Les 3 et 4 juin, à l’occasion de la solennité de la Pentecôte, le Pape célèbrera le jubilé du Renouveau charismatique à Rome. C’est toute l’Église catholique qui est appelée à se joindre à la prière et à l’action de grâce de la foule qui sera alors rassemblée sur la place Saint-Pierre. Car l’expérience du Renouveau a atteint, d’une façon ou d’une autre, l’ensemble des fidèles, à travers une certaine sensibilité spirituelle et une façon de prier. Certes, en cinquante ans, il s’est passé bien des événements, le « mouvement » – qu’il faudrait définir dans sa complexité – n’a pas été épargné par des épreuves, parfois des crises profondes, dont il faudra tirer les leçons. Mais il faut reconnaître, en même temps, que sa maturation lui a permis de franchir les étapes au-delà des fondations, et même des fondateurs.
C’est aux États-Unis que le Renouveau charismatique catholique est apparu dans les années soixante, à partir de l’expérience pentecôtiste, inspirée par la vive conscience de l’habitation de l’Esprit Saint dans les âmes. Aujourd’hui encore, cette origine cultuelle et même culturelle pose des problèmes à des observateurs extérieurs, qui analysent le phénomène en sociologues du religieux. Jean-Pierre Le Goff a émis certaines critiques devant des manifestations festives qui provoquent sa perplexité. De même, Régis Debray, dans son dernier essai (Civilisation. Comment nous sommes devenus américains, NRF Gallimard) s’attache à décrire cette religiosité américaine, consubstantielle à l’identité même des États-Unis, avec ses retombées en Europe : « Quant à l’Église catholique, elle s’adapte de son mieux à la vague protestante et pentecôtiste. » Oui, sans doute, mais attention ! Il suffit de comparer les communautés pentecôtistes présentes en France, notamment dans la région parisienne, avec les communautés catholiques, pour comprendre la différence.
Les pratiques charismatiques ont été d’autant mieux accueillies dans l’Église catholique qu’elles ont été, en quelque sorte, ressaisies dans un cadre sacramentel qui leur a permis de trouver leur pleine consistance. Bien souvent, les exercices religieux qui étaient tombés en déshérence chez les catholiques durant la dépression soixante-huitarde, ont été réanimés par un Renouveau en quête d’approfondissement théologique. Cinquante ans après l’apparition de cette vague de fond qui a touché les fidèles, les paroisses, les sanctuaires et les pèlerinages, il est permis à la fois de dresser des bilans critiques nécessaires et de rendre grâce pour tout ce que nous avons reçu.