Jésus, Père et Mère - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Jésus, Père et Mère

Solitaire et cloîtrée, sainte Julienne vivait à Norwich, centre spirituel et culturel très vivant au XIVe siècle. Avec une grande précision théologique, elle insiste sur la tendresse de Dieu pour l'homme, car « Dieu est notre Mère aussi véritablement qu'il est notre Père. »
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Sainte Julian de Norwich. Cathédrale de Norwich, à l'est de l'Angleterre.

Sainte Julian de Norwich. Cathédrale de Norwich, à l'est de l'Angleterre.

Poliphilo, domaine public

Il y a là une dimension trop oubliée de la spiritualité chrétienne, propre à adoucir l’image souvent sévère que nous avons de la dévotion médiévale tardive. Jésus est notre « mère », parce que toute la vie chrétienne est à comprendre comme l’enfantement de l’homme nouveau, engendré en nous par l’Esprit Saint. Dieu y met un soin jaloux, car il n’a rien d’aussi précieux que ses enfants. Julienne met toujours l’accent sur sa douceur en cela : il déroule le chemin devant nous au fur et à mesure qu’il nous fait avancer, il nous « met à l’aise », nous épargnant toute lutte, sinon tout effort, nous donnant lui-même la science et l’amour dont nous le connaîtrons et aimerons.

La clef de la vie spirituelle

« Il faut que nous tombions pour connaître notre faiblesse » : la honte est née avec l’orgueil du péché. Elle oublie que Dieu ne nous reproche jamais rien, trop occupé qu’il est à nous sauver : admettre une chose aussi simple est une clef de la vie spirituelle. Il ne se soucie que de nous relever et nous consoler quand nous tombons, si bien que nous ne pouvons nous empêcher d’aimer un père si maternel !

Car il veut que nous n’avancions que par amour. Et plus la chute est grave, plus son amour se révèle : alors, au lieu de nous désoler, réjouissons-nous de tant d’amour « qui ne peut ni ne veut en rien être brisé par l’offense. »

« Dieu n’a rien d’autre à faire ni à penser que de sauver son enfant. » C’est à nous que le péché fait du mal, pas à Dieu ! Ou plutôt, c’est parce qu’il nous fait du mal qu’il offense Dieu. Dès lors, précipitons-nous vers lui en cas de chute : sa miséricorde est un torrent de douceur, son cœur transpercé un refuge, et la seule chose qui le désolerait serait que nous ayons peur de Lui. Même si nous étions les plus grands pécheurs du monde, Jésus n’aura jamais honte de nous.

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Julienne de Norwich, Le livre des révélations, Paris, Cerf, 1992.