Jean-Marc Rouillan et Olivier Besancenot - France Catholique
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Jean-Marc Rouillan et Olivier Besancenot

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En adhérant au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, sans regretter ses crimes de l’époque d’Action Directe, Jean-Marc Rouillan a déchaîné la polémique.

Les ingrédients, d’une bombe médiatique étaient là. Il y avait la veuve en colère, Françoise Besse, dont le mari, Georges, alors PDG de Renault, a été assassiné le 19 novembre 1986 à Paris. Il y avait son assassin, Jean-Marc Rouillan, qui bénéficiait depuis peu d’une liberté partielle après avoir purgé dix-huit ans de réclusion, pour ce meurtre, ainsi que pour celui de René Audran, ingénieur général de l’armement abattu en 1985. Sans remords. L’ancien d’Action Directe passait encore la nuit en prison, mais le jour il faisait de la politique.

À Marseille, le 7 juin dernier, en effet, il rencontrait Olivier Besancenot pour s’engager dans les groupes de lancement de son nouveau parti. Il aurait prévenu le facteur : « Mon adhésion risque de poser un problème sur le plan poli-tique ». C’est ce que Rouillan a confié à l’Express, précisant que Besancenot « sait que ça va être un très gros bordel ». Mais le jeune leader lui aurait répondu être « prêt à assumer ». Cette adhésion au NPA provoque déjà un pataquès interne à la nébuleuse trotskiste. Même si la LCR, à l’origine du NPA, a toujours contesté les conditions de détention des « prisonniers politiques », elle n’a jamais cautionné le terrorisme d’Action Directe. Entre ces factions extrémistes, les désaccords furent cinglants. Jean-Marc Rouillan se réjouit d’ailleurs d’apporter au NPA une « saine pagaille » avec ce qu’il nomme « les contradictions » qui vont « faire vivre politiquement » le nouveau parti.

Derrière la figure angélique du facteur de Neuilly, plane désormais l’ombre d’une idéologie que beaucoup d’électeurs des Laguiller et autres Krivine n’ont pas voulu discerner. La vie d’un grand patron semble ne pas peser grand-chose face à ceux qui continuent de vouloir « détruire la société actuelle pour en créer une autre », selon l’expression de Besancenot lui-même. Certes ce dernier récuse l’intention de promouvoir la « guérilla à travers la France », mais son nouvel adhérent se dit toujours « communiste insurrectionnel, même si ça me fait mal voir ». Au point qu’il a dû retourner en prison à plein temps, à la demande du Parquet. Car il n’avait pas le droit d’évoquer ses crimes, surtout pour les « assumer ». L’idée qu’on lui coupe le sifflet horrifie le révolutionnaire dont la parole reste l’arme ultime.

Besancenot sera-t-il la victime politique de cette affaire dont la gauche dite « institutionnelle » serait la grande gagnante ? Le facteur de Neuilly a accueilli un terroriste non repenti avec une étonnante justification : « Le passé est le passé. Françoise Besse a des comptes à régler avec Action Directe. Je regrette qu’elle les transfère sur moi ».

En fait de comptes à régler, protestent les commentateurs, il s’agit d’un assassinat dont l’auteur s’affirme « convaincu que la lutte armée reste né-cessaire à un moment du processus révolutionnaire ». Quand Eric Mettout, de l’Express, croit devoir défendre la publication de ces propos en évoquant – entre autres – « les Sans-culottes de la Révolution française », on imagine soudain un gouvernement où la gentille Arlette et le bon Olivier voudraient régler leurs comptes aux dangereux capitalistes…

Signe qui ne trompe pas, le Parti Socialiste ose contre-attaquer cette extrême gauche qui le tétanise (l’été dernier le nom de Besancenot apparaissait dans un sondage comme « meilleur opposant » à Nicolas Sarkozy, devant Bertrand Delanoë et Ségolène Royal). François Hollande demande « une condamnation claire et définitive » de Jean-Marc Rouillan par Olivier Besancenot qu’il incite à « se débarrasser de cet adhérent vraiment encombrant ». Débarrasser ? Verbe involontairement emprunté à la terminologie terroriste.

Il reste une hypothèse : l’agitation pourrait-elle doper la notoriété d’un NPA rassemblant derrière lui le vote protestataire de nombreux Fran-çais écœurés par la crise financière ? L’Histoire nous a montré un peuple prompt à embrasser la fièvre révolutionnaire sans être trop regardant sur le meurtre des boucs-émissaires. On sait que toute idéologie peut aveugler au point de dénier à ses adversaires le statut de personne humaine, digne de respect. Il y aura toujours de bonnes-âmes pour applaudir ou fermer les yeux. À quand le respect de toute vie humaine comme préalable reconnu au débat démocratique ?