Haïti, Guinée, Côte d'Ivoire, improbables élections - France Catholique
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Haïti, Guinée, Côte d’Ivoire, improbables élections

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Elections à surprises en Guinée-Conakry, en Côte d’Ivoire et en Haïti. La démocratie ne se porte finalement pas si mal dans les pires des situations.
Premières élections véritablement nouvelles dans ces trois pays à problèmes. La sortie de dictature ou de régime à parti unique, d’élections dont le résultat à 90% était connu d’avance, n’est pas facile. Il faut un commencement à tout. L’organisation de bureaux de vote, la tenue d’une campagne, même facilitées par l’argent de la communauté internationale, nécessitent un apprentissage. En Côte d’Ivoire et en Haïti, d’importantes forces armées des Nations Unies sont présentes, le secrétaire général des NU y a un représentant spécial, la surveillance du processus est quasi universelle. Ces trois pays sont certes, à des degrés divers, marqués par l’analphabétisme et la pauvreté. Haïti constitue un cas limite. Sa capitale a été frappée par un tremblement de terre dont elle ne se remettra pas avant une décennie au moins. La population souvent misérable est soumise à des habitats précaires et à des épidémies. Et d’aucuns de désespérer, de parler de chaos.

Les trois expériences conduisent au contraire à positiver. On l’a déjà dit du premier tour des élections ivoiriennes. Le second tour le 28 novembre a été à l’avenant, avec pour la première fois dans l’histoire du pays, un face-à-face télévisé dans les jours précédents le scrutin. Quand l’on sait l’anathème dont relève depuis la mort d’Houphouet-Boigny (1993) le candidat Alassane Ouattara, son dernier premier ministre, on ne peut que saluer le parcours accompli par les Ivoiriens dans leur ensemble. Les partisans, les chevaux-légers des deux candidats peuvent s’affronter sur la proclamation des résultats, chacun sait que la Côte d’Ivoire a tourné une page.

Qu’elle l’ait fait dans le même sens que la Guinée-Conakry voisine dénote une cohérence sociopolitique. L’éternel opposant Alpha Condé, largement distancé au premier tour, l’a finalement emporté d’une courte tête au second tour. Large surprise comme celle d’un succès de Ouattara, tous deux candidats du Nord, Malinké et Dioula. Après de longues hésitations, ils n’ont pu qu’être officiellement déclarés gagnants. N’est-ce pas un progrès considérable, impensable il y a encore quelques jours ?

A Haïti, la situation est largement différente mais l’on a assisté également le 28 novembre à une défaite des pouvoirs en place. Le candidat et futur gendre du président sortant René Préval, Jude Célestin, arrive loin derrière les premiers candidats que sont le chanteur Michel Martelly (dit Sweet Mickey) et une ancienne éphémère première dame, Mirlande Manigat. Quelles que soient les contestations, voici enfin du nouveau. Le second tour n’est prévu qu’en janvier.

D’où viennent les commentaires négatifs ? Souvent des membres locaux des organisations internationales et des organisations non gouvernementales qui constituent un protectorat qui n’ose pas dire son nom. Des autorités officielles non légitimes qui sont leurs interlocuteurs, ils n’attendent rien, mais ils ont tout loisir de s’y substituer. Des autorités plus populaires, vite taxées de populisme, sont bien plus difficiles à manipuler (sans connotation péjorative, simplement pour le bien commun, mais qui le définit ?). Finalement, ces trois exemples sont une redécouverte du peuple dans son acception la plus authentique, quelle que soit le vote formulé par les divers individus qui le composent. Le Peuple, une belle notion bien souvent oubliée, seul fondement, quand il se retrouve, de la démocratie.