Jean-Paul Gourevitch est expert en questions difficiles, en questions qui fâchent. Celle de l’immigration est évidemment une des plus sensibles. On en parle tous les jours, on se dispute sur elle sans cesse, et encore aujourd’hui à propos du renvoi de plusieurs Afghans dans leur pays d’origine.
Il me semble que lui, au moins, apporte un peu de sagesse dans nos débats, parce qu’il les aborde avec une connaissance approfondie du terrain et des personnes en cause. Ainsi, lors de ses fréquents voyages en Afrique, notamment en Afrique subsaharienne, il a enquêté sur les motifs personnels de ceux qui étaient candidats au départ. Il s’est occupé également des coûts de l’immigration, qui ne concernent pas seulement les pays d’accueil comme le nôtre mais aussi les pays d’origine. Car ces derniers, à se priver d’une partie de leur population, jeune, entreprenante, ne sort pas forcément gagnants en ce qui concerne leur propre développement. Ne sommes-nous pas dans une situation paradoxale? L’Europe a besoin d’un apport de travailleurs étrangers, ne serait-ce que pour compenser un déficit démographique qui, en certains pays, prend une ampleur alarmante. Je songe notamment à l’Allemagne. C’est à un point tel que certains pensent que le recours à l’immigration ne va cesser de croître pour des raisons strictement économiques. Le paradoxe – ou l’un des paradoxes – c’est que cet appel aux travailleurs étrangers se complique d’un sentiment croissant de crainte à leur égard. Dans beaucoup de pays européens, de nouvelles formations politiques sont apparues ces dernières années pour contrer le phénomène d’immigration et dénoncer la menace d’un islamisme conquérant. Même les Pays-Bas s’y sont mis et la récente votation des Suisses contre la construction des minarets a bouleversé toute l’Europe, en révélant une opposition grandissante entre les populations et ce qu’il est convenu d’appeler les élites. Chaque jour, chez nous, entraîne un nouvel incident. On suit les politiques à la trace pour relever leurs dérapages verbaux, les stigmatiser à l’enseigne de l’anti-racisme. La dernière en date à être désignée est Mme Morano qui voudrait que les jeunes des quartiers renoncent au verlan et remettent leur casquette dans le bon sens. J’ai parfois l’impression que c’est devenu un jeu et que les indignations convenues répondent aux provocations ciblées.
C’est pourquoi les connaissances précises et la sagesse d’un Jean-Paul Gourevitch nous sont précieuses. N’y aurait-il pas lieu de dépassionner ces discussions – mais est ce possible ? – en revenant aux réalités de base et en s’intéressant aux difficultés des uns et des autres? Je suis très sensible à ce qu’il nous dit de l’Afrique et du coût pour les pays d’origine du départ de leurs meilleurs éléments. N’est-ce pas principalement à partir de là qu’on devrait réfléchir à frais nouveaux, en approfondissant les négociations entre pays de départ et d’arrivée ? N’y aurait-il pas lieu aussi de prendre à bras le corps la question des trafics à haute échelle qui prennent en otage des dizaines de milliers de jeunes gens qui payent (ou dont les familles payent) des sommes considérables pour parvenir à un eldorado improbable. Tous n’y gagneraient-ils pas en humanisant les données du plus grand phénomène humain de notre temps ?
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