Il ne faut jamais trop se laisser impressionner soi-même par les contestations dont l’Église est l’objet, a fortiori par les tempêtes médiatiques qui relèvent souvent de l’inconscience et de l’ignorance de ceux qui se chargent de les déchaîner. Cependant elles peuvent faire mal et même très mal à ceux qui n’ont pas les ressources intérieures pour se protéger. L’Histoire montre aussi comment il arrive que la division et le déni de la structure charismatique de l’institution aboutissent à des ruptures bientôt insurmontables à vues humaines. Il n’est jamais anodin de remettre en cause l’autorité de l’évêque de Rome et d’organiser à son encontre des manifestations d’hostilité. Il y a, actuellement, toute une tendance à justifier le ressentiment à l’égard du Pape qui encourage les plus faibles à s’éloigner de la communion ecclésiale. C’est une mauvaise action dont les responsables répondent devant leur conscience et devant le Seigneur.
Par grâce, il semble que l’Église de France soit protégée de ces tentations, notamment en raison de la cohérence de notre épiscopat. S’il y a eu quelque émoi ces dernières semaines et quelques interrogations, au demeurant légitimes, un dialogue pacifié doit les prendre en compte dans le cadre de nos communautés, avec l’aide des pasteurs légitimes. Le pire serait que des débordements prennent l’allure d’une rupture de communion, avec des groupes verbalement violents et engagés dans une spirale débouchant sur la sédition et même l’hérésie. Ce n’est nullement pour dramatiser la situation que ces mots s’offrent à nous, mais pour rendre compte de ce qui nous parvient de pays voisins et même de ce qui s’écrit dans la presse française.
Il n’est pas anodin de s’ériger en groupe de pression (l’association Wir sind die Kirche – « Nous sommes l’Église » – revendique des centaines de milliers d’adhérents) pour s’opposer de front aux épiscopats et à Rome. Il n’est pas anodin non plus de s’attaquer à la doctrine catholique définie par les conciles, sur les points les plus cruciaux de la tradition théologique. Après s’être réclamés à contresens de Vatican II, voilà maintenant que certains affirment qu’il est non avenu en raison de son caractère non révolutionnaire. Dès lors, il n’y a plus de limite à la logique du refus. Même l’autorité de la Bible est niée et sans craindre de se contredire on signifie la non-pertinence de saint Paul et de saint Augustin alors même qu’on prône le respect de la Réforme. Cette dérive, encouragée par des médias qui ne comprennent pas toujours ce qu’ils font, doit être contrée à la façon dont un saint Irénée s’opposait au second siècle à l’hérésie, par une fidélité sans faille à l’Église, seul témoin authentique de l’Esprit prophétique et donc au Pape, garant de l’unité et de la vérité.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux
- Jean-Paul Hyvernat
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?