Geneviève Moll - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Geneviève Moll

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En finira-t-on jamais du conflit entre Israéliens et Palestiniens ? Cette question est permanente depuis la fondation de l’État d’Israël. À certains moments, on a bien vu que tout était possible. Il y a bien eu le miracle de la visite du président égyptien Sadate à Jérusalem, entraînant une paix durable entre deux pays qui s’étaient durement combattus. Il y a eu la poignée de main inoubliable entre le général Rabin et Arafat dans les jardins de la Maison Blanche. C’était hier, c’était dans un autre siècle ! Pour se rafraîchir la mémoire : 13 septembre 1993 ! Cela semblait être le couronnement victorieux de ce qu’on appelait à l’époque le processus d’Oslo. Hélas, on sait ce qu’il en est advenu, avec l’assassinat de Rabin et l’envolée d’un grand rêve. Tout semble bloqué et l’opération israélienne sur Gaza a laissé un goût de cendre, nous faisant presque oublier tous nos espoirs.

Les passions grondent, les débats sont plus que jamais incandescents. J’en sais quelque chose pour bien connaître quelques-uns des protagonistes qui sont d’ailleurs des intellectuels de chez nous. Si opposés soient-ils, ils ont quelque chose à dire qu’il faut écouter parce qu’ils manifestent une irrécusable part de vérité. Par exemple je connais depuis fort longtemps Pierre-André Taguieff, qui est un chercheur de très grande qualité. Depuis des années, il analyse de la façon la plus argumentée ce qu’il appelle « la montée de la judéophobie ». Les textes sont là, irrécusables, souvent affolants. Mais par ailleurs, il y a tous ceux, et ils sont légions, qui dénoncent l’islamophobie. Il y a aussi ceux, tel, mon ami Regis Debray, qui interpellent Israël en raison même de leur amitié pour le peuple juif, afin de dénoncer une situation qui lui semble insupportable.

Dans son dernier livre, Regis Debray interpelle son ami Elie Barnavi, historien et ancien ambassadeur d’Israël en France, sur la situation faite aux Palestiniens. Barnavi lui répond d’ailleurs à la fin du livre pour lui donner en grande partie raison, mais en mettant ses seuls espoirs dans une intervention américaine. Celle-ci paraît problématique, si l’on observe l’attitude irrésolue du président Obama. La lettre ouverte de Regis Debray à son ami suscite déjà une sérieuse controverse. Le Point a notamment publié un entretien avec Claudse Lanzmann (le réalisateur du film Shoah) qui n’est pas tendre pour l’intéressé à qui il reproche de manquer d’empathie pour un peuple marqué par « une vulnérabilité ontologique ». Je suis d’autant plus touché par cet échange que j’ai vécu plusieurs mois en direct avec Jérusalem ou ma propre fille était stagiaire dans un quotidien israélien, tout en habitant dans le quartier arabe de la ville. Je dois dire qu’elle était sérieusement indisposée quand elle entendait que la France était redevenue un pays foncièrement antisémite. Refrain qu’elle a retrouvé d’ailleurs dans son campus d’université américaine. C’est qu’il est bien difficile de s’exprimer de façon juste sur un tel sujet. J’ai le sentiment qu’une contribution comme celle de Régis Debray, même si on est en désaccord avec lui, à le mérite de faire réfléchir sur le fond. Cela ne dépassionnera sûrement pas la controverse mais lui permettra de mieux saisir les données d’un drame interminable.

Chronique sur Radio Notre-Dame du 18 mai avec Geneviève Moll, écrivain biographe, journaliste, rédacteur en chef et chroniqueuse à France 2, préfacière du livre de Khalil Al Doulaimi « Saddam, les secrets d’une mise à mort livrés par son avocat » (Sand).

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