L’éblouissement : deux millions de jeunes, la nuit tombée, visage paisible irradié par une frêle petite flamme, regard rivé sur un seul, unique point, le même pour ces quelques quatre million d’yeux. Gigantesque météorite tombé du ciel sur notre terre ensanglantée. Rayon de gloire traversant les lourds nuages d’orage menaçant, pour se poser sur notre planète de toutes parts blessée.
A la colère menaçante : la lumière apaisante
Saisissant contraste : à la violence d’enfer pouvant surgir n’importe quand et où, répond une confiance d’enfants qui se savent partout et toujours aimés.
Ils sont là. Immobiles. En silence.
Genoux en terre, face vers le Ciel. Que font ils donc ? Ils prient. Ils intercèdent. Ils adorent. C’est à dire, ils aiment. C’est tout. Oui, Dieu se fait leur Tout.
Vision d’apocalypse ! Epiphanie du Royaume. ! Révélation du Ciel : de cette foule que nul ne peut dénombrer de toutes races, nations, peuples et langues, devant l’Agneau, dans l’éternelle jeunesse de Dieu ! Je ne crois plus au Ciel : je le vois, de mes yeux de chair. Je ne crois plus à la Résurrection : je la contemple. Tous orientés vers le Soleil qui se lèvera très tôt, très vite. Mon à venir, il m’est ouvert. Le futur est présent. L’Au delà est…là !
Bouleversant contraste : d’un coté un prêtre âgé, agneau immolé sur l’autel, eucharistie vivante. De l’autre deux millions de jeunes devant l’autel, adorant l’Agneau immolé en personne, et célébrant exactement la même Eucharistie qu’il a signée de son propre sang.
D’un côté une petite église de campagne, quasi déserte, de l’autre ces dizaine de km carrés noirs de jeunes.
Tout au long de la trop brève nuit, les tentes d’adoration en chaque carré sont pleines d’adorateurs à genoux : constellation nocturne ! Me revient le mot fulgurant de Benoit XVI : « Celui qui s’agenouille devant le Saint Sacrement ne peut pas, ne doit pas, s’agenouiller devant aucune puissance terrestre, aussi forte soit –elle. Qui est à genoux devant son Seigneur tient debout devant son persécuteur »
ANAMNÈSE D’UNE EPICLESE
Sur l’immense prairie du Błonia, me revient cette foule de deux millions, massés autour de Jean-Paul II lors de son tout 1er pèlerinage en sa terre natale. Nous sommes le 9 Juin 1979.Un grand nombre sont venus clandestinement des pays limitrophes, à travers les Tatras. Alors, comme pour une nouvelle confirmation des nations, il étend ses deux mains sur eux, invoquant l’Esprit de force et de liberté afin que s’ouvrent toutes les frontières, écho de son cri sur la place des victoires à Varsovie dès son arrivée : « Exclure le Christ de l’histoire de l’homme est un acte contre l’homme ! » Et trois jours plus tard à Czestochowa : « Etats et nations se construisent sur la loi de Dieu, sans elle, elles dans sa périssent ! » Coup de tonnerre que rien ni personne ne pourra étouffer. Panique à Moscou !
En fait, c’est l’épicentre du séisme qui va fissurer tout le système totalitaire communiste en Europe de l’Est. Effectivement juste 1O plus tard ce sera l’écroulement du mur de Berlin et le démantèlement du rideau de fer, cassant en deux notre continent.
Depuis de nouveaux murs de béton se sont construits en Occident : entre Dieu et la société, entre la nation et l’Eglise. Cette JMJ au même lieu , 37 ans plus tard, sera aussi l’épicentre d’un nouveau séisme fissurant toute la nouvelle idéologie totalitaire en train de déshumaniser l’humanité, prenant la relève du nazisme et du communisme, comme François ne cesse de la crier, en de saintes colères, et même ici à Cracovie avec les évêques.
Voici juste 25 ans – saisissant jubilé : la toute 1ère JMJ où-enfin ! enfin ! – les jeunes de l’Ouest et de l’Est pouvaient s’étreindre après 5O ans de séparation (depuis I939) Cette JMJ bouleversante marqué par le chant inoubliable tant aimé de Jean-Paul II : Abba- Père ! Le même mot araméen – secret d’amour de Jésus-pour tous, décliné ensuite chacun dans sa langue maternelle : du génie !
Or il avait alors crié :
« Jeunes de l’Ouest, soyez des lutteurs comme ceux qui ont témoigné à l’Est jusqu’au martyre. Voici venue votre heure.» (15 août 91). Ce qui veut dire à votre tour.
Et nous voilà en effet chez nous en pleine idéologie totalitaire christianophobe frisant la persécution « en gants blancs » (François). Il nous faut tout le courage des héroïques résistants de Pologne ou du Liban pour nous battre contre tout ce qui détruit la vie, l’amour, la sexualité, donc l’humanité en tant que telle.
Les derniers sermons pour la Nation du Père Jerzy Popiełusko résonnent avec une sidérante actualité en France aujourd’hui. 1
Puissent tous les JMJistes repartir avec ce même courage, cette « victoire sur la peur. Et la seule chose dont il faut avoir peur, c’est de trahir le Christ pour quelques deniers de calme éphémère. »
Et dans la même ligne que Popieluszko, le beau courage du Président de la Pologne, Andey Duda clamant à Gniezno voici deux mois : « La Pologne est et restera toujours fidèle à son héritage et patrimoine chrétien. Tel est son avenir » (A lire le texte entier, admirable !)
Flash que je n’oublierai jamais : lors d’une veillée d’Anuncio sur le pont d’un bateau, amarré à Krakow-beach, introduisant la procession du Corps de Jésus, les jeunes massés sur la rive, doigts en V ont scandé vigoureusement : « Je suis grand vainqueur ! Je suis im-mortel ! Je re-ssusciterai ! »
Telle est la new french génération : enthousiaste, ardente, courageuse, et donc joyeuse !
Comment ne pas en frémir d’allégresse 2 ?
Photos JL des JMJ :
https://photos.google.com/share/AF1QipMREzl_4eBApf1P0x_GDFdpPuHvDwnUIZXQ0563dQ02m6ayA2R10XI4XFWMmivcvQ?key=U0NmekVycW41ZnE3SHpvRXJwTHRRN3FaSnotby1B
- J’en ai cité les extraits les plus actuels dans mon Mai 13. Rébellion et dans : Eblouissante sexualité pourquoi te dynamiter ?
- Seul regret : aucun acte prophétique fort, comme l’aurait été : la canonisation de J. Popielusko, la proclamation de JP II comme docteur de l’Eglise, ou encore mieux pour une JMJ : la béatification de 12 jeunes de différents pays, pourtant sérieusement envisagée à un moment. Ou, à défaut au moins la canonisation de Chiara Luce et de Pier Giorgio Frassati, dont le corps était vénéré chez les Dominicains, en ce Cracovie où JP II l’avait proclamé : l’étudiant des 8 Béatitudes. De simples motu proprio comme François l’a fait pour d’autres suffisaient. C’eut été un acte plus percutant que toutes les belles homélies, et liturgies, prouvant qu’on peut être canonisable à 18-2O ans. Quelle super occasion manquée ! Vraiment trop triste ! Espérons pour Panama ! A Paris, le cardinal Lustiger avait obtenu la béatification d’Ozanam. Il avait saisi toute l’urgence de tels gestes prophétiques pour une jeunesse tellement frustrée de repères, de balises et donc de stars du futur, de prophètes de la Joie, de la Beauté, de la Lumière qui sont leur seul avenir.