Habemus papam - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Habemus papam

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Ne participant pas au festival de Cannes, je n’ai pu voir un film dont on parle beaucoup, surtout en Italie et qui concerne la papauté. Mais comme le motif de fond de ce film, qui s’appelle Habemus papam, a été largement exposé dans la presse et donné lieu à des commentaires, je me permets d’intervenir sur un sujet de réflexion qui mérite une discussion approfondie. Donc, je ne dirai rien des intentions du réalisateur Nanni Moretti, dont on dit qu’elles ne sont pas hostiles au catholicisme, et de l’interprétation de Michel Piccoli que l’on dit très remarquable. Le problème posé est celui de la conscience d’un homme, en l’espèce un présumé cardinal qui se trouve, en dépit de lui-même, propulsé sur le siège de Saint Pierre. Effrayé par une responsabilité qui l’écrase, le pape promu se dérobe à sa charge et se laisse aller, notamment devant un psychanalyste, aux affres de son incertitude et de sa fragilité.

Il s’agirait en somme d’une parabole où, au-delà de l’exemple archétypal de la papauté serait mis en scène le désarroi intime de notre commune humanité contemporaine. Il s’agit, écrit Jean-Luc Douin dans le Monde, de « dénoncer une vacance de tous les pouvoirs dans une société paralysée par une dépression chronique ». Morreti, toujours d’après le même critique, est hanté par l’impossibilité actuelle d’assumer sa vie selon des convictions enracinées. J’en conclus qu’en choisissant la situation extrême de l’homme qui assume la plus lourde charge morale du monde, le réalisateur a voulu porter à son degré extrême la fondamentale incertitude d’une psychologie narcissique et désintégrée.

Je ne suis pas du tout scandalisé, au contraire, parce qu’il m’est arrivé souvent de mesurer le prodigieux acte de foi que suppose l’acceptation de la succession de Pierre. C’est Benoît XVI qui a évoqué à ce propos l’image de la guillotine. Tous les papes ont éprouvé, dans la crainte et le tremblement, l’incroyable aventure qui s’ouvrait à eux. Mais qu’on se souvienne, pour prendre ce seul exemple, de Jean-Paul II, de sa sérénité profonde, de son extraordinaire faculté de rentrer en lui-même pour trouver la source vive de la prière. Il y a simplement l’hypothèse Dieu et de ce que sa réalité vivante peut réaliser au cœur d’une personne. C’est l’hypothèse qui manque à la culture contemporaine et sans doute a notre réalisateur italien.

Chronique lue le 17 mai à Radio Notre-Dame