« Ici on joue, ici on prie » - France Catholique
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« Ici on joue, ici on prie »

Dans le très populaire XXe arrondissement parisien, le Patronage du Cœur entend rejoindre les enfants délaissés pour leur proposer une jeunesse joyeuse… et chrétienne.
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Sœur Bénédicte raconte aux enfants la vie de saint Théophane Vénard, mort martyr au Tonkin.

Sœur Bénédicte raconte aux enfants la vie de saint Théophane Vénard, mort martyr au Tonkin.

© Le Patronage du Cœur

Quand Sœur Claire-Marie surgit sur la scène de la salle paroissiale, chapeau chinois sur la tête, les enfants du Patronage du Cœur trépignent sur leur banc, agitant leurs pieds qui ne touchent pas encore le sol.

Chaque matin et pendant cette semaine d’animation, la journée débute par un nouvel épisode des « Aventures de Théo ». En apparence, ce thème pourrait être celui retenu par n’importe quel centre de vacances municipal. Pourtant, en quelques instants, portés par leur imagination enfantine, voilà le petit groupe projeté dans le Tonkin (actuel Vietnam) du XIXe siècle, pour découvrir la vie de celui qui se cache derrière le nom de « Théo » : saint Théophane Vénard, missionnaire mort en martyr et canonisé en 1988. Ce matin, les quinze enfants, âgés d’une dizaine d’années, sont captivés par l’entrée clandestine de Théo dans le pays, bouche bée à l’écoute du récit de la guérison miraculeuse du vice-roi du Tonkin occidental, puis révoltés en apprenant que ce même vice-roi est devenu persécuteur de chrétiens. Issue pour les trois quarts des milieux populaires du XXe arrondissement, arborant toutes les couleurs de peau, l’assemblée enfantine lève le doigt dès qu’elle peut participer.

« Rappelez-moi, les enfants…, commence Sœur Claire-Marie, petite Sœur du monastère de la Consolation, à Draguignan, présente pour la semaine. Comment s’appelait le séminaire de notre ami Théo ? » Murmures et conciliabule parmi les enfants. « Un indice : le nom tient en trois lettres » lance la sœur. Les bras se lèvent alors : « MEP ! » [Missions étrangères de Paris, NDLR] lance triomphalement une petite fille, qui n’avait pourtant jamais entendu parler des missionnaires 48 heures auparavant.

Des airs de campagne

Le Patronage du Cœur, rattaché à la paroisse parisienne du Cœur eucharistique de Jésus, est une « bulle », des mots mêmes des animateurs. Installé derrière l’église, il compte notamment un terrain omnisports et un jardin où l’on croise lapins, poules et même un certain « Deogratias », le chat du curé.

Des allures de campagne, en plein cœur du XXe arrondissement parisien, baigné ce jour-là par un soleil automnal particulièrement clément. Relancé en 2016 par l’abbé Simon Chouanard, curé de la paroisse, le patronage accueille à l’année plus d’une centaine d’enfants et se veut l’héritier d’une histoire ancienne, marquée par la figure de l’abbé Joseph-Roger Guéneau de Montbeillard. Administrateur puis curé, entre 1936 et 1968, de la chapelle du Cœur eucharistique devenue paroisse, il crée le patronage au début des années 1930, n’hésitant pas à acheter des terrains à Ménilmontant pour le développer.

Mais, comme partout en France, l’initiative subit un coup d’arrêt en 1969, au motif que les catholiques doivent sortir des structures pour se fondre dans le monde : c’est l’époque de la pastorale du « levain dans la pâte », dont les effets souvent dévastateurs laissent encore des traces. « Il me semble qu’il y a une erreur d’interprétation, relève l’abbé Simon Chouanard. Être le levain dans la pâte n’a jamais signifié que nous étions dispensés de confectionner la pâte ! L’abandon des ‘œuvres’ comme on disait alors, est regrettable car nous avons abandonné les milieux populaires. Mais rien ne nous empêche, en tenant compte des nouveaux défis, de nous remettre à l’œuvre. ‘Mon Père est toujours à l’œuvre’, dit Jésus, ‘et Moi aussi, Je suis à l’œuvre !’ La saveur évangélique du mot “œuvre” mérite d’être redécouverte. »

Retrouvez l’intégralité du reportage et de notre Grand Angle dans le magazine.