Hommage aux musulmans de France - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Hommage aux musulmans de France

Le 26 janvier, le président de la République a rendu hommage à tous les soldats musulmans morts pour la France, dans un discours particulièrement bienvenu.
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Nicolas sarkozy a tenu à se rendre dans le carré mu­sulman de l’im­­­­pressionnant cimetière militaire de Notre-Dame de Lorette en Artois, pour rendre hommage à ces soldats qui ont donné leur vie pour la patrie, et dont la France tient à garder fidè­lement la mémoire. Cet hom­mage était d’autant plus attendu que, par trois fois, en 2007 et 2008, ce carré musulman a été profané avec des inscriptions abjectes et des croix gammées.

Le Président a rendu hom­­mage non seulement aux 70 000 musulmans tombés à Verdun, mais aussi à ceux « de 1939-1945, de la guerre d’Indochine et de la guerre d’Al­gérie ». Et son discours commençait par un hommage à un musulman tombé récemment en Afghanistan : « Il s’appelait Harouna Diop, il avait 40 ans, il était père de 6 enfants. Maréchal des logis chef au 517e régiment du train de Châteauroux, il est tombé au champ d’honneur le 13 janvier dernier. »

Les musulmans de notre pays avaient bien droit à cet hommage, d’autant que beaucoup ont eu le sentiment d’être stigmatisés ces dernières semaines dans le débat sur l’identité nationale et les réactions qui ont suivi la votation suisse contre la construction des minarets. De l’intervention présidentielle, j’ai particulièrement retenu ce qui a été dit sur la laïcité, qui a donné lieu à une nouvelle définition, et qui risque de provoquer quelques remous: « Notre pays, a dit Nicolas Sarkozy, pour avoir connu non seulement les guerres de religion, mais aussi les luttes fratricides d’un anti-cléricalisme d’Etat, ne peut pas laisser stigmatiser les citoyens musulmans. Je ne laisserais personne entraîner notre pays sur la voie de ces régressions. »

Ce simple passage de l’allocution présidentielle réclamerait un long commentaire. L’allusion aux guerres de religion est intéressante. Je dis par ailleurs dans ce journal (page xx) ce que pensait de cette période de notre histoire le théologien William Cavanaugh, lequel a montré qu’il s’agissait de conflits où le politique et le religieux étaient inextricablement mêlés. C’est l’allusion aux « luttes fratricides » d’un anti-cléricalisme d’État » qui risque de faire le plus de vagues. Certains l’admettront difficilement. Et pourtant, il s’agit bien d’une réalité historique et d’une tendance qui a toujours confondu ce qu’Émile Poulat appelle « notre laïcité publique » avec une idéologie laïciste, de type rationaliste et à teneur foncièrement anti-religieuse. Il est sûr que nos amis musulmans ne peuvent éprouver que de l’inquiétude à l’égard d’une laïcité qui n’aurait pas rompu avec ce laïcisme. Et Nicolas Sarkozy est fidèle à lui-même en rappelant que la laïcité c’est à la fois l’autonomie de l’État par rapport au religieux mais aussi la garantie de la liberté de conscience et de la liberté de culte par la puissance publique.

Reste la question de l’islam. Je ne peux la traiter en quelques phrases, sauf à rappeler cette idée simple. La France n’a pas attendu la période récente pour s’intéresser à cette religion. La troisième République s’honorait même d’être « une puissance musulmane ». Il semble qu’il y ait eu depuis lors des difficultés d’un type inédit, qui tiennent peut-être parfois à la tonalité que l’on pourrait appeler une certaine « civilisation des mœurs » pour reprendre l’expression de Norbert Elias. Mais il y a aussi, il faut bien le reconnaître, un réel durcissement que l’on a peut-être mis trop en évidence avec l’affaire de la burka. Que ce voile, qui cache entièrement le visage, choque, c’est une évidence. Mais je dirais que cela choque aussi notre conception spirituelle de la personne et du caractère privilégié du visage pour la reconnaissance de l’autre. Il ne faudrait pas qu’à partir de là, d’une pratique ultra-minoritaire, on développe une phobie du religieux. En tant que chrétiens, nous avons avec les musulmans des valeurs à partager, qui nous situent dans un autre espace.

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