Jeanne d'Arc : une fête nationale oubliée - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Jeanne d’Arc : une fête nationale oubliée

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À Bordeaux et ailleurs, on a beaucoup parlé, comme chaque année depuis sa création il y a trois ans, de la célébration officielle, le 10 mai, des « mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions » ; elle s’inscrit dans le prolongement de la loi Taubira adoptée en 2001, selon laquelle la traite et l’esclavage dans l’Atlantique et dans l’océan Indien « constituent un crime contre l’humanité ». En revanche, on semble oublier que, le même jour, aurait dû être solennisée une véritable fête nationale, celle de Jeanne d’Arc.

En effet, le 14 juillet 1920, le Journal officiel de la République française publiait une loi en trois points :

« Article premier. — La République française célèbre annuellement la fête de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme.
« Article 2. — Cette fête a lieu le deuxième dimanche de mai. 
« Article 3. — Il sera élevé, en l’honneur de Jeanne d’Arc, sur la place de Rouen où elle a été brûlée vive, un monument avec cette inscription : à Jeanne d’Arc le peuple français reconnaissant. »
Promulgué par le chef de l’État quatre jours plus tôt, le texte précisait : « la présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’État ».

Parallèlement à cette décision de la République, l’Église catholique s’était engagée dans la voie de la plus grande mise en valeur qui soit de la petite Lorraine. En 1894, Léon XIII l’avait déclarée vénérable et elle fut officiellement béatifiée en 1909 par Pie X avant d’être canonisée le 16 mai 1920 dans un geste qui se voulait une ouverture vers la France — avec laquelle des liens normaux étaient en train de se rétablir, quinze ans après la rupture des relations diplomatiques et la séparation de l’Église et de l’État. Mieux : Benoît XV arrêta que la fête liturgique, précédemment fixée au 30 mai (Jeanne a été brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431), verrait sa solennité transférée au second dimanche de mai « afin d’assurer la coïncidence de la solennité religieuse avec la fête civique ».

Au moment de la béatification, certains groupes nationalistes avaient pris l’habitude d’aller place des Pyramides honorer la statue de Jeanne d’Arc. C’est ce qu’on a appelé le « cortège traditionnel », dont on a fêté cette année le centenaire. En 1983, le Front national a décidé de s’en séparer pour montrer sa force propre — l’organisant même, à dater de 1988, le 1er mai, tandis que les associations traditionnelles maintenaient le défilé du deuxième dimanche de mai.

En province, à l’exception de certaines villes comme à Orléans, Compiègne, Rouen ou d’autres plus petites qui furent sur le chemin de Jeanne, les fêtes johanniques civiles ont quasiment disparu.

A noter que le diocèse de Rouen organise chaque année pour les fêtes de Jeanne d’Arc, une disputatio (cette année M. Audouze, astrophysicien « affrontait » le Père Magnin sur le thème « l’Univers a-t-il un sens » ?) et un panégyrique de Jeanne d’Arc (cette année par Mgr Bruguès).

Mais l’Église de France ne célèbre plus cette solennité et il ne reste, au Missel des dimanche (éd. Bayard-Centurion, Mame…) que la date du 30 mai, consacrée à « sainte Jeanne d’Arc, vierge », sans mention du patronage secondaire sur la France proclamé en 1922 par Pie XI.

Jean-Gabriel Delacour © Acip

Centre spirituel de Domrémy http://saint-deodat.cef.fr/Une-histoire.html