Jean d'Orléans à Radio Notre-Dame - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Jean d’Orléans à Radio Notre-Dame

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Écouter l’éditorial : Le Prince, que Radio Notre Dame reçoit aujourd’hui, se veut, je dirais de toute son âme, prince chrétien. Cela est dû bien sûr à son baptême, à sa confirmation, qui l’ont constitué dans tout son être enfant de Dieu, frère en Christ. Mais il y a aussi dans cette notion de prince chrétien, une dimension de théologie politique, qui nous renvoie à l’histoire et à quelques penseurs qui ont particulièrement réfléchi aux relations du temporel et du spirituel et des modifications que le christianisme apporte aux principes même de la philosophie politique. Ainsi, je suis frappé par l’insistance qu’un Jacques Maritain accordait à la place singulière du roi dans la monarchie du Moyen-Âge. Il rappelle dans Humanisme intégral comment Jeanne d’Arc avait tenu, avec la dernière énergie, à faire sacrer le roi à Reims. Le sacre ce n’est pas seulement la légitimation sacrale de l’autorité royale. Dans une perspective chrétienne, c’est encore bien autre chose. Jeanne, rappelle Maritain, obtint de Charles VII qu’il fasse abandon du Saint Royaume au Christ, pour qu’il le reprenne ensuite mais en commandes. Cette désapropriation signifie que le roi n’est pas maitre absolu, il est délégué, par rapport à la suprême autorité devant laquelle il s’incline humblement. Maritain pensera que ce rôle du prince chrétien devra en régime moderne être assumé aussi par ce qu’il appelle la partie la plus évoluée politiquement et la plus dévouée du laïcat chrétien. C’est donc que ce modèle devait en quelques sortes se renouveler dans une fidélité créatrice. Mais un autre philosophe politique, lui aussi chrétien, Pierre Boutang a repris toute une réflexion approfondie sur la légitimité évangélique du pouvoir, en s’inspirant notamment du grand théologien Urs Von Balthasard. Ce dernier avait en effet développé l’importance centrale de la kénose en christologie. Qu’est ce que c’est que la kénose? Tous les chrétiens connaissent par cœur le fameux texte de Saint Paul aux Philipiens, sans cesse repris dans la liturgie de la semaine Sainte. « Lui, de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, devenant semblables aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix. » Et bien, le prince chrétien, qui se veut dans l’authentique ressemblance christique rentre lui-même dans le mouvement de l’abandon suprême, de la remise de sa puissance pour parvenir à une disposition intérieure de don de soi absolu. Pierre Boutang a ainsi parlé de « modification chrétienne du pouvoir ». Le pouvoir n’est nullement aboli dans ses missions et la charge de l’autorité. Mais il est modifié, selon l’exemple christique de qui donne sa vie, renonce à soi, pour être au service intégral du bien commun. Le théologien orthodoxe, Olivier Clément allait dans le même sens en rappelant une ancienne tradition russe qui vouait le prince au martyre. Haute spéculation dira-t-on, certes, mais nous ne pourrons pas échapper à la nécessaire modification évangélique du pouvoir qui s’impose aujourd’hui, autant qu’hier. Écouter l’éditorial :

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