Jean XXIII et Jean-Paul II bientôt proclamés saints
Jean XXIII et Jean-Paul II bientôt proclamés saints
par Denis Lensel
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Le Pape François a annoncé hier que ses prédécesseurs Jean XXIII et Jean-Paul II seront officiellement proclamés saints le 27 avril prochain, pendant les fêtes de Pâques. Cette double célébration vient couronner deux grands acteurs d’une période charnière de l’Eglise, du concile Vatican II à l’entrée dans le Troisième millénaire. Malgré les défis redoutables d’un monde oscillant entre l’athéisme et diverses formes de néo-paganisme, les Papes Jean XXIII et Jean-Paul II ont dirigé la Barque de Pierre vers le cap de l’Espérance, dans un esprit alliant fidélité et ouverture. Fidélité à la Foi de l’Evangile et ouverture à une humanité en quête de vérité et de bonheur durable.
Après avoir sauvé la vie de milliers de Juifs comme nonce apostolique à Istanbul pendant la guerre – en concertation avec Pie XII – puis après avoir contribué à la réconciliation de la société française d’après 1945, devenu « le Bon Pape Jean » en 1958, Giuseppe Roncalli, issu d’une famille paysanne très pauvre, a été un grand artisan de paix : il fut un des interlocuteurs des Etats-Unis et de l’URSS à l’heure tragique de la crise des fusées de Cuba où le monde frôla la guerre nucléaire, en 1962, l’année même de l’ouverture du concile œcuménique Vatican II. De ce concile, il a voulu faire une entreprise de renouveau de l’Eglise ainsi qu’une démarche de rapprochement fraternel avec les chrétiens des autres confessions, protestants comme orthodoxes. Son successeur Paul VI a poursuivi cette œuvre, malgré la crise de civilisation qui frappait l’Occident.
En 1978, venu de la Pologne résistant à l’athéisme marxiste, Jean-Paul II a insufflé un regain de vitalité spirituelle à l’Eglise en sillonnant le monde entier, en particulier par le lancement des Journées mondiales de la Jeunesse devenues une tradition perpétuée d’un continent à l’autre. S’il a fortement contribué au renversement du communisme, il a également dénoncé le matérialisme pratique occidental et sa « Culture de mort », en se faisant l’avocat tant des plus vulnérables que des plus pauvres. Et à la fin de sa vie, il a consacré ses dernières forces à un effort sans précédent de rapprochement avec le monde orthodoxe post-communiste, par ses ultimes voyages en Roumanie, en Grèce, en Ukraine et en Bulgarie, ainsi que dans l’ex-Goulag du Kazakhstan. Comme Jean XXIII, Jean-Paul II a été un artisan de paix. Un artiste italien converti à la lecture de son encyclique Fides et Ratio, Spatola, a fait de lui une magnifique sculpture (voir la photo ci-jointe), triptyque le représentant comme un marcheur épuisé mais héroïque à la fin de son périple d’apôtre, entouré et encouragé par le Christ et par Marie.