La présence de frère Samuel, ce matin à Radio Notre-Dame, évoque évidemment pour moi la belle congrégation religieuse à laquelle il appartient, sans oublier son fondateur le père Marie-Dominique Philippe. Tout de même, dans une Église que l’on dit anémiée et parfois en défaut de communication avec la jeunesse, la vitalité de la communauté Saint-Jean constitue un exemple remarquable de ce que la grâce de Dieu suscite en notre temps, ainsi que cela a toujours été le cas d’ailleurs dans les périodes de crise ou les périodes charnière. Je ne peux jamais m’empêcher de penser à la mission prodigieuse des grands fondateurs au moment de la Contre-Réforme, alors que l’on pouvait considérer l’Église catholique comme exsangue ou abattue. C’est à ce moment là que la Providence appelle une Thérèse d’Avila à réformer le Carmel, un Ignace de Loyola à fonder la Compagnie de Jésus. Plus tard, un Vincent de Paul créera, avec Louise de Marillac, une nouvelle famille religieuse dont nous sommes toujours les tributaires quatre-cent-cinquante ans après la mort de ces deux grands saints.
Le père Marie-Dominique Philippe a fondé la communauté Saint Jean en une période très difficile, alors même que régnait un réel découragement et que certains annonçaient la fin de la vie religieuse et désormais l’impossibilité de vivre le célibat consacré. Les grandes congrégations étaient perturbés, avec des départs massifs vers la vie civile. D’ailleurs, c’est la fin même de l’institution Église qui était annoncée, son « éclatement » évident ne laissant plus de chance qu’à un néo-christianisme recyclé on ne sait comment. Le mythe joachimite (du nom de Joachim de Flore) dont le cardinal de Lubac a fait alors opportunément l’histoire, était réactivé. Ce qui signifiait que l’Église telle qu’on l’avait connue était morte et qu’une autre allait apparaître sur ses ruines. C’est alors que sollicité par quelques jeunes gens, le père Marie-Dominique Philippe s’est voué, dans le dernier versant de sa vie, à une mission de fondateur qui le surprenait lui-même. Certes, les difficultés, les épreuves n’ont pas manqué depuis les premières années de la communauté, mais avec ces centaines de frères et de sœurs, elle est bien là, présente en France et dans le monde, avec un air de jeunesse qui frappe tous ceux qui peuvent participer à ses nombreuses activités apostoliques.
Ce fut mon cas, cet été, à Saint Quentin-sur-Indrois, où elle est l’héritière d’une magnifique propriété, avec une foule de jeunes participants à un festival spirituel étonnant. Ce qui est remarquable, c’est en particulier ces frères, ces sœurs missionnaires ou contemplatives qui accompagnent les jeunes, dont ils sont souvent proches par l’âge. J’y ai connu à la fois une grande ferveur, un climat de joie, mais encore un désir de réflexion et d’approfondissement de la foi qui correspondent aux charismes du fondateur et des ses successeurs. Je ne doute pas dans ce même climat que le colloque à l’Unesco dont nous parle le frère Samuel sera de très belle tenue et de la qualité de certaines rencontres auxquelles j’ai pu assister notamment à Genève et à Paray-le-Monial. A un moment de vilain temps pour l’Église, on se dit que le Seigneur est bon de nous conforter ainsi en nous montrant que l’Esprit est toujours au milieu de nous, suscitant sans cesse le renouveau.
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