Bien aimés, en vérité nous savons, que votre dévotion est si ardente que, en ce qui concerne le jeûne, qui précède la Pâque du Seigneur, beaucoup d’entre vous aurez anticipé nos exhortations. Mais parce que la bonne pratique de l’abstinence est nécessaire non seulement pour la mortification de la chair mais aussi pour la purification de l’esprit, nous désirons que votre observance soit si complète que, alors que vous bannissez les plaisirs appartenant à la convoitise de la chair, vous bannissiez aussi les erreurs qui proviennent de l’imagination du cœur.
Car ceux dont le cœur n’est pas pollué par l‘incrédulité se préparent, avec une purification franche et raisonnable, aux Fêtes Pascales dans lesquelles tous les mystères de notre religion se rencontrent. Car, comme l’Apôtre dit que « tout ce qui n’est pas de la foi, est péché », le jeûne sera sans profit et vain pour ceux que le père du mensonge détourne avec ses tromperies, et qui ne sont pas nourris par la vraie chair du Christ.
Aussi nous devons obéir de tout notre cœur aux commandements Divins et à la saine doctrine, aussi nous devons utiliser toute notre prévoyance pour nous abstenir d’imaginations mauvaises. Pour que l’esprit ne conserve alors qu’un jeûne saint et spirituel quand il rejette la nourriture de l’erreur et le poison du mensonge que notre ennemi rusé et malin nous fournit avec encore plus de tricherie maintenant, alors que, au moment même du retour de la vénérable Fête toute l’Église est généralement exhortée à comprendre les mystères de son salut.
Car celui qui n’est pas hésitant au sujet de Sa passion ni trompé à propos de sa nativité charnelle est le vrai confesseur et adorateur de la Résurrection du Christ. Car certains sont tellement honteux de l’Évangile de la Croix du Christ, au point d’annuler la punition qu’Il a subi pour la Rédemption du monde, qu’ils ont renié la véritable nature de la vraie chair dans le Seigneur, ne comprenant pas comment la parole impassible et immuable de Dieu pouvait, pour le Salut des hommes, avoir condescendu, par son pouvoir, à ne pas perdre ses propres propriétés, et, dans sa miséricorde, à prendre en lui les nôtres.
Et ainsi dans le Christ, il y a une double nature mais une seule personne, et le Fils de Dieu, qui est en même temps Fils de l’Homme, est un seul Seigneur, acceptant la condition d’esclave par la conception de la bonté de cœur, et non par la loi de la nécessité, parce que par Son pouvoir Il devint humble, par Son pouvoir passible, par Son pouvoir mortel ; que pour la destruction de la tyrannie du péché et de la mort, la faible nature en lui puisse être capable de châtiment, sans que la forte nature ne perde rien de sa gloire.
Et ainsi, bien-aimés, quand en lisant ou en écoutant l’Évangile vous trouvez dans notre Seigneur Jésus Christ certaines choses soumises à des blessures, et certaines choses illuminées par des miracles, de telle façon que dans la même personne, ici l’Humanité apparait, et là la Divinité brille, ne considérez pas ces choses comme une illusion, comme si dans le Christ il y ait soit seulement l’humanité ou seulement la Divinité, croyez fidèlement dans les deux, adorez les deux à la fois humblement ; de façon à ce que dans l’union de la Parole et de la chair il n’y ait aucune séparation, et que les preuves corporelles ne soient pas trompeuses, car les signes de divinité étaient évidents en Jésus.
Les attestations des deux natures en Lui sont véridiques et abondantes, et par la profondeur du dessein Divin tout concours à cette fin : que le Verbe inviolable ne soit pas séparé de la chair mortelle, la Divinité peut être comprise comme dans tout ce qui participe à la chair, et la chair avec la Divinité. Et, par conséquent, l’esprit Chrétien qui éviterait le mensonge et serait le disciple de la vérité, doit utiliser le récit évangélique avec confiance, et comme s’il était encore en compagnie des Apôtres eux-mêmes, distinguer ce qui a été fait visiblement par le Seigneur, par la compréhension spirituelle, et par les organes physiques de la vue.
Attribue à l’homme qu’II est né le fils d’une femme : attribue à Dieu que la virginité de sa mère n’a pas été blessée, ni par la conception ni par la grossesse. Reconnais « la forme d’un esclave » enveloppée de langes, couchée dans une mangeoire, mais reconnais que c’était la forme du Seigneur qui était annoncée par les anges, « proclamée par les éléments », adorée par les mages. Comprenez que c’est en raison de Son humanité qu’il n’a pas évité la fête des noces : confessez sa Divinité car il a transformé l’eau en vin. Laissez vos propres sentiments vous expliquer pourquoi Il a versé des larmes sur son ami mort : Faites que sa Divine puissance puisse se réaliser quand ce même ami, après la corruption de quatre jours dans le sépulcre, est ramené à la vie et est ramené à la vie et élevé par seulement le commandement de Sa voix.
Faire de la boue avec de la salive et de la terre était un travail matériel : mais avec cela oindre et guérir les yeux d’un aveugle est sans aucun doute une marque de la puissance qui avait été réservée pour la révélation de cette gloire qui n’avait pas été permise au début de Sa vie naturelle. Il est tout à fait humain de soulager la fatigue physique par le repos du sommeil : mais il est véritablement Divin de réprimer la violence des tempêtes Par une réprimande.
Procurer de la nourriture aux affamés dénote la bonté humaine et un esprit philanthropique : Mais satisfaire 5.000 hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec cinq pains et deux poissons, qui oserait nier que ce fût l’œuvre d’une Divinité ? une Divinité qui, par la coopération des fonctions de la vrai chair, s’est montré non seulement elle-même dans l’Humanité, mais aussi l’Humanité en elle-même ; car les anciennes blessures originelles de la nature humaine ne pouvaient être guéries, sauf par la Parole de Dieu prenant Elle-même chair dans le sein de la vierge, d’où dans une seule et même personne la chair et le Verbe coexistaient.
Frères bien aimés, cette foi dans l’Incarnation du Seigneur, , par laquelle toute l’Église est le corps du Christ, tient fermement avec un cœur solide et s’abstient de tous les mensonges des hérétiques, et souvenez-vous que vos œuvres de miséricorde ne profiteront seulement qu’à vous-mêmes, et que votre stricte continence ne portera des fruits que quand vos esprits ne sont pas souillés par quelques pensées d’opinions erronées.
Rejetez les arguments de la sagesse de ce monde, car Dieu les déteste, et personne ne peut atteindre par eux la connaissance de la vérité, et gardez votre esprit fixé sur ce que vous dites dans le Credo. Croyez que le Fils de Dieu est co-éternel avec le Père par Lequel toutes choses ont été faites, et sans lequel rien n’a été fait, aussi né selon la chair à la fin des temps. Croyez qu’Il a été crucifié dans son corps, mort, relevé, et élevé au-dessus des hauteurs des pouvoirs célestes, assis à la droite du Père, et reviendra dans le même corps dans lequel Il s’était élevé, pour juger les vivants et les morts.
Car c’est ceci que l’Apôtre proclame à tous les fidèles, en disant : « Pour être élevé avec le Christ cherchez les choses qui sont au-delà, là où le Christ est assis à la droite de Dieu. Fixez votre esprit sur les choses qui sont au-dessus, et non sur les choses qui sont sur cette terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Car quand le Christ apparaîtra, alors vous apparaitrez avec lui dans la gloire ».
Frères bien aimé, faisant alors confiance à une si grande promesse, soyez célestes, non seulement en espoir, mais aussi en conduite. Et bien que nos esprits doivent être tout le temps fixés sur la sainteté d’esprit et de corps, maintenant durant ces 40 jours de jeûne vous devez vous impliquer dans des œuvres encore plus actives de piété, non seulement dans la distribution d’aumônes, qui sont très efficaces pour attester votre réforme, mais aussi en pardonnant les offenses, et en étant miséricordieux pour ceux accusés de faire le mal, pour que cette condition que Dieu a mis entre Lui et nous, ne soit pas contre nous lorsque nous prions.
Car, lorsque nous disons, en accord avec l’enseignement du Seigneur, « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé » nous devrions, avec tout notre cœur, faire ce que nous disons. Car seulement ce que nous demandons dans la clause suivante arrivera, que nous ne soyons pas induits en tentation, et soyons délivrés du mal, par notre Seigneur Jésus Christ, qui avec le Père et le Saint Esprit vit et règne pour les siècles des siècles. Amen
—
À propos de Léon le Grand
Le Pape Léon 1er, Docteur de l’Église, était né en Toscane en l’an 400. Il devint Pape à 40 ans et a régné pendant 21 ans. Durant sa papauté, il a été confronté à plusieurs hérésies et à Attila le Hun. Il a contribué de façon importante à la centralisation de l’autorité spirituelle dans l’Église et à réaffirmer l’autorité papale.
—