En conclusion de la Conférence nationale contre la pauvreté, le Premier ministre a présenté une série de mesures pour venir en aide à nos compatriotes les plus défavorisés. Je n’en ferai pas l’analyse ici. Simplement, la revalorisation de ce qu’on appelle les minima sociaux correspond à une évolution alarmante de notre société vers plus de précarisation, avec la multiplication des situations extrêmes que constatent aussi bien les autorités publiques que les associations de terrain. Par exemple, les Restaurants du cœur enregistrent partout une hausse de fréquentation, avec l’apparition de nouvelles catégories qui n’ont plus les moyens de se nourrir. Et puis il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Par exemple, les Petits frères des pauvres visitent des personnes âgées dont la condition s’est dégradée et qui ne peuvent plus payer leur facture de gaz et d’électricité.
Les associations chrétiennes n’ont pas d’autre discours que les non confessionnelles. Elles font face à la même nécessité. Il est superflu de faire la relation entre le phénomène de la pauvreté et la crise économique. Elle est évidente. L’autre soir, j’ai sursauté devant mon poste de télévision, lorsque j’ai entendu une de mes collègues journaliste déclarer qu’on n’avait pas le courage de dire la vérité aux Français, qui devraient se résigner à voir baisser leur niveau de vie d’au moins 10%. Mais, chère madame, la baisse dont vous parlez au futur a déjà eu lieu ! Dans quel monde vivez-vous pour ignorer que la plus grande partie des familles française ont à gérer, depuis plusieurs années, des budgets de plus en plus resserrés ? Et si vous annoncez encore la dégradation du niveau de vie, elle s’ajoutera à celle qui a déjà eu lieu.
Comment agir contre la pauvreté, j’entends déjà les réactions hostiles aux propositions de Jean-Marc Ayrault. Des dépenses sociales supplémentaires ne feraient, dit-on, que peser encore plus sur l’endettement du pays. C’est une discussion d’économistes que je n’aurai pas le culot d’arbitrer. D’évidence, c’est la prospérité économique qui permettrait de lutter avec le plus d’efficacité contre les précarités. Mais en situation d’urgence, je ne vois pas comment éviter des moyens exceptionnels d’entraide. En langage évangélique, c’est toujours la charité, au sens le plus fort du terme, qui doit nous engager à la solidarité.