Jour de tristesse — et glorieux — aux États-Unis - France Catholique
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La justice de Dieu
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Jour de tristesse — et glorieux — aux États-Unis

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Même les esprits tordus qui ont associé une pseudo-science et un raisonnement légaliste médiocre pour aboutir à la sentence Roe contre Wade en 1973 n’auraient pas imaginé qu’en 2011 on aurait presque atteint le chiffre de cinquante millions d’avortements aux États-Unis. Ou, comme publié la semaine dernière, que plus de 40% des grossesses à New York s’achèvent par un avortement.

Si ces chiffres ne vous interpellent pas, puis-je vous proposer un diagnostic ? Vous en êtes tellement abasourdi que vous ne savez même plus comment réagir. J’avoue être atteint de ce même syndrome.
Il y a bien longtemps qu’un tel crime pouvait être justifié « pour sauver la mère » ou « au nom de la liberté de se reproduire ». Quand près de la moitié des enfants à naître sont exécutés sommairement dans une ville comme New York, on ne peut plus parler de force majeure. On assiste à un aveuglement étrange, mortel, des gens qui pensent que la violence se trouve chez les autres, proies de croyances dangereuses.

J’ai étudié des rapports sur la lucrative activité des abattoirs/cliniques d’avortement depuis 1980, mais je suis encore sous le choc d’une nouvelle en provenance de Philadelphie la semaine dernière. Je vous épargne les détails, mais si vous lisez l’Anglais et avez du cran, vous serez édifiés. De bonnes âmes invoqueront le cas particulier d’une clinique en quartier défavorisé. Mais même les pratiques de cliniques d’avortements « propres » peuvent être révoltantes, et les récits de fœtus jetés à la poubelle, évacués à la benne sans émotion, sont connus et soigneusement tus par la grande presse depuis des décennies.

L’ancienne directrice d’une clinique du Planning Familial disait cette semaine son cheminement émouvant vers les principes pro-vie et sa conversion au catholicisme. La coupe a débordé lorsque elle a vu à l’écran d’échographie un fœtus de treize semaines se débattre pour échapper à la canule que le docteur mettait en position pour l’aspirer hors du sein de sa mère. Alors qu’elle assistait, horrifiée, à l’intervention, le docteur demanda à l’infirmière de mettre en marche l’aspiration, et, sur un ton léger, lui dit : « un sourire, Scotty ».


Répugnant.

C’est le genre d’insensibilité produite par trente-huit années de régime pro-abortion ; paradoxalement les partisans « pro-choix » se prennent le plus souvent pour des gens pleins de compassion, et civilisés.

Mais ce 24 janvier vers midi, un événement bien différent se produira, comme chaque année depuis la légalisation de ces horreurs. Des dizaines, voire des centaines de milliers de manifestants pro-vie défileront dans le froid glacial de Janvier sur le Mall de Washington. On chipotera toujours sur le nombre de manifestants, c’est sans importance. Comme d’habitude, le Washington Post n’y fera référence que sur ses pages locales. Voici quelques années, le modérateur du Washington Post, interrogé sur la publication en Une des événements pro-avortement, et sur l’éventuelle citation dans des pages peu lues des manifestations pro-vie, a répondu que ses reporters avaient tendance à ignorer les pro-vie.

Pas grave. Jai été vacciné dans les années 1960 contre les manifestations politiques. Quand j’ai constaté, presque immédiatement, de quoi il en retournait, je m’en suis éloigné. Elles sont généralement imprégnées d’égotisme, d’introspection, d’auto-admiration — voire d’auto-tromperie — répandant la bonne parole avec un rendement médiocre.

Tout le contraire de la marche pour la vie. Les gens qui s’astreignent à participer année après année — jeunes, vieux, hommes et femmes, catholiques ou autres chrétiens, juifs, musulmans, parfois même athées pro-vie — n’en tirent aucun avantage personnel, si ce n’est, peut-être, d’espérer vivre un jour dans un monde moins pourri et meurtrier. Debout dans un froid glacial, souvent sous la pluie ou la neige, ce n’est pas la fête. Mais les participants ne viennent pas faire la fête.

Et pourtant, chaque année, j’en reviens plus humble, inspiré par la générosité désintéressée de ces gens qui pensent aux autres.

Bien sûr, les critiques continuent à pleuvoir sur les pro-vie pour leur « prétendu amour- passion pour les fœtus et leur mépris pour les femmes et pour les bébés après la naissance ». La pire des stupidités. Un exemple : l’Église catholique est le porte-parole numéro un des pro-vie dans notre pays comme de par le monde, gérant le plus vaste réseau d’organismes de bienfaisance, de santé, loin devant tous les autres organismes privés.

En vérité, les catholiques considèrent la vie sur un autre plan que les autres sujets, simplement parce que c’est leur domaine. Il n’existe aucune raison justifiant la suppression d’une innocente vie humaine, où que ce soit, y compris dans le sein de la mère. Par contre, nombreuses et parfois contradictoires peuvent être les opinions concernant l’aide aux femmes, aux enfants, aux pauvres. Et les gens qui s’y impliquent peuvent changer leurs idées, leurs méthodes, s’ils pensent trouver une plus grande efficacité.

Les papes sont clairs là-dessus, et nos évêques Américains ont largement suivi. Le document inter-épiscopal « Faithful Citizenship » (Citoyenneté et foi) établit un classement moral de ces questions, c’est un guide selon les principes catholiques. Mais si on creuse la question des devoirs de justice sociale, le flou résulte d’une vieille absence de réflexion. Il reste bien à faire en ce domaine, même parmi les Catholiques qui ont d’évidence tendance à trouver dans le manque de netteté du propos une bonne occasion pour ne pas saisir la pensée de nos évêques.

Mais par-dessus ces considérations théoriques, en ce jour, on trouvera le témoignage émouvant que la volonté de défendre la vie d’humains innocents est loin de disparaître en Amérique. Si on trouve maintenant une mince majorité d’Américains se déclarant pro-vie, c’est le résultat de nombreuses années de discussions et de témoignages. Dans aucun autre pays on n’a vu un mouvement pro-vie si durable et si intense, et si l’avortement peut enfin être considéré mondialement comme une honte, alors il faudra en attribuer un grand mérite à notre peuple qui a tenu haut le flambeau.

C’est un jour glorieux pour l’Amérique.

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NDT : Commémorant le jugement Roe contre Wade en 1973, les mouvements pro-vie organisent chaque année le 22 janvier (ou à une date proche) une manifestation à Washington, protestant contre la sentence légalisant l’avortement aux États-Unis.


Source :

http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/this-sad-and-glorious-day.html