Georges Pompidou - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Georges Pompidou

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Nous célébrons donc le centenaire de la naissance du président Georges Pompidou. Je me souviens de sa mort, comme si c’était hier ! Le successeur du général de Gaulle à l’Élysée n’avait pu aller au terme de son septennat, emporté par une maladie qu’il avait supportée avec courage, assumant jusqu’au bout la responsabilité suprême avec une détermination qui rappelle le François Mitterrand des dernières années.

On discute beaucoup de l’aptitude des grands malades à gouverner et on s’est mis à surveiller les bulletins de santé de nos présidents avec une attention qui va au-delà des limites de la pudeur. Là-dessus, je suis assez en opposition avec l’opinion commune. L’histoire a montré comment ce n’étaient pas forcément les biens-portants qui avaient le mieux gou­ver­né. L’exemple du cardinal de Riche­lieu plaide en faveur d’une autre approche de la capacité à juger, à décider avec acuité et détermination. Mais c’est tout un débat en relation directe avec le pouvoir médiatique qui n’admet plus aucune limite à son contrôle et à ses investigations.

Il n’en reste pas moins qu’en Georges Pompidou de Gaulle a eu un digne successeur. Le Général l’avait repéré après la Libération en raison de ses capacités et de son intelligence, alors même qu’il était complètement en marge de la politique. Il n’avait même pas été un grand résistant, et d’ailleurs il n’aimait guère les divisions nationales et les blessures qui se perpétuent. J’en sais quelque chose, parce que mon ami Maurice Clavel, qui avait été un vrai résistant et avait accueilli de Gaulle au porche de la cathédrale de Chartres après la bataille de Normandie, avait été assez impitoyable avec le Président sur le sujet. Il est vrai qu’il y avait pour lui une dimension symbolique qu’il voulait perpétuer pour la génération de 68. Cela n’empêcha pas Pompidou de faire preuve d’un sens politique aigu, débordant le Général lui-même au cours de la crise de 68, afin de recueillir la charge de la succession dans une démarche quasi œdipienne. Il avait tué le Père, mais pour assumer pleinement sa succession. Et puis, il y a une nostalgie Pompidou, avec ces années de croissance, la fin des Trente Glorieuses avant que la croissance ne soit plombée par le choc pétrolier. Mais on ne vit pas de nostalgie. Pompidou devrait surtout nous inspirer une certaine idée de l’État.

Chronique à Radio Notre-Dame le 6 juillet 2011