Suite au décès du père Schall, « The Catholic Thing » a donné la parole à huit personnes qui ont fait son éloge sur le site, le père Schall ayant été un contributeur assidu durant plus d’une décennie. Il nous est matériellement impossible d’en assurer une traduction complète. En voici un résumé.
Robert Royal, à l’origine de « The Catholic Thing » se plaît à penser que le père Schall est maintenant en grande conversation avec les âmes de Saint Augustin, Saint Thomas d’Aquin, Romano Guardini, Joseph Pieper, Soljenitsyne et Saint Jean-Paul II ; Et « si c’est autorisé », avec les grands penseurs de l’antiquité païenne qu’il prisait tant : Platon, Aristote, Cicéron, Sénèque et bien d’autres. Il ajoute même : « je ne serai pas surpris d’apprendre qu’il donne maintenant des conférences aux anges pour qu’ils comprennent mieux nos malheurs actuels et puissent mieux nous aider. »
Il note qu’il « avait des qualités personnelles rares, une bonne humeur inaltérable face à la maladie, le courage d’affronter des défis, non seulement dans le monde mais également au sein de l’Eglise, l’aptitude apparemment naturelle de continuer à s’intéresser à tout, des tournois sportifs dans les grandes écoles aux persécutions des chrétiens dans les coins les plus reculés du monde. »
Il poursuit : « au cours des années, je n’ai jamais entendu personne dire une mauvaise parole à son sujet. Rien d’étonnant : homme bon, bon ami, bon enseignant (même à l’égard d’élèves n’étant pas les siens), excellent érudit, bon prêtre, en bref un bon chrétien. »
Au-delà de la tristesse causée par son départ, Robert Royal se réjouit de ce qu’il soit « allé vivre dans l’amour, la miséricorde et la justice de Dieu. »
Brad Miner explique dans quelles circonstances il a rencontré le père Schall dans les années 80. Il lui avait demandé peu après de contribuer à un livre. Par la suite, le développement d’internet les a conduits à des échanges fréquents par courriels, surtout après la création de « The Catholic Thing ».
A côté des grands classiques, James V. Schall était également un fervent de « Peanuts » et de son inénarrable Charlie Brown, nous apprend Brad Miner. Il tenait l’auteur pour « un penseur et théologien de première classe ». Faisant allusion à une des conversations de la BD se terminant par la question « Qu’est-ce que je sais maintenant ? », le père Schall avait argumenté : « Cette question, les philosophes l’ont posée, depuis Aristote jusque Heidegger…Mettre la philosophie dans des mots que le profane peut comprendre a été la vocation de nombreux bons philosophes. » Et Brad Miner d’ajouter : « c’est ce que faisait Schall. »
Brad Miner confie également que, s’il ne désirait ni louange ni encouragement, « Schall avait montré que si, mais seulement de sa part. » Le père Schall lui écrivait en effet chaque fois qu’il faisait paraître un article dans « The Catholic Thing ».
Hadley Arkes raconte comment le père Schall et lui sont devenus collègues, ce qui est devenu « une bénédiction durable ».
Des longues conversations qu’il a eu avec le père Schall, celles sur la tension entre la raison et la révélation l’ont profondément marqué. Il détaille : « Jean-Paul II allait écrire d’un œil critique sur ce sujet dans « Fides et Ration », mais longtemps avant cela, le père Schall s’était arrangé pour dire certaines des choses les plus raisonnables qui pouvaient être dites. »
Daniel Mahoney déclare que c’était une joie pour lui d’être sur la liste de contacts du père Schall, et de recevoir ainsi ses écrits et ceux d’autres personnes qu’il faisait connaître ainsi. Il s’émerveille : « Il n’a jamais perdu son intérêt pour les choses de ce monde alors même qu’il affichait une confiance totale dans les promesses de Dieu. »
Wilfried M. McClay confie « le père Jim Schall était une des personnes les plus irrésistiblement sympathiques que j’ai jamais rencontrées et ma vie a été grandement enrichie de le connaître. ». N’ayant jamais été un de ses étudiants à proprement parler, Wilfried M. McClay a cependant partagé un grand nombre d’événements marquants avec lui. Ce qui l’amène à conclure : « Sa joie était contagieuse, et même en écrivant cette commémoration, je ne peux conserver longtemps mes sentiments de tristesse sans sentir un sourire s’esquisser sur mon visage à son souvenir. Je pense qu’il m’approuverait. En fait, j’en suis sûr. »
Cynthia Searcy, une ancienne élève du père Schall, informe que lors de son départ en retraite, de nombreux articles parus dans le journal du campus s’achevaient par quelques mots de gratitude pour l’avoir connu. Elle pense de même, écrivant : « la gratitude pure et simple est la seule réponse à la vie d’un grand homme comme le père James V. Schall. »
Scott Walter, qui a lui aussi été élève du père Schall, tient à démontrer que l’amitié était la clef de sa vie.
« D’abord, il y a ses profondes amitiés avec tant de gens […] des collègues sans nombre et des milliers d’étudiants au cours des années dont beaucoup s’exclamaient avec enthousiasme : je me spécialise en Schall ! » nous explique-t-il.
Ensuite sa réflexion philosophique sur l’amitié était l’un de ses sujets récurrents. Il insistait sur les deux dimensions de l’amitié, horizontale et verticale. Horizontalement, selon Schall, l’amitié est l’ennemi de la tyrannie dans ce monde. Verticalement, l’amitié avec Dieu ne devrait pas être possible en raison de l’inégalité entre Dieu et l’homme « sauf si Dieu est devenu un homme. »
Pour finir, « l’amitié est la clef de Schall » conclut Scott Walter, précisant : « tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il était (car être, disait-il, compte bien plus que faire) découlait de sa propre amitié profonde avec le Seigneur dont nous célébrons la Résurrection. »
Joseph Wood, pour sa part, souligne que « pour nous souvenir de Schall, nous devons lire Schall et lire ce qu’il lisait. » Il rappelle que, avant de se rendre à la maison de retraite de Los Gatos (où il avait effectué son noviciat) il s’est séparé d’une grande partie de sa bibliothèque au profit de Christendom College et que c’était une décision importante pour un érudit comme lui que de savoir comment en disposer au mieux. Pour finir, il laisse la parole à un ami commun, David Goldman, pour qui « le père Jim était comme un kiddush haShem, une sanctification du Nom de Dieu. »
Illustration : le père Schall lors de sa dernière conférence à Georgetown
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/04/23/in-praise-of-james-v-schall-s-j/