Michel Onfray provoque, Michel Onfray divise. Et sans doute se plaît-il à dérouter ses lecteurs – ceux qui l’encensent, comme ceux qui raillent volontiers son aplomb. On ne peut qu’approuver sa condamnation de « l’islamo-gauchisme », du « néo-féminisme » et de tant d’idéologies qui visent à saper les fondements chrétiens de la civilisation européenne : « Ce qui triomphe aujourd’hui, c’est la négation, la célébration nihiliste du nihilisme », constate-t-il – autrement dit la « culture de l’effacement » qui, en privant l’homme de sa mémoire et de son histoire, ouvre une autoroute au transhumanisme : « Le XXIe siècle sera celui de la réification, c’est-à-dire celui de la transformation de tout en chose et en objet afin que tout puisse se vendre, se louer, s’échanger », prévient-il, en soulignant que « la gestation pour autrui, la location de l’utérus, la vente d’enfants, l’achat des ovocytes » s’inscrivent logiquement dans la continuité des législations « antichrétiennes » sur la contraception et sur l’avortement (Le Figaro, 14 octobre 2022).
Égarement
On lui sait gré aussi de pourfendre avec talent les renoncements de nos « élites » qui, par faiblesse ou par conviction, s’accommodent de ce déracinement jusqu’à solder la souveraineté de la France et le patrimoine des Français : c’est l’objet de L’art d’être français – dont la couverture représente un village dominé par son clocher – et la ligne éditoriale de la revue trimestrielle qu’il a fondée, Front populaire. On lira donc avec profit le portrait, d’une belle charité chrétienne, que lui consacre le Père Jean-François Thomas.
Mais, parce qu’on lui sait gré de sa lucidité politique, on ne peut que s’attrister que Michel Onfray continue de propager des thèses si mal étayées qu’il s’expose au discrédit. Selon lui, Jésus n’a jamais existé : il ne serait qu’un « être de fiction », un concept résumant les croyances de l’époque. C’est ce qu’il prétend démontrer dans son nouveau livre, Théorie de Jésus (Bouquins). Et l’on remerciera notre chroniqueur Frédéric Guillaud, philosophe, auteur d’un livre plus que jamais nécessaire, Et si c’était vrai ? (Marie de Nazareth, 2023), de démonter méthodiquement cette affirmation, brique par brique.
De Renan au « Da Vinci Code »…
Bien d’autres, avant notre philosophe, se sont « attaqués » à Jésus. Certains très malhabiles : on se rappelle certaines « biographies » d’un journaliste aujourd’hui décédé, Jésus, ou encore Marie, mère de Jésus, si peu fiables que la Commission doctrinale des évêques de France avait à l’époque publié une mise en garde contre ce dernier ouvrage qui, revêtant l’apparence de la « théologie scientifique », pouvait « troubler la foi de beaucoup »…
