La Colombe et Saint Joseph
Dans l’Évangile est ainsi rapporté le baptême de Jésus : …Jésus est dans le Jourdain. Quand il en ressort, les cieux s’ouvrent, on voit comme une colombe se poser sur lui : c’est le Souffle de Dieu. Des cieux, une voix se fait entendre : « Celui-ci est mon fils, Bien Aimé. C’est en lui que j’ai trouvé toute ma joie » Matthieu (3, 13-17).
Á l’entrée du Cimetière de la Pierre Levée à Poitiers se trouve un monument intitulé : Œuvre Notre Dame des Dunes avec un très beau bas-relief représentant la mort de Saint Joseph, assisté de la Sainte Vierge et surtout de Jésus, qui d’un geste large envoie, sous la forme d’une colombe l’âme de Joseph vers le Paradis.
Sous le tableau est gravée une belle prière :
Jésus, Marie, Joseph,
Faites que j’expire doucement
En votre sainte compagnie
Nous remarquons qu’au baptême de Jésus, comme une colombe c’est le Souffle de Dieu (le Saint Esprit) qui vient se poser sur Lui. À la mort du Patriarche, Joseph le Juste, c’est sous la forme d’une colombe que Jésus envoie son âme au Paradis.
Dans les Litanies de Saint Joseph, retenons « Chef de la Sainte famille, Gloire de la vie de famille, Espérance des malades et Patron des mourants », invocations d’une double actualité en ces temps d’épidémie et de votes parlementaires contre l’enfant et la famille. Un dernier regard sur le bas-relief de l’Œuvre Notre Dame des Dunes de Poitiers : le Modèle des travailleurs repose « doucement » en compagnie de sa Sainte épouse. Les instruments du charpentier sont rangés dans l’angle gauche du tableau.
Et surtout, Jésus est là, pour l’envoi immédiat au ciel de l’âme du très juste Joseph sous forme d’une colombe.
La Vénérable Sœur clarisse Maria Consolata Betrone ( 1903-1946) avait eu des manifestations du Sacré-Cœur de Jésus qui lui avait demandé : « un acte d’amour continu » avec la prière « Jésus, Marie, je vous aime ! Sauvez les âmes. »
Compte tenu de la belle prière qui apparait en bas du tableau de l’Œuvre Notre Dame des Dunes :
Jésus, Marie, Joseph,
Faites que j’expire doucement
En votre sainte compagnie
un acte d’Amour intégrant saint Joseph ne pourrait que satisfaire Notre Seigneur !
« Jésus, Marie, Joseph, je vous aime ! Sauvez les âmes. »
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Saint Joseph et Sœur Josefa Menéndez
C’est sur la terre d’Espagne que Notre Seigneur chercha pour la transplanter en France, l’âme privilégiée de son Cœur.
Josefa Menéndez naquit à Madrid, le 4 février 1890 et fut baptisée le 9, en l’église de San Lorenzo, sous les noms chers à sa foi, de Maria Josefa.
Le R.P.José Rubio, (canonisé en 2003), grand zélateur de la dévotion au Sacré-Coeur reçut les premières confidences de cette âme privilégiée. Il la dirigea jusqu’à son entrée à la Société du Sacré-Coeur. À sept ans, Josefa fit sa première confession, date mémorable de sa vie dont elle écrit :
« 3 octobre 1897 : ma première confession. Ah ! si j’avais encore la même contrition qu’en ce jour ! »
Frappé de ses aptitudes surnaturelles, son confesseur l’initia à une vie intérieure proportionnée à son âge.
En février 1901, âgée de onze ans, elle fut admise chez les Réparatrices avec un groupe d’enfants pour la préparation à la Première Communion. Au cours d’une petite retraite avant la cérémonie fixée au 19 mars, Josefa médita sur ces mots : « Jésus veut venir à moi afin que je sois toute à Lui ». Une religieuse qu’elle interrogea lui dit qu’elle devait être très bonne et qu’ainsi elle serait toute à Jésus. Le soir du deuxième jour, Josefa fit une petite offrande à l’Enfant-Jésus et lui demanda qu’Il lui apprenne à être toute à Lui.
Dans le silence, elle entendit une voix qui se fixa au plus intime de son âme :
« Oui, ma fille, je veux que tu sois toute mienne. »
Josefa écrit alors :
Le troisième jour, je renouvelai ma résolution et le 19 mars, fête de mon patron Saint Joseph, et jour heureux de ma Première Communion, je fis cette petite consécration qui jaillit du fond de mon âme :
Aujourd’hui, 19 mars 1901, je promets à Jésus devant le ciel et la terre, prenant pour témoins ma Mère, la Vierge Très Sainte, et mon Père et Avocat saint Joseph, de garder toujours la précieuse vertu de la virginité, n’ayant d’autre désir que de plaire à Jésus ni d’autre crainte que de Lui déplaire.
Apprenez-moi, mon Dieu ! comment Vous voulez que je sois vôtre de la manière la plus parfaite, afin de Vous aimer toujours et de ne jamais Vous offenser. C’est ce que je veux aujourd’hui, jour de ma première Communion, Vierge Très Sainte, je vous le demande en ce jour qui est la fête de votre Époux saint Joseph.
Votre enfant qui vous aime,
Josefa Ménéndez
Nous remarquons ici le grand attachement de Soeur Josefa à Joseph son Saint patron.
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La colombe et Soeur Josefa
Dans Un Appel à l’Amour, mais encore plus précisément dans le livre Vie de Josefa Menéndez (Rome 1928), une colombe intervient plusieurs fois dans le cours de la vie religieuse de Sœur Josefa. Soit, tout d’abord représentant l’âme d’une personne dont la vie était près de s’éteindre, soit tout simplement l’état de l’âme de Sœur Josefa, permettant de juger de la progression de sa purification.
Le premier exemple nous est fourni le 5 septembre 1922 : Une sainte vie était près de s’éteindre à Poitiers ; la Mère B. avait supporté un mal terrible avec une héroïque résignation ; elle allait rendre son âme à Dieu. Sœur Josefa, qui la veillait pendant sa dernière nuit, vit un peu avant qu’elle n’expirât, une petite colombe planer au-dessus de sa tête ; ses plumes étaient toutes blanches ; il y avait seulement une tache grise sur une des ailes. Après le décès, Josefa retourna dans sa cellule ; mais la colombe blanche était toujours devant Josefa, qui ne put dormir et se mit à prier, et la tache grise de l’aile disparut ; et la colombe toute blanche pris son envol vers le haut, à la grande joie de Josefa qui pensait que cette colombe était l’âme de la Mère B. Celle-ci lui apparut pour la remercier de son aide et lui expliquer pourquoi elle n’avait été que quelques heures au Purgatoire.
Quant à Josefa, la petite colombe va lui apparaître de nombreuses fois.
Le 22 décembre 1922, Jésus la fit reposer sur son Coeur et après lui avoir dit : « N’oublie pas que les âmes que Je choisis doivent être victimes [d’amour]. » Il lui montra une petite colombe très blanche, dont les ailes seules étaient grises ; elle les étendait comme si elle voulait s’approcher du Cœur de Jésus.
…
Quelque temps après, Josefa pria son doux Maître de lui expliquer ce que signifiait la petite colombe. Il répondit : « Tu ne t’es donc pas reconnue, Josefa ? C’est toi que Je purifie petit à petit dans le feu de mon Coeur. Ah ! Mais tu as encore beaucoup de taches, Josefa ! Combien tu dois travailler pour que tes ailes soient blanches. »
Et le 21 septembre 1923, Jésus lui dit : « Ma Josefa, Je viens te tranquilliser ; ne sais-tu pas que Je couvre ton âme de la pourpre précieuse de mon sang ? » (…) : « Ton âme est une petite colombe qui a son nid dans mon Coeur. Tes ailes sont encore bien grises à cause de tes nombreuses imperfections, mais non pour les fautes que le démon te reproche et dont tu n’es pas coupable. »…
Peu à peu, Jésus révéla à Josefa qu’elle ne connaîtrait pas l’année 1924. Forte de la promesse de Notre Seigneur qu’elle ira, dès sa mort, directement avec Lui au Paradis, le mois de décembre 1923 est donc le mois de ses derniers jours.
« Adieu, petite colombe grise » lui avait dit Notre Seigneur le 5 décembre en la quittant.
Au cours d’une journée de grandes souffrances, d’âme et de corps, Josefa vit en l’air dans sa chambre, une petite colombe très jolie, toute blanche, excepté une aile qui était grise et attachée. Malgré ses efforts elle ne pouvait voler que d’une aile. Josefa pensa que c’était celle qu’elle avait déjà vue le 22 décembre 1922. Le Seigneur lui avait bien dit que c’était son âme.
Lorsque Jésus revient vers Josefa, elle lui confie qu’elle serait bien contente de mourir le 12 de ce mois de décembre, parce que c’est la fête de Notre Dame de Guadalupe (si chère aux Hispaniques), l’anniversaire de naissance de la Bienheureuse Madeleine-Sophie Barat (1779) (fondatrice de la Société des religieuses du Sacré Cœur) et c’est aussi un Mercredi, jour consacré à saint Joseph, son Patron.
Jésus m’a répondu avec beaucoup de bonté : « Et, que ferons-nous de cette aile qui est encore si grise ? Josefa, tu dois te purifier dans l’amour. Vis abandonnée à mon amour et à ma bonté, sans autre désir que de faire ma volonté divine. »
(…) « Tu sais que Je t’aime ! Que désirer de plus, ma pauvre petite colombe ? »
« Josefa, laisse-Moi choisir l’heure. »
Le 10 décembre Jésus revient auprès de Josefa lui apprendre qu’il la prépare à son entrée dans la céleste Patrie … « Sera-ce le 12, Seigneur ? » « Si tu le veux, Je suis disposé à le faire, mais ne seras-tu pas assez généreuse, pour me donner quelques jours de plus dont J’ai besoin ? »
La Sainte Mère Fondatrice, Madeleine-Sophie Barat, revient près de Josefa pour lui apprendre qu’une grande allégresse va advenir le 12. « Est-ce que je vais mourir le 12 ? » murmure Josefa. « Non, mais Jésus viendra t’unir à Lui d’une manière plus étroite et pour l’éternité. » Elle fera sa profession religieuse et recevra l’Extrême-Onction. C’est Monseigneur l’évêque en personne qui lui remettra la croix et l’anneau, en présence de Jésus, de la Sainte Vierge et d’elle-même.
Après la touchante cérémonie, la Sainte Vierge et sainte Madeleine-Sophie disparaissent en lui laissant cet adieu :
« Toutes deux, nous viendrons te chercher pour aller au ciel ! »
Jésus reste avec Josefa dans un divin colloque.
Le 13 décembre il revient auprès de Josefa et lui dit avant de la quitter :
« Attends-Moi quelques jours encore, Josefa. » Et faisant allusion à la petite colombe :
« Il faut encore rompre les liens qui attachent son aile – dit-Il -mais elle est toute blanche maintenant ! »
Le 16 décembre 1923, Jésus apparaît à Josefa :
« Palomita mia ! (ma petite colombe), c’est mon Amour qui t’attache et t’emprisonne pour ton bien et pour celui de beaucoup d’âmes. Mais c’est l’Amour aussi qui t’enivrera bientôt de pures et célestes Douceurs. L’Amour te revêt de mes Mérites et il te fera goûter la béatitude des âmes pures.
« Oui, palomita amada, pendant ta vie, Je t’ai nourrie des petites fleurs agrestes, que Moi-même J’avais semées pour toi. Dans l’éternité, Je t’alimenterai des fleurs très pures qui embellissent le parterre des Vierges.
Adieu ! ce n’est pas pour longtemps que Je Me sépare de toi, car tu sais bien que Je trouve mes Délices dans ta petitesse. »
Et Jésus disparaît. C’est la dernière fois que Josefa le contemple ici-bas !
L’allégresse du ciel surpasse toutes les souffrances de Josefa qui baise sur son Crucifix cette Main de Jésus qui, dit-elle naïvement « tranchera les liens et libérera sans fin la palomita »
Devant ses Mères, Josefa laisse son âme s’épancher sans contrainte :
« Jésus m’attend…je suis prête à partir, je suis à la gare, sur le quai…Je sais où je vais…je ne crains rien, je ne désire rien…j’ai tout donné ! »
Puis se souvenant de la petite colombe, elle écrit au crayon ces « versitos » :
Pauvre petite colombe, elle a soif !
Mais son aile est liée et elle ne peut voler pour aller
boire à la source.
Jésus est si bon qu’Il est venu Lui-même ; Il a pris le
bec de la petite colombe et la petite colombe a bu
son sang…
Pauvre petite colombe ! elle ne peut voler et Jésus
lui a dit : Tu dois attendre ! »
Elle se conforme à ce que Jésus a dit.
Mais elle a peur que Jésus n’oublie
Et discrètement lui dit à l’oreille : « Venez, mon Jésus,
rompez les petites cordes.
Afin que la petite colombe s’envole aux vergers fleuris.
Venez la chercher ; elle Vous attend…
Au jour et à l’heure où Vous la détacherez,
Comme elle sera contente de pouvoir Vous suivre.
Tout à coup, ses yeux regardent vers le haut et suivent quelque chose :
« Pauvre petite colombe, dit-elle ; elle fait des efforts pour s’envoler, mais son aile est encore attachée par deux petites cordes : elle est toute blanche, sans aucune tache et sa petite croix toute resplendissante à son cou. »
La leçon de la colombe auprès de Sœur Josefa, a été une Manifestation merveilleuse de la progression de son âme vers la perfection.
Le 29 décembre 1923, en présence de la Sainte Vierge et Sainte Madeleine-Sophie, fidèles à leur promesse, l’âme de Josefa s’envole vers le Ciel.