La spiritualité du XIXe siècle a mis l’accent sur le sacrifice du Christ, librement consenti par amour pour l’humanité. Un des aspects essentiels de cette redécouverte est l’essor du culte du Sacré-Cœur, qui donne à contempler et à honorer le cœur de chair du Christ comme symbole d’amour, et qui exalte une relation intime et affective avec le Christ souffrant. Cette très ancienne dévotion a connu une diffusion ininterrompue depuis les apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque, au XVIIe siècle. Les papes des XIXe et XXe siècles ont toujours profondément encouragé cette dévotion.
En 1856, Pie IX étend à l’Église universelle la fête du Sacré-Cœur, qui existait déjà pour la France (célébrée le troisième vendredi après la Pentecôte, le 16 juin cette année). Le mois de juin est officiellement proclamé mois du Sacré-Cœur. Cette décision pontificale ne fait que confirmer le culte du Sacré-Cœur qui est déjà très largement répandu, notamment grâce la consécration personnelle que peut faire chaque fidèle avec la prière proposée par sainte Marguerite-Marie.
Mais dans son encyclique Annum sacrum (25 mai 1899), Léon XIII met en œuvre une forme de dévotion plus complète encore : la consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus. Cette consécration a lieu le 11 juin 1899. Ce jour-là, à la suite du pape, qui est à Saint-Pierre, tous les prêtres et les fidèles du monde entier sont invités à se rassembler dans les églises pour prier les litanies du Sacré-Cœur et lire l’acte de consécration donné par le Saint-Père.
L’acuité de Léon XIII
Léon XIII écrit dans son encyclique : « Ce témoignage mondial et solennel d’allégeance et de piété est particulièrement approprié à Jésus-Christ, qui est le chef et le Seigneur suprême. » Cette consécration se justifie en raison de la royauté du Christ, qui ne règne pas seulement par droit naturel, en tant que Fils de Dieu, mais aussi par un droit acquis sur la Croix. Cette royauté confère au Christ tout pouvoir sur terre et dans le ciel. Cependant, continue le pape, Jésus ne s’impose pas à nous. Il ménage notre liberté, ce qui nous laisse la possibilité de poser, à notre tour, un acte d’amour vers lui. La consécration à son Cœur Sacré devient ainsi une preuve de notre amour.
Pour Léon XIII, il semble évident que cette consécration doit concerner tous les êtres humains car Jésus n’est pas venu sur terre pour un petit groupe de fidèles. Il est venu pour toute l’humanité, « même ceux qui sont privés de la foi chrétienne ».
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