Qu’ajouterais-je à la polémique à propos des caricatures de Charlie Hebdo ? Rien d’original. Nous autres journalistes pouvons disposer de notre liberté d’expression, mais nous n’avons pas à dédaigner les conséquences de nos provocations, quand la colère est dans la rue et qu’il n’est guère responsable d’ajouter au ressentiment. Je reviendrai donc sur l’autre sujet d’actualité tenace que je ne lâcherai pas, car il serait aussi irresponsable de ne pas expliquer pourquoi, en matière de mariage, on ne peut faire n’importe quoi. Le désaccord que j’exprime n’a évidemment aucun caractère de mépris ou de haine à l’égard des personnes à orientation homosexuelle. D’ailleurs, on ne fait pas suffisamment attention au fait que beaucoup d’entre elles, et de plus en plus, tiennent à exprimer leur désaccord à l’égard du projet gouvernemental. Ne sont-elles pas en situation de comprendre mieux que d’autres en quoi il y a méprise grave à vouloir transférer la réalité et la symbolique de l’union de l’homme et de la femme dans un cadre qui relève d’une toute autre essence ?
C’est une des raisons pour lesquelles il faut être singulièrement délicat et prévenant à l’égard de ces personnes. De ce point de vue, je ne résiste pas à l’envie de reprendre une petite histoire que j’ai trouvée sur un site sous la signature d’un étudiant de sciences po, Pierre Jovanovic. Cette histoire, elle a d’abord été rapportée par ce merveilleux photographe de Jean-Paul II, qui s’appelle Arturo Mari *, et qui en avait été le témoin.
« Alors que nous entrions dans la nonciature de Washington – cela se déroulait lors d’un voyage au États-Unis en 1979 – il y avait devant l’édifice un groupe d’homosexuels qui protestaient contre le pape. Le Saint-Père au départ n’avait pas compris ce qui se passait, et donc, en entrant, il m’a demandé : « »Que se passe-t-il ? » « Une manifestation » lui ai-je répondu. « Qui sont-ils ? » « Ce sont des homosexuels, Votre Sainteté » « Et combien sont-ils ? » « Cinq cents » « Et nous combien sommes-nous ? » Et il a commencé à compter en pointant du doigt : « Un, deux, trois, quatre, cinq… C’est bon, on peut y aller. » Il est repassé par la porte, s’est approché des manifestants, les a salués et s’est mis à parler avec certains d’entre eux. Et les sifflements se sont transformés en applaudissements. Il n’avait peur de rien. Il disait : « Ouvrez les portes au Christ » et il allait lui-même les ouvrir de ses propres mains. »
C’est tellement lui ! C’est tellement Jean-Paul II le Bienheureux ! Il nous a montré la voie, et dans la rude confrontation qui a commencé, il faut y aller comme lui, sans avoir peur d’ouvrir les portes.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 20 septembre 2012.
* Arturo Mari (avec Bertrand Lemaire) : Jean-Paul II, mon Pape, éd. Téqui, 144 pages, 19,90 e.
Pour aller plus loin :
- Charlie - Que penser ? Que dire ? 3/3
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