Une politique d’austérité n’est bonne que si elle s’attaque aux causes de la crise. Celle-ci (qui se caractérise par le chômage et la récession) provient principalement de la charge excessive que la dette publique fait peser sur le secteur privé. Les prélèvements anormalement lourds subis par les particuliers entament leur pouvoir d’achat et contractent la demande. Ceux qui frappent les entreprises portent atteinte à leur compétitivité, à leurs capacités d’investissement et de recherche, limitent leurs facultés de recrutement et diminuent leur offre. Enfin le service des intérêts de la dette (premier emploi budgétaire, devant celui de l’ducation nationale) draine des capitaux qui auraient pu s’investir dans l’appareil productif.
Une politique d’austérité n’est donc bonne que si elle a pour effet de réduire les prélèvements obligatoires, afin d’établir un équilibre favorable à l’emploi dans le secteur marchand.
La bonne austérité consiste ainsi à réduire la dette publique, sans augmenter les prélèvements obligatoires et dans le but même de les faire baisser. Elle se traduit nécessairement par des réformes structurelles. Malheureusement nul ne l’a encore entreprise, parce qu’elle requiert une volonté suffisamment partagée de servir le bien commun, et une force qu’aucune majorité parlementaire n’est capable de réunir sans l’appui d’une partie de l’opposition.
Que dire d’une politique d’austérité qui s’attache à réduire le déficit budgétaire en augmentant les prélèvements obligatoires ? Tout d’abord que c’est une politique défectueuse, parce que la simple réduction du déficit continue de laisser croître la dette. Et surtout que c’est une politique de mauvaise austérité parce qu’elle se traduit par une hausse des prélèvements obligatoires eux-mêmes.
En effet la réduction du déficit budgétaire n’est pas une fin suffisante. Elle ne se justifie que par la volonté de parvenir à stabiliser ou diminuer la dette publique, afin de faire baisser les prélèvements obligatoires et ainsi restaurer l’offre et la demande dans le secteur marchand. Tenter d’atteindre cet objectif, tenter de réduire les prélèvements obligatoires, par leur augmentation, ne fait évidemment qu’accentuer le mal qui se trouve à l’origine de la crise. Telle est pourtant la politique suivie par le gouvernement actuel et ses prédécesseurs. L’aggravation du chômage et la récession que nous connaissons ne sont pas des phénomènes conjoncturels qui viendraient compliquer la tâche de nos gouvernants : ils résultent de leur politique de mauvaise austérité ; ils résultent directement de la hausse des prélèvements obligatoires qui assèche la demande, asphyxie l’offre et ralentit l’activité, provoquant une baisse des facultés contributives du secteur privé. Le ministre du Budget nous annonce une baisse des recettes fiscales en 2013, alors que les impôts ont fortement augmenté : Le poids excessif des prélèvements obligatoires provoque la récession et tarit les ressources de l’État. Arthur Laffer l’avait théorisé. La démonstration nous est administrée.
Nous recueillons aujourd’hui les fruits amers de la mauvaise austérité. Devant ce constat de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un retour à une politique de croissance. La croissance serait –elle une alternative à l’austérité ?
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Olivier Pinot de Villechenon est avocat et essayiste. 1