Jean-Louis Debré : Petits règlements de comptes - France Catholique
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Jean-Louis Debré : Petits règlements de comptes

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Les fils de Michel Debré, Bernard, le médecin, et Jean-Louis, le juge, qui ont chacun fait de belles carrières politiques, sont des « grandes gueules », prêts à tuer père et mère pour un bon mot à la télévision. On comprend combien le second a dû souffrir durant les neuf années où il a été président du Conseil constitutionnel et où il s’est imposé un certain devoir de réserve. Du coup, il s’est épanché dans son cher Journal… au jour le jour. Et, à peine remplacé à cette haute fonction par Laurent Fabius, le voilà qui publie une sélection de ses vacheries favorites pour tout le petit monde politique qu’il fréquente depuis sa tendre enfance.

Heureusement, on en reste au superficiel. Par exemple, que Rachida Dati ait eu un comportement d’enfant gâtée quand elle était ministre de la Justice, on s’en doute un peu. Les compliments à l’égard de Christiane Taubira, qui a occupé le même poste, surprennent un peu plus, sauf quand on se rend compte que Jean-Louis Debré, sur l’affaire du Mariage pour tous, est un parfait bobo. Et puis ce qui compte pour lui, c’est qu’on lui fasse bonne figure, comme l’aimable François Hollande par exemple. Le principal reproche fait à un Giscard, un Villepin, un Juppé et à tant d’autres, c’est d’être des prétentieux qui ne savent que faire leur autopromotion. Il n’y a pourtant pas besoin d’avoir fait des études de psychomorphologie pour décrypter la photo de Jean-Louis sur la couverture de son livre et en déduire qu’il ne souffre pas trop d’un manque de confiance en lui-même. À en croire ses confidences d’ailleurs, avant lui, le Conseil constitutionnel n’était pas géré, et après lui, on peut se demander s’il le sera…

Ses révélations, discrètes, commencent par une histoire de voiture de fonction rachetée pour un euro à la fin d’un leasing par un ancien membre qui, en plus, ne paye pas ses PV de stationnement. Manque de chance, le jour même de la sortie de son livre, on apprend que Jean-Louis – celui qui dans tout le livre circule à Vélib’ autour du Palais-Royal où il a le privilège d’être logé – a essayé, il y a quelques jours, vers la place de la République, d’impressionner un policier en se présentant comme un « ancien de la Maison » (il a été ministre de l’Intérieur) alors qu’il conduisait de manière fantaisiste une voiture du service de protection des personnalités qu’on lui avait prêtée sans lui en donner les papiers… Hum !

C’est sûr qu’il y a pire. Bernadette Chirac qui fait réclamer par Sarkozy le paiement de l’indemnité de son mari comme membre de droit du Conseil constitutionnel, alors que, poursuivi en justice, Jacques Chirac a envoyé une lettre pour y suspendre sa participation. Bernadette est systématiquement présentée sous un jour défavorable. Et puis Jean-François Copé, l’affaire Bygmalion et le dépassement des frais de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. C’est finalement le seul intérêt fondamental du livre où l’on comprend que ce n’est pas la première campagne présidentielle qui a donné lieu à des dérapages financiers à droite. Mais, en l’occurrence, on peut dire que Nicolas Sarkozy a manqué de mesure et de chance, alors que son rival heureux de gauche aurait tout aussi bien pu voir ses comptes retoqués si l’organisation juridique du contrôle avait été différente. Pour le coup, le livre ne laisse pas beaucoup de chances au candidat Sarkozy d’aller au bout d’une future présidentielle. C’était sans doute le but principal de ces révélations.

Pour le reste, malgré les pages plus sensibles sur la maladie de Chirac, ou des côtés a priori sympathiques mais à vérifier (le mépris des décorations), on a affaire à un texte qui ne vole pas haut et dont l’auteur aurait pu reporter la publication à beaucoup plus tard, voire le garder pour lui-même. La Littérature n’y aurait rien perdu et l’Histoire pas grand-chose.

Jean-Louis Debré, Ce que je ne pouvais pas dire, Robert-Laffont, 360 pages, 21 euros.


http://www.francetvinfo.fr/politique/tout-cela-est-absurde-la-reponse-de-jean-louis-debre-accuse-d-avoir-force-un-barrage-policier_1421773.html