Au Synode des évêques, qui se tient à Rome en ce moment, sur la nouvelle évangélisation, la projection d’une vidéo a, semble-t-il, fait scandale. Projetée à l’initiative du cardinal Turckson, un Africain qui s’occupe du Conseil pontifical Justice et Paix, cette vidéo est, dit-on, d’origine américaine et probablement d’inspiration évangélique. On sait que les évangéliques sont des protestants, du genre plutôt radical, qui n’ont pas peur de dire les choses parfois de la façon la plus rude et qui, par ailleurs, se sont lancés à l’assaut du monde, avec une énergie que l’on compare souvent avec celle d’un certain islam. Justement, le sujet du document est l’islam, dont l’emprise sur le continent européen est dénoncée sans ménagement, à coup de chiffres et d’affirmations péremptoires. L’émotion a été vive chez beaucoup d’évêques surpris de cette initiative inédite.
L’esprit d’Assise, le dialogue interreligieux, les bonnes relations avec l’islam étaient-ils en danger ? Certains responsables romains des relations avec l’islam, l’ont trouvée caricaturale. Était-ce le cas du cardinal Tauran ? 1 Mais on dit aussi que d’autres évêques n’étaient pas fâchés qu’on évoque enfin franchement un des plus graves problèmes auxquels sont aujourd’hui affrontés les chrétiens. Il est incontestable que nous avons affaire à un phénomène de grande ampleur qui touche la plupart des pays européens. Est-il vrai que dans la ville de Bruxelles, particulièrement symbolique à cause de la présence des instances européennes, 50% des naissances sont issues de familles musulmanes ? Les statistiques avancées par la vidéo ont été contestées. Il est souhaitable qu’on parle à partir de données fiables, pour ne donner prise ni aux fantasmes ni aux propos lénifiants.
Ceux qui suivent cette chronique depuis plusieurs années savent que je me suis opposé systématiquement à tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, pourrait créer la division et attiser les querelles. Pour autant, on ne peut pratiquer la politique de l’autruche. Il faut que nous soyons pleinement conscients des réalités, pour réfléchir à l’avenir. Ce n’est pas une raison pour ne pas entretenir de relations fraternelles avec les musulmans, mais il faut savoir dans quelles conditions nous pouvons le faire.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 17 octobre 2012.
Pour aller plus loin :
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