Gentilles coucheries: pas bien moral ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Gentilles coucheries: pas bien moral ?

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L’amour au milieu des ruines (Edward Burne-Jones, 1894)

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L’argument majeur des « gentils compagnons » 1 réside dans leur engagement d’amour mutuel, et que cet engagement est moralement suffisant pour justifier leur comportement.

Ce n’est pas un argument sérieux. De deux choses l’une: ou bien le couple s’est engagé pour toujours, ou bien il n’y a pas d’engagement. S’ils se sont engagés, quel empêchement à leur mariage ? Le bureau des licences de mariage est à quatre pas (en voiture) de chez eux. L’homme est la seule créature capable de faire une promesse, engageant son avenir avec quelqu’un d’autre, là, tout de suite. Faisant une telle promesse, et s’en réjouissant, il serait bien naturel qu’il la prononce publiquement.

Une promesse à titre privé repose trop précisément sur des sentiments privés, et, en cas de dispute, on se heurte au dilemme « parole contre parole ». Mais lorsque la promesse est faite publiquement devant un représentant du peuple ou de l’Église, elle est alors un engagement solennel, vous dites: « je prends cet engagement, et je te le dédie.» Ce « bout de papier » méprisé par les « gentils compagnons » est le témoin d’un tel engagement pris devant ses concitoyens ou ses coreligionnaires, et par lequel on se soumet aux lois le régissant — la révolution sexuelle n’a pas encore réussi à vider ces lois de leur substance.

Le-dit engagement des « gentils compagnons » a un côté équivoque. Il semble impliquer tout ce qu’implique le mariage sans vraiment le faire. Les « gentils compagnons » se mentent à eux-mêmes, se mentent mutuellement, et mentent à tout le monde. Imaginons qu’ils ont fixé la date de leur mariage. Ont-ils l’intention de la confirmer, ou non ? Si oui, pourquoi pratiquer l’acte sexuel avant? Pourquoi consommer avant le mariage ?

L’intention de prononcer un vœu n’est nullement l’engagement proprement dit. Pour quelle raison l’acte susceptible d’engendrer un enfant précèderait-il le vœu de le faire naître au sein d’un amour indissoluble ? Pourquoi l’acte qui, dans le langage des corps, dit « je t’appartiens entièrement, et seulement à toi », précèderait-il le vœu qui permet ce langage et le fixe dans une communauté qui le prend pour vrai? Est-ce seulement parce que les « gentils compagnons » veulent faire une grande fête, et ça prend du temps à préparer, ou parce qu’ils veulent un mariage religieux (sans toutefois observer les Commandements) ? Pourquoi ne pas s’abstenir avant?
Nous voici au cœur de la question. Une action est concrète, une intention privée est vague et incertaine. Les « gentils compagnons » ont l’intention de se marier, plus tard. Mais ils veulent forniquer tout de suite. Dites à des « gentils compagnons » qui ont fixé une date « vous devrez vivre séparément cette année, et promettre de rester chastes. » Réponses possibles: « pas sûr de tenir le coup, allons tout de suite au bureau des mariages.» Ou bien: « chasteté? qu’est-ce que ça change ? » — réponse pleine de contradiction, car ils ont implicitement agi comme si l’acte sexuel était une garantie totale d’amour réciproque indéfectible, et maintenant, ils ont l’air de prendre cette interdiction comme si on leur suggérait de ne pas aller au cinéma. Ou bien, ils sont d’accord. Et alors, pourquoi n’être pas restés chastes tout le temps ?
Pas besoin de chercher pourquoi. Les « gentils compagnons » ont envie de coucher ensemble. Ils se trouvent mutuellement attirés. Ils sortent ensemble pour grignoter une pizza, ou assister à un match. Ils « sortent ensemble ». Et, de fil en aiguille… Les plus scrupuleux ajournent, attendent quelque temps, se livrant à des gestes contraires à la lettre comme à l’esprit de la chasteté. Ils peuvent bien avoir une attitude tout-à-fait légaliste dans leur interprétation de la morale sexuelle: « nous ne le ferons pas avant de nous sentir vraiment amoureux, vraiment engagés. »

Ils entament leur activité sexuelle non par amour, mais pour vérifier qu’ils peuvent s’aimer l’un l’autre; c’est non pas un acte de don mutuel, mais un essai. Il y a des arrière-pensées. Les « gentils compagnons » déclarent: « nous sommes engagés l’un envers l’autre,» mais comme cet engagement est fondé davantage sur les sentiments et les intentions que sur un vœu prononcé publiquement, aucun des deux ne peut savoir avec certitude ce qu’il contient pour soi-même ou pour le partenaire. Au cours de l’acte sexuel, le corps se dit: « c’est un acte conjugal.» Mais le « gentil compagnon », au moment intense du plaisir, éprouve une réserve: « je suis en train de découvrir si ce serait acceptable en tant qu’acte conjugal.» La compagne peut se dire « si j’accepte, il m’épousera,» tandis que son compagnon pense: « si elle ne veut pas, je ne l’épouserai pas. »

Et donc les gentilles coucheries forment un mélange bizarre d’hédonisme, d’amour authentique mais teinté de compromissions, d’insouciance envers l’enfant éventuellement conçu, d’indifférence à l’égard des autres, d’espérances et de tromperies. Et, par-dessus tout ça, la négation de la parole de Dieu.

  1. NDT: cet article fait suite à « Gentilles coucheries » paru le 3 août 2011.