Goudji : orfèvre de l’éternité - France Catholique
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Goudji : orfèvre de l’éternité

Goudji, un des plus grands orfèvres, crée depuis quarante ans des œuvres qui amenuisent la frontière entre profane et art sacré.
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Son œuvre est inclassable. On l’a appelé le « Benvenuto Cellini de l’an 2000 » – grand orfèvre et sculpteur de la Renaissance florentine, mort en 1571 –, ou encore le « magicien d’or ». Auteur de plus de quarante œuvres dans le chœur de la cathédrale de Chartres, du grand ostensoir des processions de Lourdes, de la châsse de Padre Pio à San Giovanni Rotondo, il est un des premiers créateurs d’art sacré aujourd’hui. Mais pas seulement.

Il fuit l’Union soviétique

« Je suis né à Paris à l’âge de trente-trois ans », raconte-t-il. Né en Géorgie soviétique en 1941, sorti d’URSS en 1974 grâce à l’intervention de Georges Pompidou, fuyant le système communiste qu’il exécrait, il arriva à Paris avec son épouse Katherine Barsacq et leur fils. Goudji est d’origine orthodoxe – il a découvert seul l’existence de Dieu à neuf ans, en pleine époque soviétique – mais il travaille souvent pour l’Église catholique. Son art est mystique : il sertit dans les métaux précieux les pierres précieuses de la Jérusalem céleste du livre de l’Apocalypse.

Pas si simple d’expliquer ce que tous les amoureux de l’art de Goudji ressentent en contemplant ces précieux objets : à la fois un plaisir sensuel et une joie spirituelle très haute. Ces merveilles nécessitent ce qu’Henri Guérin, le grand peintre-verrier, appelait « la patience de la main ». On ne sait ce que ses admirateurs plébiscitent en premier : l’inspiration inépuisable et sans cesse renouvelée, le style très personnel, ou la perfection de l’exécution, servie par une capacité de travail hallucinante.

Fait étonnant, il affirme voir chaque nuit en rêve avec précision ses œuvres à venir, et les dessine au réveil le lendemain matin : c’est un don, au véritable sens du mot. C’est un des côtés fascinants de cet artiste, qui est aussi un homme attachant par sa noblesse de cœur et sa simplicité.

Litanie des pierres précieuses

La technique de Goudji consiste à sertir les pierres dures – parfois appelées de façon erronée semi-précieuses – dans le vermeil ou l’argent, à la place de l’émail cloisonné. Il y enchâsse des pierres aimées depuis l’Antiquité égyptienne comme le lapis-lazuli et la sodalite, et celles qui furent chéries des orfèvres médiévaux et byzantins : obsidienne, aventurine, serpentine, jaspe, onyx, agate et cornaline, béryl et calcédoine, cristal de roche et tourmaline, émeraude et améthyste. Et d’autres, dont on ne connaissait même pas le nom, comme l’amazonite et la labradorite, l’œil-de-fer, l’œil-de-tigre ou encore l’œil-de-faucon, la néphrite, la pyrite… Leur seule litanie est un poème qui entraîne dans la rêverie, au temps jadis des hautes époques de l’art chrétien.

La cloison entre profane et sacré est ténue chez Goudji, tant chacune de ses créations semble une réminiscence du paradis terrestre perdu. Ses Bêtes enchantées à l’humour subtil ont une sérénité qui semble un lointain écho du jardin d’Éden, et une annonce de la Jérusalem céleste par la douce allégresse qui en émane. Leur sourire est un reflet de la bonté de Dieu, selon les catégories platoniciennes illustrées par Raphaël au Vatican : le Beau, le Bon, le Vrai et le Juste.

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