Au terme de l’audience de ce mercredi matin, 16 septembre, en la salle Paul VI du Vatican, comme la semaine dernière d’ailleurs, il semblait que les personnes qui venaient saluer le Pape et embrasser avec affection et dévotion la main qui porte l’anneau du pêcheur, oubliaient, dans leur émotion, que ce poignet a été cassé le 17 juillet dernier, au début du séjour de Benoît XVI au chalet des Combes, dans la Vallée d’Aoste, et qu’il est encore légèrement enflé.
Le Père Federico Lombardi avait indiqué à ce moment-là, que le pape, âgé de 82 ans, avait fait une chute dans sa chambre, la nuit, – il connaît mal les lieux -, qu’il avait été « conduit à l’hôpital pour des examens » : ce n’était « rien de grave ».
On suppose que le Pape a célébré la liturgie des heures, puis, comme l’a indiqué le Père Lombardi, a dit la messe, avant de prendre son petit-déjeuner. C’est seulement ensuite qu’il a été conduit à l’hôpital d’Aoste, et il en a franchi le seuil debout.
Le médecin du Pape, le Dr Patrizio Polisca, a indiqué que la fracture avait nécessité une intervention chirurgicale – sous anesthésie locale – pour une « réduction » et une « ostéosynthèse », et « pose d’un plâtre ».
À sa sortie de l’hôpital, le Pape a salué les journalistes, de la main gauche en souriant, le poignet droit plâtré. Le Pape est rentré en voiture au chalet des Combes en milieu d’après-midi. Un contrôle a montré, le 25 juillet, que la convalescence se passait bien.
Le lendemain, le Pape souriait, à l’angélus en disant : « Je rends grâce à Dieu qui m’a accordé la joie de ces journées marquées par une vraie détente – malgré le petit accident que vous savez et qui est visible ». Pour bénir les milliers de personnes accourues aux Combes, le Pape avait enlevé son écharpe médicale dès le premier angélus après l’accident.
Et au moment de quitter Les Combes d’Introd où il avait passé plus de deux semaines de vacances, le Pape a évoqué la chute en disant que son ange gardien – qui ne l’a pas empêchée – avait certainement suivi des « ordres supérieurs » : « Peut-être que le Seigneur voulait-il m’enseigner à être plus patient, plus humble, me donner plus de temps pour la prière et la méditation », a dit Benoît XVI.
Le Pape a également remercié, lors de l’angélus du 2 août, les personnes qui lui ont témoigné de l’affection : « Merci pour la proximité spirituelle que de nombreuses personnes m’ont manifestée lorsque j’ai eu le petit accident au poignet de la main droite aux Combes. » Mais il n’a pas pu écrire comme il l’avait prévu pendant ses vacances.
Un peu plus d’un mois après, le 21 août, son médecin personnel, le Dr Patrizio Polisca, lui a retiré son plâtre, à l’infirmerie du palais apostolique de Castelgandolfo. Une radiographie de contrôle a mis en évidence « la consolidation de la fracture ». La rééducation a ensuite commencé.
Visiblement, le Pape a évoqué sans cesse cet accident avec distance et humour, et comme en minimisant. Je me demande pourtant qui prendrait le temps de dire les laudes, de participer à la messe et de prendre son petit déjeuner, avant d’aller à l’hôpital, s’il se fracture le poignet pendant la nuit ? On dira que le pape Ratzinger est fait de l’étoffe solide des habitants des Alpes bavaroises, soit. On comprendra surtout une exquise délicatesse du cœur alliée à une maîtrise de soi peu commune : il n’a voulu déranger personne, de nuit.
Pas une plainte, et Dieu premier servi. Pourtant aussi, à côté de la souffrance physique, c’est une souffrance quotidienne pour un musicien de ne plus pouvoir toucher le piano – sauf à jouer le concerto pour une main de Ravel – et pour un théologien et auteur spirituel de ne plus pouvoir écrire. Que de renoncements. Même si, en dépit de sa fracture, le Pape a pu travailler au second tome de son livre Jésus de Nazareth qui devrait être publié au printemps 2010.
« Chers malades, puissiez-vous trouver en Marie réconfort et soutien pour apprendre du Seigneur crucifié la valeur salvifique de la souffrance », a dit le Pape au terme de l’audience de ce mercredi.
N’en déplaise à cet humoriste qui s’est lancé dimanche dernier, sur France 2, invité de Michel Drucker, dans une caricature de la bénédiction du Pape, le bras droit dans le plâtre. Monsieur Gerra, vous nous aviez habitués à affiner vos imitations, celle-ci était grossière et on regrette les rires qui l’ont saluée. On voit que vous n’avez pas pris le temps d’étudier la personnalité du Pape et que vous ne le connaissez pas.
Revenons à l’audience de ce mercredi. Une fanfare italienne a offert au Pape l’hymne européen – de la 9e de Beethoven – déchaînant l’enthousiasme de toute la salle Paul VI : jamais peut-être l’atmosphère n’est aussi bon enfant que lorsque la salle – comble – rassemble ainsi en « petit comité » les visiteurs du monde, leurs chorales et leurs ensembles musicaux autour du Successeur de Pierre.
Le Pape a invité les jeunes notamment à suivre l’enseignement spirituel de St Syméon le Nouveau Théologien, à chercher comme lui un guide spirituel, et à laisser jaillir de leur cœur, pour les autres, l’amour même du Cœur du Christ. « L’amour de Dieu grandit en nous si nous demeurons unis à lui par la prière et par l’écoute de sa parole », a dit Benoît XVI. n