Je ne suis pas Charlie, par solidarité avec les chrétiens persécutés - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Je ne suis pas Charlie, par solidarité avec les chrétiens persécutés

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Chers amis

Me voici rentrée d’Égypte depuis dimanche soir, notre pèlerinage s’est passé à merveille avec un petit groupe fraternel et chaleureux, en dépit du froid vif et tout-à-fait exceptionnel sur les rives du Nil. Nous avons comme tous les ans fêté Noël oriental au sein de la communauté copte à Samalout, en Moyenne Égypte.

Des nouvelles incroyables et jubilatoires :

Le soir du 6 janvier (Noël oriental, pendant que nous participions à la messe à Samalout), le maréchal El Sissi, président de la république, est venu à l’improviste pendant la messe de minuit à la cathédrale Saint-Marc du Caire, siège du patriarcat copte-orthodoxe en Égypte. A l’improviste pour raison de sécurité bien sûr, l' »Etat Islamique » ayant appelé depuis mai dernier à l’assassiner. Cela ne s’était pas produit depuis plus de 65 ans, depuis la révolution de Nasser. Je rappelle qu’à Pâques, il était déjà venu au patriarcat présenter ses vœux au pape Théodore II, une grande première également. Un président radieux, visiblement heureux d’être là, un pape Tawadros tout sourires. Des sourires manifestement sincères, partant du cœur, et pas seulement diplomatiques. Et, tout-aussi inhabituel, l’événement était retransmis à la TV (comme la conférence internationale sur les Routes de la Sainte Famille le 21 octobre à laquelle j’ai assisté, je vous l’ai raconté vous vous en souvenez).

Du jamais vu : le chef de l’État égyptien vient saluer les chrétiens à l’office de Noël au Caire

Posted: 07 Jan 2015 08:33 AM PST

Du jamais vu : le chef de l’État égyptien vient saluer les chrétiens à l’office de Noël au Caire

La visite n’était pas annoncée, mais quand le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, Président égyptien, a remonté la nef de la majestueuse cathédrale copte orthodoxe du Caire, il fut accompagné dans sa remontée vers le chœur par des cris de joie et des applaudissements des nombreux fidèl… Lire la suite…

Voici également le lien vers un extrait de ce discours sous-titré en anglais, que j’ai traduit en français ci-dessous.
http://youtu.be/lXm15UjpapU

Pendant les longs psaumes préparatoires qui débutent une messe copte, la voiture du maréchal El Sissi le dépose au pied des marches de la cathédrale Saint-Marc, à l’intérieur du patriarcat copte-orthodoxe. Un diacre remonte en courant l’allée centrale pour prévenir le pape Théodore II, un évêque se hâte de descendre du chœur pour l’accueillir. L’archidiacre psalmodie toujours tandis que le maréchal est ovationné par les 10 000 fidèles dans la nef. Le président embrasse tous les évêques, celui qui l’a a cueilli le tire avec enthousiasme par le bras vers l’avant-chœur devant l’iconostase, où il est embrassé par le Pape.

Debout face aux fidèles, le président prend un micro, le chant s’arrête.
«Je suis juste venu vous dire quelques mots, vous souhaiter un joyeux Noël [le président est sans cesse interrompu par les ovations, il sourit sans discontinuer avec une véritable expression de bonté cordiale]. Je m’excuse si j’ai interrompu vos prières [acclamations]. Je voudrais vous dire quelque chose [la foule écoute de toutes ses oreilles] : pendant des millénaires, l’Égypte a enseigné au monde entier le sens de l’humanité et de la civilisation. Encore aujourd’hui, le monde regarde vers l’Égypte, malgré les temps que nous vivons et les circonstances.

-La foule : On vous aime, Monsieur le Président, SI-SSI-ON-T’AIME !

-Et je vous aime aussi, bien sûr ! [le maréchal éclate d’un rire joyeux]
Je vous remercie du fond du cœur. (malicieusement) Je suis inquiet que Sa Sainteté le Patriarche sera furieux contre moi ! [Tawadros II sourit, aux anges, le prêtre qui est à la gauche du Maréchal lui caresse affectueusement l’épaule…]

Laissez-moi vous dire qu’il est très important que le monde entier puisse nous voir. Il est très important que le monde entier nous voie, nous les Égyptiens. Notez bien que je n’utilise aucun autre mot qu' »Égyptien ». Personne ne devrait utiliser un autre terme. Nous sommes Égyptiens. Personne ne devrait demander : « Quelle sorte d’Égyptien êtes-vous ? » Que la paix soit avec vous, merci beaucoup !»

Le Maréchal embrasse à nouveau le Pape, met la main droite sur son cœur, signe de remerciement et de respect dans les pays arabes, et redescend la nef vers sa voiture sous les acclamations de l’assemblée. Le chant liturgique reprend avec encore plus d’ardeur… Gros plan sur un Théodore II aux anges, sur un petit nuage…

Et auparavant le 28 décembre, 2 jours avant notre arrivée en Egypte, le Maréchal s’est invité à l’université El Azhar, où il a prononcé un discours historique devant l’assemblée des imams et professeurs de l’université islamique du Caire :

« Il est inconcevable que la pensée que nous tenons pour la plus sacrée puisse être la raison pour laquelle la communauté islamique entière est source d’anxiété, de danger, de meurtres, et de destructions pour le reste du monde. Impossible !

Cette idéologie – je ne dis pas « religion, mais « idéologie » – ce corpus de textes et d’idées que nous avons sacralisés au cours des ans au point qu’en faire le tri est devenu presque impossible, suscite l’hostilité du monde entier. Il éveille l’hostilité du monde entier ! Est-il concevable qu’un milliard six-cent millions de musulmans veuillent tuer le reste de l’humanité qui compte 7 milliards de personnes ? Impensable !

Je dis ces mots ici à Al Azhar, devant cette assemblée d’oulémas…Tout ce que je vous dis, vous ne pouvez pas le comprendre si vous restez coincés dans votre mentalité. Vous avez besoin de faire un pas en dehors de vous-mêmes pour être capable d’observer et de réfléchir à ce sujet dans une perspective plus éclairée.

Je dis et répète que nous sommes dans la nécessité d’une révolution religieuse. Vous, les imams, êtes responsables devant Allah. Le monde entier, je le répète, le monde entier attend votre prochaine réforme, car la communauté musulmane est ravagée, détruite ; elle va à sa perte, et elle le fait à cause de nous ».

Dieu bénisse et protège le maréchal El Sissi !

Quel contraste entre ce pèlerinage paisible et jubilatoire et la situation de guerre en France au même moment et à notre retour le 11 janvier !
Je tiens à dire haut et fort que non, je NE SUIS PAS Charlie, bien qu’étant journaliste et donc concernée par l’horreur d’une fusillade islamiste en plein milieu d’une conférence de Rédaction. Et que même si je n’avais pas été sur le chemin du retour le 11, je n’aurais pas participé à ce grand déploiement de bonne conscience bien pensante, sommet de l’hypocrisie politiquement correcte.

Pourquoi les pancartes disaient-elles « Je suis Charlie », et pas « Je suis Charlie, Je suis Juif, Je suis policier ». Pourquoi trier parmi les morts ? Pourquoi les victimes de Charlie sont-elles dignes d’un hommage national et international, et pas les autres ? Et Asia Bibi qui est dans le couloir de la mort depuis plusieurs années ? Pourquoi presque personne ne dit « Je suis Asia Bibi » ? Aucune manifestation pour eux, sinon confidentielles, comme les manifs de soutien aux chrétiens d’Egypte auxquelles je participe régulièrement, où il y a quelques centaines de Coptes et quelques dizaines à peine de Français…
Et défiler derrière des régimes pourvoyeurs du terrorisme, le Qatar, la Turquie, sans parler d’une autre personnalité sur laquelle je ne veux pas polémiquer ici, NON merci.

Jamais nos gouvernements successifs de droite ou de gauche (qui sont largement responsables de la situation de guerre où nous sommes maintenant) n’ont appelé à soutenir les dizaines de milliers de chrétiens martyrs en Egypte, en Syrie et en Irak, les milliers de chrétiens assassinés par Boko Haram. En quoi les 12 morts de Charlie sont-ils plus dignes de notre émotion ?

En tout cas, je ne veux plus entendre cette rengaine que c’est de la folie d’aller soutenir les chrétiens en Egypte (certains éventuels pèlerins en ont, cette fois encore, été dissuadés par leur entourage). Où est la folie, alors que nous avons vécu, au cours de ces 4 dernières années, 8 pèlerinages en Egypte des plus sereins, et que pendant ce temps c’est à Paris qu’ont eu lieu les massacres. Où est la raison, où est la folie ??

Le 15 janvier, le pape François a dit :

« La liberté d’expression n’autorise pas à insulter la foi d’autrui.

Chacun a non seulement la liberté, le droit, mais aussi l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider au bien commun. Il est légitime d’user de cette liberté, mais sans offenser.

Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision! […] Il y a tant de gens qui parlent mal des autres religions, les tournent en dérision, font un jouet de la religion des autres : ce sont des gens qui provoquent. »

Et le même jour, le pape Tawadros II a dit au Caire :

« Les caricatures représentant Mahomet publiées par l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo sont « offensantes » et tout outrage doit être rejeté « à tous les niveaux ». C’est ainsi que le patriarche copte orthodoxe Tawadros II a exprimé sa claire désapprobation quant au choix opéré par les survivants de la rédaction de la revue, prise pour cible et décimée par un attentat terroriste le 7 janvier dernier. Après le massacre, l’hebdomadaire est revenu dans les kiosques le 14 janvier avec une édition tirée à 5 millions d’exemplaires portant sur sa couverture une caricature du prophète Mahomet qui pleure et tient un écriteau portant la mention « Je suis Charlie », sous le titre « Tout est pardonné ». « Je refuse toute forme d’insulte personnelle, a expliqué le patriarche orthodoxe, et lorsque les offenses concernent les religions, elles ne peuvent être approuvées ni au plan humain ni au plan moral et social. Elles n’aident pas la paix dans le monde et ne produisent aucun bénéfice » […] « Les caricatures, ajoute pour l’Agence Fides Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique de Gizeh – sont exaltées comme expression de la liberté mais la vraie liberté est toujours responsable. Elle n’offense pas gratuitement, elle ne ridiculise pas et ne blesse pas les autres en les touchant dans ce qu’ils ont de plus à cœur, surtout en matière de religion et de foi. ».

Et le même jour,

Mgr Dominique Rey, sur le site du diocèse de Toulon, dénonce avec justesse et courage, à la fois l’obscénité de Charlie Hebdo et la folie meurtrière des terroristes, je suis entièrement d’accord avec cette analyse :

« Il est symptomatique que les terroristes s’en soient pris à un journal satirique réputé pour ses outrages, ses sarcasmes, ses caricatures blasphématoires. « On doit pouvoir rire de tout » avouait fièrement un de ses responsables. Le rire s’est changé en larmes. L’assaut des kalachnikovs a répliqué à l’agression des mots et des images.

« Un dessin est un fusil à un coup » disait Cabu. Il vient d’en payer le prix. En même temps qu’on doit dénoncer le fanatisme religieux, notre société doit s’interroger sur l’enchaînement des violences qui la traversent. Car il est des violences verbales, morales, intellectuelles, artistiques… qui en appellent d’autres. Quand on représente Mahomet sous la forme d’une crotte enturbannée, Benoît XVI en train de sodomiser des enfants, la Vierge Marie les jambes écartées de façon suggestive ; quand on s’adonne à la provocation, à l’obscénité sur ce qui touche la conscience la plus intime, celle de la foi, du sacré, de la symbolique religieuse… Ce nouvel iconoclasme engendre inévitablement par ricochet, et bien sûr, sans jamais les justifier, la revanche, la vengeance, d’autres violences encore plus insoutenables dans un engrenage quasi mécanique, et dont l’actualité nous offre l’horrible spectacle. La sacralisation de la dérision et de l’injure ne peut produire en retour que de la haine.

A un journaliste qui m’interrogeait avant-hier « Monseigneur, êtes-vous Charlie ? », J’ai répondu : « laissez-moi d’abord être moi-même, c’est-à-dire chrétien ». Le chrétien n’a pas d’autre point de référence ultime, de ralliement possible, d’identification que Jésus lui-même.»

 » Le relativisme moral et religieux (4) envahit nos sociétés postmodernes où les grandes utopies politiques et idéologiques se sont effondrées, où la place du religieux a été effacée par la perte de transcendance et d’intériorité, où l’individu consumériste n’a plus d’autre horizon que lui-même, rivé à son ego. Un tel relativisme érigé en prêt-à-penser, fait inévitablement le lit du fondamentalisme. Lorsqu’une culture ne donne plus des raisons sublimes de vivre, parce qu’elle a oublié l’héritage ou perdu la mémoire, elle s’en fabrique à partir des instincts les plus bas ou les plus vils. Lorsqu’on ne parvient plus au sein des familles, dans le cadre des institutions éducatives à transmettre ce lent et patient tissage de raison, d’histoire, de culture qui ouvrait à une morale universelle et un vivre ensemble et lorsque la conscience religieuse s’évanouit ou se réduit à un résidu laïcisé…, alors cette société fait sauter, sans toujours s’en rendre compte, la barrière qui fermait la route à la brutalité de la nature, à l’exacerbation des passions, et aux revendications narcissiques.»

Enfin Mgr Batut, nouvel évêque de Blois, vient de dire :

« La culture de la dérision a montré ses limites : les sociétés occidentales se déshonorent si elles la présentent comme le nec plus ultra de la pensée et si elles mettent le monde entier en demeure d’y adhérer ».

Je suis reconnaissante à ces hautes personnalités d’avoir osé dire cette vérité.
Certes personne ne devrait jamais être tué pour des dessins et chacun est horrifié par ces actes de terrorisme, mais pourquoi veut-on nous obliger à soutenir un journal qui titrait à la une « Joyeux Noël ! Chiez dans les crèches, Achevez les handicapés, Fusillez les militaires, Etranglez les curés, Ecrabouillez les flics, Incendiez les banques. » Et on n’a pas oublié les horreurs sur Jean Paul II, des dessins atroces où ils se réjouissaient bruyamment lors de l’attentat de 1981, alors que le Pape était entre la vie et la mort. Obsédés compulsivement par la laideur et l’obscénité, possédés par une haine obsessionnelle des religions et surtout du christianisme. Non, Madame Taubira, il n’est pas légitime de « pouvoir se moquer de toutes les religions ». Libre à vous de considérer que la France est la patrie de Voltaire comme vous venez de le dire, mais pour moi elle n’est pas cela, elle est le pays de Clovis et de saint Louis. Et ceux qui pensent cela sont persécutés, niés, moqués, tournés en dérision, réduits au silence par votre gouvernement. Je ne suis NI Charlie NI Dieudonné (Dieudonné me concerne car son théâtre est en face de chez moi, et c’est fatigant d’avoir ses supporteurs sous mes fenêtres, qui crient « Mort aux Juifs ! Les Juifs hors de France ! Rouvrez les fours crématoires ! etc »). Mais je ne comprends pas pourquoi on autorise Charlie et interdit Dieudonné, ils sont aussi orduriers et incitateurs à la violence l’un que l’autre.

Et la liberté est en France à sens unique : Charlie a le droit de caricaturer toutes les religions, mais le film « l’Apôtre » vient au même moment d’être interdit à la projection à Nantes et à Neuilly, « pour ne pas provoquer la communauté musulmane ». Tout cela est insensé.

Qui ce journal pas drôle du tout a-t’il jamais fait rire à part quelques très vieux laïcards enragés et sectaires ?? Il avait si peu d’abonnés qu’il était au bord de la faillite. Et leur satire était à sens unique sur le catholicisme et, depuis quelque temps, l’islam, parfois les Juifs. Mais jamais ils n’ont caricaturé les homosexuels, les Francs-Maçons, les bouffeurs de curés, les athées, les socialistes ni les communistes, jamais aucune auto-dérision, pourtant il y avait là matière à caricature !

Avant-hier, au moins 23 églises ont été brûlées au Niger à cause de Charlie Hebdo, et des chrétiens y sont morts carbonisés : qui leur rend hommage ? Charlie ? Nos gouvernants ?? Non pas un mot, mais tous les médias continuent à parler en boucle des journalistes de Charlie.

Vous connaissez ma position sur l’islam : la Révélation est achevée en Jésus Christ et l’islam ne peut donc pas être une religion révélée, le coran est un texte mortifère et le Mahomet historique n’est pas du tout le personnage qu’imaginent les musulmans. Mais si, comme c’est notre devoir, nous prions pour que les musulmans découvrent le Christ, car les musulmans sont les premières victimes de l’islam, on ne peut le faire que dans le dialogue, la discussion, l’explication, et pas dans l’invective et l’insulte de ce qui leur est le plus cher, même si on pense qu’ils se trompent.

Non, le droit à la caricature n’autorise pas à blesser autrui avec méchanceté.
Quelle justesse y a-t’il à faire défiler des petits enfants brandissant des dessins obscènes de Charlie Hebdo ?

Et quelle image de la culture française veut-on donner aux jeunes perdus des banlieues en voulant les obliger à s’incliner devant un journal qui les révulse ajuste titre ?

Prions maintenant pour que les journalistes de Charlie Hebdo se soient convertis en arrivant là-haut, et aient accepté de renoncer à leur haine insensée de Dieu. Que Dieu pardonne aux bourreaux comme aux victimes, ne faisons des héros ni des uns ni des autres et gardons un peu plus de retenue.

Prévisualiser la vidéo YouTube Egyptian President Al-Sisi at Coptic Christmas Mass: We Are All Egyptians