J’ai tellement écrit au sujet de ce qui, hier, a rassemblé d’immenses foules, a constitué la plus importante manifestation depuis 1984 que je me sens le devoir, naturellement, de faire passer le maximum d’informations sur ce qui s’est passé et sur ce qu’il faudra faire dans les mois à venir ; en somme, poursuivre autrement le combat commencé.
Il me semble qu’il est normal pour un Président normal de ne pas empêcher que les informations relatives à la manifestation du 13 janvier 2013 parviennent dans leur exactitude aux principaux intéressés, ceux qui ont marché des heures et des heures juste, souvent après un long voyage, pour faire savoir à la France qu’ils sont stupéfaits que l’on veuille rendre la notion de mariage insignifiante en acceptant de la dénaturer, que l’on veuille permettre l’adoption d’enfants par deux hommes ou deux femmes, privant ces enfants soit d’une mère, soit d’un père. Or, il a été donné par la police des chiffres totalement irréalistes par la sous-estimation extravagante du nombre des marcheurs et totalement contestés par les organisateurs mais surtout par les participants parmi lesquels je me trouvais. Il me paraît déontologiquement d’accepter ce fait, qui laisse entrevoir une connivence évidente entre les policiers chargés de ce comptage et un gouvernement très intéressé de voir le peuple jeté sur ce point dans le doute. Personne en effet ne peut comprendre que l’on ait volontairement trompé les Français, alors que c’est justement le nombre réel de manifestants qui peut permettre à ces Français de juger en grande partie de la cause défendue.
L’article de Frédéric Aimard que je vais transmettre à un nombre significatif de personnes, article bien documenté, ce dont j’ai pu vérifier par moi-même les précisions, ayant interrogé des amis très compétents en la matière, permet cette appréciation quelle que soit l’opinion sur le projet susdit que chacun puisse avoir, favorable ou non. Mais il permet en outre de constater que l’opinion publique – dont il est fait soi-disant grand cas par les instances politiques – est en réalité méprisée par ses instances.
Oui, il est normal et sain, déterminant, de pouvoir donner un aperçu exact sur ce qui s’est déroulé hier par le chiffrage : lui seul permet d’évaluer la détermination et surtout la conviction des opposants qui, hier, ont fait savoir directement au Président de la République les raisons de leur refus absolu de voir voter cette loi. Cette fausse information à ce sujet est en elle-même une insulte directe lancée à chacun des marcheurs qui, déjà, se sentent agressés dans leurs convictions les plus intimes, par ce projet.
Les détails donnés par Frédéric Aimard ne le sont pas par la grande presse, dont on comprend à quel point elle est « petite » puisque se rendant complice de cette mauvaiseté : car les responsables de la France, le Président et son Premier ministre ne peuvent en aucune façon prétendre ne rien savoir de ce qui est révélé dans cet article : impensable en effet que les Services de Renseignements, que la Police, que la Gendarmerie n’aient pas fait connaître à leurs supérieurs comme à nos gouvernants de quoi il retournait. En outre, ils aident à comprendre pourquoi ce n’est qu’en toute fin de l’après-midi, vers 20 heures, que l’estimation la plus proche de la réalité restée « officieuse » s’est établie à environ à 1.300.000 manifestants.
Personnellement, je me suis trouvé sur l’Avenue Foch à 11 h 45 : elle commençait déjà à être fort achalandée, si j’ose comparer les manifestants que nous étions à des clients… J’ai constaté qu’elle était archi-bondée, de l’Arc de Triomphe à la Place Dauphine, avec des reliquats consistant au-delà même de l’Arc, à 12 h 42 selon ma montre… Cette Avenue est très large, bien plus longue que le Champ de Mars. À elle seule elle aurait pu remplir plus que la moitié de ce Champ… Mais, de la Place Maillot, selon le témoignage d’un ami qui s’y trouvait, elle était envahie par une foule immense qui, en esprit, aurait pu combler l’autre moitié. Je n’ai pas ici tenu compte des deux autres cortèges partis de Denfert-Rochereau et de la Place d’Italie. Je n’oublie pas de préciser que de nouveaux groupes continuaient à arriver sur cette avenue Foch tandis qu’il en était de même de la Place Maillot.
Dès lors, quelle signification donner aux réticences manifestées par les autorités officielles à tenir compte du vrai chiffrage ? Rester accroché à celui de 340.000 marcheurs émis par la police serait insultant pour la France du refus, la France qui résiste au mauvais coup que l’on veut porter à notre peuple. Se satisfaire des 800.000 annoncés vers 16 h 30 serait assimilable à une sorte d’invraisemblable compromis : personne n’a demandé à dialoguer ou à négocier comme des marchands de soupe. Le seul point qui vaille n’est autre que celui de la vérité.
Ne pas oublier que tout le long parcours de la Porte Maillot et Place Dauphine – en comptant bien entendu l’énorme réservoir de l’Avenue Foch encore très consistant –, était encore à parcourir jusqu’au Pont de l’Alma puis jusqu’au Champ de Mars : les tous derniers arrivants furent comptés vers 19 heures … J’ai quant à moi regardé de forts groupes parvenant en continu à ce fameux Champ depuis le Pont de l’Alma, un des trois points de chiffrage par clics, de 16 h 30 à 18 h 15 : c’était fort impressionnant, une sorte de fleuve humain… Et pendant qu’ils entraient, des grappes nombreuses quittaient la scène pour l’infinité des raisons de chacun.
Exténué, pourquoi ne pas le dire, mais ravi par cette journée de protestation déroulée dans le calme, la bonne humeur et la conviction, j’ai dû regagner mon car à destination d’Angers vers 18 h 40.
Monsieur Bartolone, président de l’Assemblé nationale, nous a tous traités de « ringards » parce que nous n’acceptons pas qu’on défigure la famille de l’actuel Code civil pour obéir aux désire minorité de minorité : tout le monde sait aujourd’hui que les couloirs « gays », assidus dans leur entreprise de détournement, sont loin de représenter l’ensemble de ceux qui revendiquent leur tendance à l’homosexualité. J’assume, quant à moi cette « ringardise » honorable : que ce Président nous insulte n’a aucun effet sur notre mental. Nous tenons à une institution certes vieille comme le monde et nous tenons à la respectabilité qui est la sienne de ce fait : cet acte civil a une importance que le « mariage-pour-tous » abaisserait à un niveau tel d’insignifiance qu’il ne vaudrait même pas le prix du papier que l’on dépenserait pour l’inscrire dans les registres.
Dominique Daguet
Pour aller plus loin :
- Soumission, Grand Orient et manifestation, Responsabilité
- Joindre le ciel à la terre
- L’adoption homosexuelle devant la Grande Chambre de la Cour européenne
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Le droit au mariage des personnes transsexuelles devant la Cour européenne