Jean XXIII et Jean-Paul II canonisés - France Catholique
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Jean XXIII et Jean-Paul II canonisés

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Le pape François a donc confirmé la canonisation de ses deux prédécesseurs, Jean XXIII et Jean-Paul II, pour le 27 avril de l’année prochaine, qui sera le dimanche de la Miséricorde institué par le second. D’ores et déjà, l’association de ces deux figures majeures de l’Église contemporaine donne lieu à des gloses et des commentaires assez idéologiques. Selon la BBC, Jean-Paul II serait le favori des conservateurs tandis que Jean XXIII serait largement admiré par l’aile progressiste de l’Église. L’association des deux figures apparaîtrait ainsi « comme une volonté d’unifier les catholiques ». Ce calcul « politique » prêté à François correspond-il si évidemment à son intention ? On peut en douter, car si les catégories employées sont sans doute d’un usage commode, elles n’en rendent pas compte pour autant de la personnalité et de l’œuvre d’Angelo Roncalli et de Karol Wojtyla.

Il est vrai qu’il y a une légende (et même un mythe) Jean XXIII, qui ne correspond guère à la réalité singulière de cet homme si attaché aux traditions et que son enracinement paysan rendait insensible aux projections utopiques. Si certains lui ont reproché l’ouverture hâtive du Concile Vatican II et lui ont attribué la responsabilité de la crise qui a suivi, c’est qu’ils se sont mépris sur sa volonté profonde. Son but n’était sûrement pas de provoquer une rupture, il était d’offrir au monde du XXe siècle la possibilité d’accéder aux richesses du christianisme, ainsi qu’il le déclara sur le moment. Jean-Paul II, loin d’orienter son propre pontificat en déni de l’intention du pape qu’il béatifierait, n’a jamais pensé que développer et appliquer l’enseignement de Vatican II, avec un prodigieux dynamisme missionnaire.

Plutôt que d’entretenir des rhétoriques un peu usées, il conviendrait de pratiquer une anamnèse sérieuse de l’histoire récente de l’Église, en montrant que Vatican II s’est inscrit dans la Tradition organique de l’Église, afin d’approfondir la foi, la rendre plus expressive auprès des hommes et des femmes de l’âge nouveau qui s’ouvrait. Ainsi que l’a montré Benoît XVI dans une intervention célèbre, seule l’herméneutique de la continuité permet de comprendre les grandes constitutions conciliaires, tout en projetant les grands chantiers de l’évangélisation moderne. Certes, les hommes ne sont pas, heureusement, fabriqués dans le même moule, mais il est plus fécond de saisir la cohérence de l’histoire commune que d’attiser des oppositions souvent factices. Quel symbole que ce dimanche de la Miséricorde choisi pour les deux canonisations ! François montre ainsi sa communion profonde avec Jean-Paul II qui prêcha sans cesse un Dieu « riche en miséricorde ».