Histoire et insécurité culturelle - France Catholique
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Histoire et insécurité culturelle

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Hier, s’est tenu à Paris un colloque à propos de la réforme envisagée des programmes d’histoire. On y voit la volonté de Mme Vallaud-Belkacem d’apaiser les polémiques assez vives de ces derniers temps. La parole a été donnée à des opposants directs à la réforme comme Pierre Nora et Patrice Gueniffey. Mais Le Figaro note aussi que la majorité des intervenants est plutôt d’un autre bord, avec l’idée d’une histoire structurée de part en part par la lutte entre les dominés et les dominants. La théorie marxiste de la lutte des classes a été rénovée dans la foulée de la sociologie d’un Pierre Bourdieu et des courants polarisés par les luttes des minorités ethniques et sexuelles. Le Monde s’oppose à cette interprétation qu’il impute à une instrumentalisation politique droitière.

Pourtant, il est impossible de nier qu’il existe une véritable guerre culturelle en France, et que cette guerre trouve un terrain d’expansion dans ce que Laurent Bouvet appelle « l’insécurité culturelle ». Une grande partie de la population se trouve déstabilisée par un sentiment de désappropriation de son identité. On peut penser que c’est exagéré et qu’il est dangereux d’attiser une telle inquiétude. Mais celle-ci est irrécusable. On ne peut nier non plus que la question des programmes d’histoire à l’école participe de cette déstabilisation. Si nous ne sommes plus rassemblés autour d’un récit national commun, nous sommes en danger de dislocation nationale.

Il faut ajouter à cela que l’enseignement (au sens le plus large), risque de devenir le champ clos des luttes idéologiques qui nous renvoient à ce qui se passe dans les universités américaines aux prises avec la police lexicale du politiquement correct. Justement, dans Le Figaro encore, un excellent article de Laure Mandeville illustre cet étrange climat de police de la pensée, qui finit par brider toute liberté intellectuelle. Pour nous, c’est au moins un danger potentiel. Comment y parer ? Je n’ai pas de remède miracle, Mais il y a une sérieuse réflexion à mener en commun, si nous voulons échapper au piège d’un récit national qui aurait volé en éclat.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 juin 2015.