Deux mondes parallèles cohabitent désormais en Catalogne au sujet de l’avenir de la région autonome espagnole.
Les Juges du Tribunal Suprême espagnol se sont rencontrés avec leurs homologues allemands à La Haye devant Eurojust au sujet de Carles Puigdemont dans le plus grand secret.
L’information fut rendue publique après cette rencontre tenue ces derniers jours.
Les espagnols demandent à juger Carles Puigdemont en Espagne, et pour obtenir ce procès ont produit à leurs homologues allemands des preuves vidéos relatives à » la rébellion portée par l’ex président catalan à l’adresse de la Constitution Espagnole. »
Mais pour ce faire, réclament à nouveau une révision de la décision de la Justice allemande qui a rejeté l’accusation de rébellion de Carles Puigdemont.
La justice espagnole semble renoncer à ce chef d’accusation et maintient la malversation avec d’autres chefs d’accusations, à savoir « l’organisation criminelle de désobéissance civique », ajoutée aux griefs précédents à l’encontre des indépendantistes catalans.
Pour le Juge Llarena le dossier judiciaire sera porté au Luxembourg en dernière instance si les Allemands ne renoncent à leur décision judiciaire antérieure du cas Puigdemont..
Un imbroglio juridique qui dépasse le cadre initial du procès souhaité en Espagne des indépendantistes catalans, et qui prévoit de fait plusieurs procédures engagées à ce jour à l’encontre des prévenus, les uns à l’étranger, les autres maintenus en prison dans le pays en attendant leurs procès.
Si de fait plusieurs instructions sont engagées dans le temps qui viendra, on pressant la durabilité de telles procédures sans cesse contrariées par la défense espagnole et les juristes européens, en Allemagne, en Belgique, et selon toute probabilité à Strasbourg où le dossier catalan est désormais en vue auprès des plus hautes instances européennes.
Tandis que la justice poursuit son travail et alimente les procédures de diverse gravité, le Parlement catalan vit des heures douloureuses.
Ce vendredi Roger Torrent avait prévu de réunir en session les parlementaires pour proposer le nom de Sanchez à la Présidence de la province.
Le Juge Llarena ayant refusé ce troisième homme, après un premier refus de Puigdemont le 30 janvier, celui de Sanchez déjà le 12 mars et de Turull le 22 mars, le Président du Parlamen Roger Torrent maintient aujourd’hui la rencontre des députés catalans pour accuser le juge du Supremo d’atteinte « aux droits civiques des députés démocratiquement élus du Parlamen Catalan. »
La décision de Llarena se justifie selon l’argument proposé de « réitération délictuelle » de la candidature de Sanchez pouvant entraver l’ordre public, et la confusion judiciaire que représenterait in fine l’élection d’un prévenu de la Justice espagnol porté à la présidence catalane tandis qu’aucun procès n’ait eu lieu à ce jour à son encontre, et mettrait l’Institution en porte à faux avec la Constitution proprement dite.
Le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU ayant adressé au gouvernement espagnol « une lettre le 23 mars invitant ce dernier à respecter les droits civiques de tous les députés élus au parlement catalan, » la situation actuelle se trouble d’un entrelacs de procès, de congrès et d’incertitudes qui conduisent à un état de confusion généralisé de la question catalane.
Au Parlement Européen des députés se préoccupent de la question en Espagne et demandent à l’Union européenne d’intervenir comme médiatrice de ce conflit interne espagnol.
En Allemagne des partis politiques reconsidèrent leur neutralité antérieure.
En France un silence partagé par nombre d’élus domine.
La question catalane s’internationalise désormais.
A la veille d’Elections européennes en 2019, quid de la Justice, quid de « la via politica » aura la solution à ce problème en attente ?
Pour l’heure le temps presse !