Hollande et l'immigration - France Catholique
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Hollande et l’immigration

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Il est très difficile de parler sereinement de l’immigration et de tous les problèmes qui y sont liés. Le président de la République aura-t-il trouvé hier soir les mots propres à pacifier une opinion de plus en plus rétive aux leçons qu’on lui assène ? Je dis cela d’autant plus volontiers que j’ai toujours répugné pour ma part à faire du sujet de l’immigration une cause partisane. J’avais trop peur, non pas de ce qu’on appelle, pour les dénoncer, « des réflexes identitaires » mais du danger de fractionner, d’opposer les catégories entre elles. J’ai toujours ce scrupule, mais j’ai aussi conscience qu’on ne peut passer sous silence un certain nombre de réalités tenaces qu’il est trop facile de nier en rejetant toutes les fautes sur un bouc émissaire qualifié de populiste.

J’ai rencontré, il n’y a pas longtemps, un homme admirable qui enseigne en banlieue lyonnaise et qui, au demeurant, est adoré par ses élèves presque tous d’origine immigrée et de confession musulmane. Il s’inquiète très vivement d’un phénomène de communautarisation qui ne fait que se renforcer. Chez ce professeur de premier ordre, il n’y a pas une once de racisme ou de populisme, mais tout simplement une grande inquiétude de la réalité où il est immergé.

Il serait le dernier à proposer l’ostracisation du quartier où il enseigne. De toutes ses énergies, encore une fois, il est au service des jeunes qui l’entourent. Mais je serais curieux d’obtenir sa réaction après le discours de François Hollande, qui fait appel à l’histoire de l’immigration et de ses bienfaits pour la France dans le but, nous dit Le Monde, de conjurer les peurs. Sans doute dirait-il que la question n’est pas vraiment là et qu’il y a même risque inverse d’ostraciser une bonne partie de la population française accusée de rejet de l’autre, alors que c’est elle qui s’estime rejetée. Fantasme ? Il faut faire attention avant de juger de haut son prochain. Un prochain qui s’identifie avec ce que Christophe Guilluy appelle « la France périphérique », celle qui rassemble une bonne partie de la population en dehors des grandes agglomérations et subit les contrecoups négatifs de la mondialisation.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 décembre 2014.