Importance de la littérature - France Catholique
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Importance de la littérature

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À la une de Libération hier, deux noms emblématiques de la littérature. François Maspero dont j’ai dit un mot dans ma dernière chronique et le grand romancier allemand Günter Grass. Deux morts, qui ont compté dans l’histoire récente de leurs deux pays, et qui invitent à nous interroger sur la place de la littérature dans la vie des peuples. Mon avis, je l’ai souvent exprimé ici-même, est qu’elle est considérable et qu’elle doit être préservée. Ce disant, je suis évidemment tributaire de la formation qui a été la mienne, celle de ma génération héritière d’une tradition où l’enseignement de la langue, à travers la connaissance directe des œuvres, tenait une place essentielle.

La philosophie, en France, a toujours eu aussi un rôle important, mais elle était réservée à la classe de terminale, et souvent indissociable de la littérature. Il y a d’abord cette évidence, que, chez nous, les philosophes sont très souvent des écrivains de premier ordre. Pensons à Montaigne et à Pascal, à Malebranche, mais encore à Voltaire et à Rousseau et à leurs successeurs. Bergson était un admirable styliste, Sartre et Camus sont d’abord des écrivains. Je pense aussi que Michel Foucault avait cette qualité première d’avoir donné une forme nouvelle à l’essai qui se recommandait par son esthétique.

Donc pensée et qualité de l’écriture ont toujours été étroitement associées et c’est dans les meilleures pages que nous avons été instruits d’un certain art de vivre et d’affronter la vie. Non que les écrivains aient toujours été des modèles ! On l’a bien vu avec Günter Grass révélant sur le tard son appartenance de jeunesse à la SS. Mais même les erreurs et les fautes des gens de plume nous sont précieuses pour mieux entrer dans la complexité humaine et peut-être éviter, pour notre part, de tomber dans les mêmes chausse-trappes. Malheureusement, je ne suis pas du tout persuadé que la réforme des programmes annoncée par Mme Vallaud-Belkacem, réserve à l’initiation à notre littérature toute l’importance qui conviendrait.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 avril 2015.