Dans le remue-ménage intellectuel qui caractérise notre époque, le néo-féminisme occupe une fonction importante. On ne saurait, certes, contester l’intérêt d’une réflexion sur la condition féminine, dès lors qu’elle n’exclut pas ce qu’on pourrait appeler la vocation propre de la femme. Or il se trouve qu’influencé par la théorie du gender, un certain militantisme se trouve aux prises avec une étrange contradiction : comment concilier une stratégie de promotion de la femme avec une idéologie qui tend à effacer sa nature même ? Par ailleurs, la montée progressive de ce militantisme dans la violence verbale aboutit à une déclaration de guerre à l’égard du sexe masculin, coupable d’une domination patriarcale immémoriale.
Reconstruire le lien familial
Qu’il y ait des motifs historiques propres à argumenter en faveur d’un tel combat ne fait pas de doute. Mais il y a des risques de dérapage sérieux dans ce militantisme fondé sur le seul principe des effets de domination. La vie sociale, et notamment familiale, exige de tenir compte des deux polarités affectives masculines et féminines pour parvenir à des équilibres délicats.
Or, trop souvent, les offensives émancipatrices se sont traduites par des processus de destruction problématiques. Des sociologues définissent le mode de vie familial, qui se répand aujourd’hui, comme celui d’une coexistence éprouvante, avec la difficulté de se centrer sur le couple et les enfants. Dans une logique individualiste, un tel processus est inéluctable. Il convient alors de réfléchir sérieusement à une reconstruction du lien social et familial, alors qu’il n’est question que de déconstruction.
Le génie du christianisme
Si l’on se tourne vers l’histoire du christianisme, on constate que, dès les origines, il y a eu volonté de fonder l’union conjugale sur un consentement mutuel et l’affection des époux dans la durée, avec la perspective d’accueillir des enfants. L’époque contemporaine s’est caractérisée par un immense effort pastoral en ce sens. Et il n’y a pas de raison que l’Église se détourne de cette orientation qui est une forme de ce que Chateaubriand aurait appelé « le génie du christianisme ».
Il convient, dans ces conditions, de ne pas se laisser impressionner par des attaques néo-féministes à l’encontre de cette tradition. Lorsque Mme Violaine de Filippis, avocate, prétend relier ce qu’on appelle les « féminicides » à notre culture judéo-chrétienne, en faisant appel à la notion bourdieusienne d’effet systémique, non seulement elle marque son ignorance, mais elle empêche de restituer dans sa pleine lumière le mariage chrétien et ce qu’il apporte d’équilibre à une société. La solution à nos difficultés ne surgira pas de ce genre de polémiques qui n’ont, à court et long terme, que des effets délétères. Le malaise considérable qui s’attaque en ce moment à nos adolescents devrait conduire à un examen apte à nous libérer des tendances mortifères qui nous assaillent.