Fondé au début du XXe siècle sous le nom d’Ouest-Eclair, par un prêtre qui souhaitait que les milieux ruraux s’intéresse à la politique nationale au lieu de se contenter de la subir, le quotidien Ouest-France est aujourd’hui le plus grand quotidien de France.
On ne peut donc que se sentir quelque peu concerné par ce qu’y écrivent les éditorialistes. Or l’un d’eux, Jacques Le Goff, vient de réunir, sous le titre Graines de quotidien à la Une d’Ouest-France environ quatre-vingt de ses articles écrits de 2001 à 2011.
Il est difficile en un court article de donner une idée de la richesse de ce livre aux thèmes variés, qui partent toujours de « l’événement ». Par événement, il faut entendre tantôt l’incident banal, ou la nouvelle stupéfiante. Le bébé vendu par ses parents qui voulaient s’acheter le « portable dernier-cri » aussi bien que la réussite du premier clonage.
Professeur de droit public à l’Université de Brest, l’auteur se pose et nous pose fort souvent des question concernent LE droit et LES droits, LA justice et LES injustices.
Mais il ne s’y enferme pas. Pour échapper à tout ce qui risque d’enfermer l’universitaire dans un cénacle confiné, il a voulu, il y a 35 ans, devenir inspecteur du travail. Puis il est devenu journaliste avant de retourner à l’Université.
Ce qui l’a incité à devenir journaliste c’est, dit-il, le désir de partager ses convictions. Des convictions profondément chrétiennes, qu’il exprime sans étroitesse et sans insistance. Il sait à la fois voir de près et penser très loin, souvent à l’aide des pensées de gens qu’il admire. Parmi lesquels Emmanuel Mounier, dont il aime l’indépendance d’esprit à l’intérieur d’une foi ardente. Comme les vrais « enseignants » de tout niveau, Jacques Le Goff cherche à provoquer la réflexion de ceux qui le lisent.
Il y réussit, puisque nous sommes nombreux à découper ceux de ses éditoriaux qui ont rencontré notre adhésion parfaite ou, au contraire, ont provoqué une certaine surprise amenant à la réflexion. Sans doute est-ce qu’il souhaite. Surtout lorsqu’il touche à des questions scientifiques ou morales particulièrement ardues pour le commun des portels.
Ainsi le jour où il parle d’Yves Coppens (autre Brenton), le paléontologue professeur au Collège de France. Cet éditorial prend une dimension philosophique que son style clair rend accessible à la plupart des lecteurs.
Or Yves Coppens rencontre Brunor ? Le titre de Jacques Le Goff est : « L’origine n’est pas le commencement ». Cela ne vous rappelle-t-il pas « Le hasard n’écrit pas de message ? » Cet éditorial est à lire avec les adolescents frottés de science et qui doutent de l’existence d’un esprit créateur. Jacques Le Goff parle, lui, après Coppens « d’une énergie primordiale dont on peut s’autoriser à penser qu’elle fut spirituelle.
Jacques Le Goff, collection Essais, Presse universitaires de Rennes, 270 pages, 20 e.