Jean-Baptiste et le scandale public - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Jean-Baptiste et le scandale public

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« Quand les hommes font semblant d’être au service de l’Évangile bien que vivant dans le mal, nous ne devons pas favoriser leur auto-illusion mais écouter notre conscience, comme l’a fait Jean. Le monde peut bien appeler cela impolitesse et zèle aveugle. Des professeurs trompeurs ou des chrétiens peureux peuvent le blâmer dans leur désir de politesse ; mais les ennemis les plus puissants ne peuvent pas aller plus loin que le Seigneur n’a jugé bon de le permettre » – Matthew Henry , commentaire de Matthieu 14:1

Jean-Baptiste serait-il bienvenu dans l’Église actuelle ? Tout d’abord, son style de vie était si ascétique qu’il dérangerait sûrement pas mal de consciences, même dans la hiérarchie. Il y avait ensuite ses prédications, qui incluaient une condamnation publique d’Hérode Antipas, qui vivait une relation incestueuse avec l’épouse de son demi-frère Philippe. Cela entraînerait de nos jours de nombreuses critiques, si pas une réprobation unanime.

La mission de Jean-Baptiste était double. Il était le dernier prophète à annoncer la venue du Messie. Mais il devait d’abord préparer le peuple d’Israël à recevoir le Messie, qui était déjà parmi eux, par un appel pressant au repentir et à la conversion. Cette dernière partie de sa mission concernait la nation toute entière et elle était plutôt imprécise, tout comme la nature des péchés eux-mêmes, jusqu’à ce que Jean-Baptiste affronte Hérode. A partir de là, les choses sont devenues personnelles.

Hérode faisait partie du peuple d’Israël, il était son gouverneur, mis en place par l’empereur romain. Mais il n’était pas un adepte très engagé de la religion juive. Il n’était pas fervent, par quel bout qu’on le prenne, et était plutôt éclectique. Il était manifestement soumis à des pratiques et coutumes juives, mais de toute évidence, il n’était pas fort attaché aux doctrines.

Comme son père, Hérode le Grand, il n’était guère enthousiaste pour la croyance au Messie. Nous ne savons rien de ses autres croyances, si tant est qu’il en avait. Mais nous savons qu’il était honni par toutes les factions religieuses avec lesquelles il devait traiter. Nous savons aussi par les historiens qu’il fricotait avec les coutumes païennes de ses maîtres les Romains. Quand c’était politiquement opportun, il faisait ce qui était religieusement requis, tant pour les païens que pour les Juifs.

Mais Jean-Baptiste l’a traité comme un coreligionnaire, non comme un païen. Et il lui a manifesté du respect en l’appelant à la repentance et à la conversion, comme les autres Juifs. Bien plus, parce que Hérode était membre d’Israël, malgré sa tiédeur, et parce qu’il occupait une fonction très importante auprès du peuple, Jean-Baptiste ne pouvait pas permettre que sa conduite scandaleuse ( son adultère incestueux avec Hérodiade) ne soit pas dénoncée. Il a donc critiqué Hérode et cela lui a coûté la vie.

Il est difficile d’imaginer que ce drame se déroule aujourd’hui. Hérode ressemble à de nombreux politiciens catholiques actuels qui pratiquent leur religion seulement dans la mesure où cela sert leurs ambitions politiques. Comment est-il possible que des politiciens catholiques paient leur tribut aux dieux païens actuels ? Combien de catholiques au Congrès, dans les assemblées législatives et autres instances dirigeantes soutiennent les « sacrements » sacrés de la religion profane, celui de l’avortement depuis des décennies, et bientôt celui du « mariage » homosexuel ?

Il n’y a tout simplement pas actuellement de Jean-Baptiste parmi les chefs de notre Église, eux qui ont, par leur ministère même, reçu du Christ un rôle prophétique. Quel politicien catholique agissant ouvertement contre l’enseignement moral du Christ a été publiquement critiqué ? Je ne connais qu’un cas dans les 53 dernières années, quand l’archevêque Joseph Rummel de la Nouvelle Orléans a excommunié le chef démocrate Leander Perez en 1962 pour son appui raciste à la ségrégation dans les écoles.

Depuis, rien, j’en suis quasi certain. J’en déduis que ces perfidies politiques modernes, contribuant au meurtre de masse et à la perversion du mariage ne méritent même pas une réprimande publique, pour ne rien dire d’une excommunication.

Mais peut-être croyons-nous que les évêques réprimandent ces collaborateurs catholiques en privé ? C’était la déclaration habituelle qui a fait taire efficacement les plaintes de parents dont les enfants avaient été abusés par des membres du clergé, « l’évêque s’en occupe sans faire de bruit pour éviter le scandale ». Mais c’était rarement le cas.

Bien plus, un dialogue chuchoté ne peut pas être une réponse adéquate dans une situation de grave scandale public. Saint Jean-Baptiste savait qu’il ne pouvait pas se contenter de parler en privé avec Hérode parce que Hérode créait un scandale public. L’archevêque Rummel savait qu’il n’était pas suffisant de parler secrètement à Perez, bien qu’il l’ait effectivement fait, parce que Perez était endurci dans son comportement scandaleux.

De nos jours, des politiciens prétendument catholiques sont de la même façon obstinés dans leur scandale. Peu importe si les évêques leur ont parlé en privé pour les inciter à la repentance, cela n’a pas marché. Et le scandale public continue, et de plus en plus de laïcs sont profondément désorientés.

Il n’est pas suffisant que les chefs de l’Église se contentent de dialoguer ou de « parler avec » de tels politiciens. Leurs actions exigent le repentir, et ce repentir doit être public afin de faire cesser le scandale public.

Quand il n’était encore que cardinal, le pape Benoît avait statué que le premier devoir de l’évêque était de protéger la foi des simples fidèles. Quand les politiciens catholiques promeuvent par leurs actions des maux sérieux pour la société, ils causent de toute évidence un grave scandale parmi les croyants. Durant ces dernières décennies, combien de catholiques ordinaires ont conclu de façon fort compréhensible, regardant agir leurs chefs, que tout un chacun pouvait être un catholique fidèle tout en soutenant l’avortement dans la sphère publique et pourquoi pas dans sa vie privée ?

Non seulement ils n’ont pas vu les Hérode contemporains être réprimandés par les actuels gardiens de la foi, mais ils les ont vu recevoir la communion de leurs mains. Qu’en concluront beaucoup d’entre eux ?

Leander Perez est revenu vers l’Église avant de mourir, ce qui signifie qu’il s’est repenti de son racisme. Si son évêque l’avait laissé aller avec juste une petite réprimande, on peut se demander si ce repentir, indispensable à son salut, aurait eu lieu ? J’aime à penser que Perez sera éternellement reconnaissant à son vieil ennemi, et qu’ils jouissent ensemble maintenant de la béatitude éternelle, comme Paul et Étienne.

Le père Mark A. Pilon, prêtre du diocèse d’Arlington (Virginie) est titulaire d’un doctorat de théologie sacrée de l’université de la Sainte Croix à Rome. C’est un ancien titulaire de la chaire de théologie systématique du séminaire de Mount St Mary, un ancien contributeur au magazine Triumph et un ancien professeur de l’école supérieure Notre-Dame.

Illustration : « La décapitation de Jean-Baptiste » par Puvis de Chavannes, vers 1869

source : http://www.thecatholicthing.org/2015/06/27/john-the-baptist-and-public-scandal/