Héros d’aujourd’hui - France Catholique
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La justice de Dieu
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Héros d’aujourd’hui

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Ayant eu à réparer le dos de la reliure d’un tome des œuvres de Racine, je l’ai ouvert au hasard pour en lire quelques vers : je suis tombé sur la première préface écrite par l’auteur pour présenter son Andromaque. Je n’ai pu m’empêcher, car telle est la pente de mon esprit, de noter ces quelques lignes qui m’évoquent hélas les jours que nous vivons : « …Aristote, bien éloigné de nous demander des héros parfaits, veut au contraire que les personnages tragiques, c’est-à-dire ceux dont le malheur fait la catastrophe de la tragédie, ne soient ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants. Il ne veut pas qu’ils soient extrêmement bons, parce que la punition d’un homme de bien exciterait plutôt l’indignation que la pitié du spectateur ; ni qu’ils soient méchants avec excès, parce qu’on n’a point pitié d’un scélérat. Il faut donc qu’ils aient une bonté médiocre, c’est-à-dire une vertu capable de faiblesse, et qu’ils tombent dans le malheur par quelque faute qui les fasse plaindre sans les faire détester. » Et des tragédies, mon Dieu, nous en vivons aujourd’hui plusieurs à la fois.

Comme auparavant j’avais lu le récit du Livre de Jonas — texte qui nous raconte l’histoire du prophète d’une façon fort différente de celle qui nous plaît le plus, avec l’effroi, la fuite, le naufrage, l’odyssée marine bien à l’abri du ventre du gros poisson etc. — je m’étais déjà fait la remarque que je manquais souvent d’indulgence, ce qui me ramenait inconsciemment à mes guerres actuelles. Je ne suis pas certain d’y parvenir mieux aujourd’hui.

En politique, les héros politiques de notre présent sont comme les veut Racine avec Aristote : leur bonté est médiocre, leur malheur est de vouloir, sans même s’en rendre compte, celui du plus grand nombre. Les catastrophes qu’ils nous font subir depuis la « Grande Révolution », si terriblement accompagnée d’une infinité de crimes à proprement parler inexpiables et donc inexpiés, ils s’en attribuent superbement les mérites : imaginant qu’avoir rejeté la référence et la révérence au Dieu créateur de toutes choses, raison de vivre essentielle pour des multitudes, était un haut fait de civilisation justifiant qu’on leur fit confiance — des aveugles persuadés de nous conduire sur la bonne route ; qu’avoir égaré le peuple français au cœur du labyrinthe du temps sans avoir gardé la plus infime possibilité de s’en sortir par la porte de l’éternité était à considérer comme une libération des êtres alors que c’était les enfermer dans une logique de perte, une désespérance ontologique – merci à eux ; que, s’étant emparé autoritairement et sans « concertation » du quasi monopole de l’enseignement, englobant la formation des enseignants et la formulation des programmes en vue « d’arracher la jeunesse aux déterminismes sociétaux et religieux pour en faire des citoyens libres », ce que répète M. Vincent Peillon tel un perroquet posé sur la main du « Grand Maître » GOdF qu’il s’est donné, ajoutant ainsi une limitation drastique de ce qui nous restait de liberté en ces matières, revenait à enfermer le peuple dans un déterminisme totalitaire : ce que ce philosophe d’occasion n’a semble-t-il pas aperçu ; qu’avoir accepté de cautionner des théories sexualistes marquées au coin du plus insultant mépris de la nature propre à l’être humain, ce qui les a persuadés d’avoir à en rajouter par la détestable dissolution de la structure familiale normalement conçue comme base stable de la société, a fait que ces messieurs et dames nos gouvernants se retrouvent in fine fourvoyés au point que l’état de l’intelligence en notre France commence à rejoindre celui du paléolithique… (Oui oui, c’est excessif mais moins qu’on ne le juge…)

Ces « héros » là, on s’en passerait volontiers, même si l’on peut s’accorder, pour plaire à Racine, qu’ils sont farcis comme des poulets d’une purée de bonnes intentions, de celles que nous pouvons parfois approuver, de celles aussi dont le plus souvent l’enfer est pavé…

Par contre, nous avons avec nous un héros du Bien, qui par bonheur reste humain : il lui est arrivé de commettre quelques peccadilles, c’est-à-dire et par exemple des erreurs d’appréciation de la mauvaiseté du monde qui nous entoure… Il ne savait apparemment pas — on l’a vu lors de son voyage au Burkina Faso1 — que nos médias procèdent toujours par coupures et censure : vous prononcez un discours, les journalistes n’en retiendront qu’un mot ou qu’une phrase : celle justement qui leur permettra de dire tout le mal qu’ils pensent de vous si votre malheur est de vous tenir là où ils voudraient que vous ne soyez pas : ainsi tiennent-ils en haleine un public d’innocents et d’incultes.

Si vous êtes catholiques, vous ne sauriez obtenir leur indulgence pour la raison simple que la République a fait et continue de faire en sorte qu’ils ignorassent tout de votre foi. Si vous êtes royalistes ou même monarchistes, vous êtes rejetés comme des impurs chez les Juifs d’il y a vingt siècles.

Je puis en toute certitude en conclure qu’ils ne se comportent plus en journalistes, mais en juges. Des juges affairés, tels les cabris et chèvres du Général de Gaulle au sujet de l’Europe, à prononcer d’innombrables condamnations. La tragédie se discerne dans la volonté affichée de s’imposer à tous sans que l’on puisse faire savoir à quel point l’organisme du corps français s’en trouve affaibli et vicié.

Juges, en effet. Ils « savent », de science certaine, tout ce que doivent faire les citoyens quand ils votent ; les institutions quand elles agissent ; les parlementaires quand ils s’occupent à légiférer ; les enfants, les femmes et hommes quand il s’agit de sexualité ; ce que doit faire l’Église, rien d’autre que rejoindre le monde et lui complaire ! Ils ne sont plus des « informateurs », mais des enseignants-qui-jugent-de-tout en toute infaillibilité – de celle qui est déniée au Pape, naturellement. Ils savent quelle morale doit être appliquée, très éloignée bien entendu des vertus chrétiennes déclarées obsolètes. Juges qui décident de ce que doivent être les politiques sociales, sans jamais se référer à la doctrine de l’Église sur ces sujets, doctrine dont ils ne savent même pas qu’elle existe : ils y trouveraient pourtant une source profonde d’inspirations…

Il s’agit là d’attitudes « révolutionnaires » qui rappellent les mauvais souvenirs de 1792-1793, de ces attitudes qui plaisent si étrangement aux gens de gauche : car ici je ne me soucie que des journalistes de gauche, c’est-à-dire de presque tous. Les autres ne le sont pas parce qu’ils ont réussi à ne pas trop se laisser imprégner de ces ignorances « grâce » auxquelles on peut se permettre de ne rien comprendre à celui qui ne vous ressemble pas.

L’ignorance de ce qu’est le catholicisme, l’ennemi héréditaire des francs maçons purs et durs, est telle chez les journalistes comme chez la plupart des politiques de gauche qu’ils en deviennent touchants lorsqu’ils entendent parler de lui : la confusion est totale, et le florilège des sottises entendues devient obèse. Mais comment être un élu du peuple français quand on ignore ce que révère plus de la moitié de ce peuple ? Il est vrai que lui aussi commence à devenir ignorant du fait des incohérences et autres erreurs médiatiques (volontaires souvent) comme de celles de l’Église de 1968 aux années 1990… ; du fait également des pressions mentales de tout type exercées par les médias – les chaînes de télé sont très fortes pour « attacher » ou convertir à l’ultra-médiocrité ambiante les pauvres téléspectateurs : pouvoir incontournable et apparemment absolu qui se prend pour « le » seul pouvoir, lié bien entendu à celui des occultes, leurs vrais maîtres).

(Oui, je ne parviens toujours pas à être indulgent, mais je vais m’y essayer, quoiqu’avant de l’être il faut que j’aille jusqu’au bout ou presque – pour n’être pas trop long – de ce que je cherche à m’expliquer…)

Donc, quand Benoît XVI parle du « concile des médias », l’expression soulève une poussière de réflexions diverses : à gauche il va de soi qu’on en sourit d’aise, car cela signifie que la gauche est parvenue à ses fins en annulant le concile réel, du moins le croit-elle.

Certains m’ont dit que le Pape exagérait, que les journalistes subissaient eux-aussi l’air du temps : mais qui fabrique cet « air du temps », sinon eux ? D’autres ont été si agressifs que j’en ai été effrayé : allant jusqu’à sortir les gros mots et même celui de mitraillette qu’on nomme aujourd’hui kalachnikov… à croire qu’il ne s’en fabrique plus qu’en Russie. Parfois, une heureuse conversation avec des points de vue complémentaires : comment penser à tout ? Même seul devant le clavier ?

Je crois que, non seulement il n’a pas exagéré, mais qu’il a volontairement adouci ses expressions…

Je change de registre et je me tourne vers l’usage que l’on fait de notre langue. Là encore, les journalistes, parce que mal enseignés – et cette fois je ne leur attribue pas la responsabilité de la décadence et les considère comme des victimes qui ont seulement le tort de ne pas chercher à s’améliorer – sont les fers de lance de l’abaissement du français, notre langue maternelle (et non « parentale » comme voudrait qu’on la nomme une dame députée, sans doute une des plus stupides qui soit à siéger au Parlement).

Ainsi, nous apprenons que la SNCF va lancer des trains « low cost » qu’elle nomme « We go »… Surprenant et laid ! Presque tous les journalistes ont repris l’expression, incapables de traduire la sottise mais aussi l’outrage senécéfesque envers les Français… « Prix bon marché » ça existe, non ? ! Ou « billet à bas prix » ou plutôt « à prix bas », encore « peu coûteux » ou « abordable » et « avec réduction » etc.. Ces gens n’ont aucunement l’idée qu’un peuple doit, de droit, entendre sa langue et non le sabir en vogue chez ces abrutis de snobs, ces indélicats esclaves des modes. La surenchère actuelle des importations de mots est certes grotesque mais surtout avilissante et pire que jamais

Un commentateur en verve sur RCF a réussi à faire rire de tant de bêtise, et je m’en suis réjoui, quoique tout de suite après son intervention vivifiante les auditeurs ont eu droit à une chanson tout en anglais2… C’était pourtant bien l’occasion de faire savoir que la chanson française continue d’exister…

Dans un petit dossier que j’alimente régulièrement, notamment grâce à l’ami Christian Immarigeon, j’ai accumulé un certain nombre de fantaisies révulsantes qui me donneront l’occasion de frapper sur le clou.

J’ai déjà dit il y a quelque temps combien il m’arrivait d’être excédé par l’abondance de ces chansons en étranger anglophone : je ne parviens plus à les « accueillir », attendant avec impatience que l’on finisse par penser que le français peut chanter et fort bien, mais aussi l’italien, l’espagnol, le russe, l’allemand, le grec, le roumain, etc.. J’aimerai parfois entendre une chanson provençale ou basque, ou béarnaise… une chanson en swahili, en cambodgien, etc.. Rien ne me déplaît davantage que de constater que tous les médias cherchent à faire de moi un « bilingue » : que celui qui désire ardemment être bilingue, qu’il s’en occupe par lui-même. Non, je ne serai jamais un bilingue car ce serait favoriser indûment et même criminellement l’hégémonie de cette autre langue qui cherche à s’imposer à tous les peuples.

Quand aux touristes qui ne savent pas l’anglais basique, langue hideuse, qu’ils se dotent d’un petit appareil traducteur qui leur permettra de demander leur chemin, d’acheter du pain ou des pommes de terre, de remarquer combien le paysage est beau, leurs hôtes gentils etc., etc..

Je pardonnerai à tous quand ils demanderont pardon. Jusque-là je mets ce pardon en réserve.

  1. La presse a sauté comme un cobra sur le mot sida non accompagné du préservatif salvateur, et aussitôt Benoît XVI fut accusé de vouloir la mort du genre humain : laissant croire au pauvres incultes qu’il n’avait rien dit d’autres… e qu’il était donc un criminel.
  2. J’ai déjà dit il ya quelque temps combien il m’arrivait d’être excédé par l’abondance de ces chansons en étranger anglophone : je ne parviens plus à les « accueillir », attendant avec impatience que l’on finisse par penser que le français peut chanter et fort bien, mais aussi l’italien, l’espagnol, le russe, l’allemand, le grec, le roumain etc.. J’aimerai parfois entendre une chanson provençale ou basque, ou béarnaise… une chanson en swahili, en cambodgien etc.. Rien ne me déplaît davantage que de constater que tous les médias cherchent à faire de moi un bilingue. Non, je ne serai jamais un bilingue car ce serait favoriser indûment et même criminellement l’hégémonie de cette autre langue qui cherche à s’imposer à tous les peuples.