à une recherche pour une collection complète des encycliques relatives à la justice sociale, et j’ai rapidement constaté qu’un document essentiel, Evangelium Vitae, manquait toujours. Même le Compendium de la doctrine sociale de l’Église omettait Evangelium Vitae dans le répertoire des encycliques traitant de « justice sociale ». De plus, le Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d’État du Vatican, rend un hommage bien incomplet au feu Pape Jean-Paul le Grand dans l’introduction au Compendium en suggérant: «Continuant à élaborer et à actualiser le riche héritage de la doctrine sociale catholique, le Pape Jean-Paul II a publié, pour sa part, trois grandes encycliques — Laborem exercens, Sollicitudo rei socialis et Centesimus annus… »
Avec tout le respect dû à son Éminence, cette liste omet la quatrième grande encyclique relative à la justice sociale par Jean-Paul II — texte fondateur pour tous les autres: Evangelium Vitae, « L’Évangile de la vie ».
Jean-Paul II avait un don pour exprimer clairement et puissamment combien les « questions de vie » sont fondamentalement partie de la « justice sociale ». « Le respect absolu de la vie de tout être innocent — déclare-t-il dans Evangelium Vitae — est un des piliers sur lesquels repose toute société.»
L’Évangile de la vie s’adresse à toute l’humanité. Militer dans les mouvements « pro-vie » c’est contribuer à la progression de la société par la promotion du bien commun. Nul ne peut promouvoir le bien commun sans reconnaître et défendre le droit de vivre, droit fondamental sur lequel reposent et d’où découlent tous les droits individuels inaliénables. Une société manque de bases solides quand, d’une part, elle défend des valeurs telles que la dignité de l’individu, la justice et la paix, et, d’autre part, agit à l’opposé en permettant ou tolérant des actes rabaissant ou violant la vie humaine, tout spécialement lorsqu’elle est déjà fragile ou marginalisée. Seul le respect de la vie peut être une base garantissant les biens les plus précieux de la société, tels que la démocratie et la paix.
De même pour Benoît XVI, le « respect de la vie » continue à tenir un rôle crucial, et même fondamental, dans la « justice sociale ». Dans sa dernière encyclique, Caritas in Veritate, par exemple, Benoît XVI insiste :
Un des aspects les plus frappants du progrès de nos jours et l’importante question du respect de la vie, qui ne peut nullement être isolé des questions concernant le développement des populations. Cet aspect a pris une importance croissante ces derniers temps, nous forçant à élargir notre concept de la pauvreté et du sous-développement en incluant les questions relatives à l’acceptation de la vie, en particulier lorsqu’elle est remise en question de diverses façons.
Contrairement à l’opinion professée, semble-t-il, par les organismes internationaux consacrés au développement, « l’ouverture à la vie — déclare le Pape — est au centre du progrès. »
Si se perd le concept individuel et collectif d’accueil d’une nouvelle vie, alors d’autres formes d’acceptation utiles à la société s’évanouiront aussi. Accepter la vie, c’est renforcer le tissu moral et rendre les gens capables d’entr’aide. Les nations riches, par la culture d’ouverture à la vie, peuvent mieux comprendre les besoins des populations pauvres, elles peuvent se passer du gaspillage économique et intellectuel dû à la satisfaction des envies égoïstes de leurs populations et promouvoir des actions vertueuses en vue de productions moralement sensées et solidaires dans le respect du droit fondamental à la vie de chaque peuple et de chacun.
Tout comme Jean-Paul II, Benoît XVI déclare : la « question sociale » de nos jours est devenue une question « radicalement anthropologique ». C’est une « théologie particulière de la personne humaine » qui relie et assoit tous les différents aspects de la justice sociale, une théologie souvent en contradiction avec les idées et pratiques présentes. À l’opposé de notre obsession actuelle en vue de manipuler et maîtriser tous les aspects de la vie humaine — comment et quand faire naître nos enfants, et avec quels caractères, comment et quand mourrons-nous, de la main de qui ? — Benoît et Jean-Paul ont prêché un respect total envers le mystère et la dignité propres à la vie humaine.
Tout comme Jean-Paul II, Benoît XVI déclare : la « question sociale » de nos jours est devenue une question « radicalement anthropologique ». C’est une « théologie particulière de la personne humaine » qui relie et assoit tous les différents aspects de la justice sociale, une théologie souvent en contradiction avec les idées et pratiques présentes. À l’opposé de notre obsession actuelle de manipuler et maîtriser tous les aspects de la vie humaine — comment et quand faire naître nos enfants, et avec quels caractères, comment et quand mourrons-nous, de la main de qui ? — Benoît et Jean-Paul ont prêché un respect total envers le mystère et la dignité propres à la vie humaine.
Et ils insistent : « On rencontre sous-jacents aux questions courantes des points de vue culturels niant la dignité de l’homme et promouvant une analyse matérialiste, technique, de la vie humaine. » « Qui pourrait jauger les effets négatifs d’une telle mentalité sur le développement? — demande le Pape Benoît. — Comment nous étonner de l’indifférence affichée devant des situations dégradantes pour l’homme, alors qu’une telle indifférence s’étend à toute la création ?… Alors que les pauvres du monde entier persévèrent à frapper à la porte des riches, le monde des nantis risque de devenir sourd à ces appels, ayant perdu la notion d’humain. »
En cette période de la Nativité, lorsque nous prions pour la « paix sur la terre », rappelons-nous que Marie a donné le jour à celui qui est la vie du monde! Et remercions Benoit et Jean-Paul de nous avoir si judicieusement montré que la « justice sociale » et le « respect pour la vie de l’homme » ne peuvent aucunement être dissociés car la protection de la vie des humains et le respect de la dignité de la personne seront toujours la pierre angulaire de tous les autres aspects de la justice sociale.
Ce qu’ils ont si clairement énoncé, souhaitons qu’aucun bureaucrate ou politicien ne le jette à la corbeille.
Source : http://www.thecatholicthing.org/ — –
Randall Smith est professeur associé en théologie à l’Université Saint Thomas à Houston (Texas, USA)