« Fraternité », troisième mot de la République… - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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« Fraternité », troisième mot de la République…

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La fraternité était le sujet du débat de ce matin sur RCF : j’admire combien les invités chargés d’éclairer les auditeurs étaient remarquables, intelligents, diserts alors que je me retrouvais quasi incapable sur l’instant de « disserter » sur ce thème malgré son intérêt et sa pertinence. Combien en effet il serait magnifique que, à travers notre univers, nous connaissions le règne d’une fraternité sans défaut… alors que quantité de naïfs sont en permanence assaillis par des fourbes leur promettant monts et merveilles qui se révèlent n’être que des trucs de charlatans.

Est-ce l’âge qui détruit peu à peu mes anciennes capacités ? Il me semble qu’autrefois je ne serai pas resté muet si, à l’improviste, quelqu’un, surgissant d’un fossé, m’avait à brûle-pourpoint, sommé de lui expliquer ce qu’il fallait entendre en parlant de fraternité et ce qu’il conviendrait de faire pour agir promptement en frère généreux : donnant pour exemple un voisin qui, entendant vers minuit les cris et les tambourinades de toute une des familles siennes, égarée et suppliante, afin que soient apportés, par la porte ouverte, gros pains frais, confitures savoureuses et beurre baratté de la veille pour qu’au moins la bonne dizaine des enfants du groupe puissent, enfin et bien au chaud dans la maison ouverte, assouvir leur faim devenue insupportable, voisin qui, quoique descendant ouvrir sa porte tout en maugréant et maudissant cette famille indélicate, apporterait en effet le beurre, les confitures et tout le reste de son pain, remettant à plus tard l’heureux sommeil perdu.

Je n’ai pas vraiment retenu l’essentiel de ce qui fut dit au cours de ces échanges sauf qu’aucune société ne peut négliger d’entretenir cette vertu… républicaine, puisque les mairies de France portent toutes la solennelle devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Devise dont le contenu est revendiqué par toutes les loges dites maçonniques, leurs adhérents se déclarant tous des « Frères » : « plus fraternels qu’eux tu meurs »

La Constitution française elle-même, en digne mère publique, n’a pas omis en son préambule de déclarer la nécessité pour les citoyens d’être tous entre eux respectueux de la Fraternité…

La « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » de 1789, en son Article Premier demande que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits », texte repris en 1948 comme article 1er de la plus récente « Déclaration universelle des Droits de l’Homme », en ajoutant… l’obligation de pratiquer cette fraternité : « Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité » est-il proclamé.

Robespierre fit imprimer et diffuser à la mi-décembre 1790 cette Déclaration, mais ne l’a jamais prononcée… En 1793, la Commune de Paris innova en obligeant d’inscrire la devise complète « La République une et indivisible – Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort » sur la façade de l’Hôtel de Ville comme sur tous les édifices publics de la ville et aussi sur les Monuments aux morts. Elle fut adoptée officiellement une première fois le 27 février 1848 et surtout après 1879 où elle figure depuis aux frontons des édifices publics à l’occasion de la célébration du 14 juillet. On voit que l’affaire est sérieuse et qu’il ne s’agit pas d’oublier le service de la fraternité.

La liberté, l’égalité sont des indications précises et facilement compréhensibles, du moins je le présume, mais la Fraternité, quel sens a ce concept ? Quand il s’agit des membres d’une même famille, il n’est pas difficile de concevoir qu’entre eux on imagine que règne – ou « peut » régner… – l’amitié qualifiée d’ailleurs de « fraternelle » : l’expression tient naturellement compte du lien moral qui unit chaque fratrie. Er l’on ne peut que comprendre que la fraternité épouse étroitement ces liens d’amitié ou de sympathie.

Existe donc un « lien » de solidarité qui doit unir entre eux les membres de la fratrie ». Mais on constate qu’en réalité on va beaucoup plus loin puisqu’en fait on parle très fréquemment d’une famille tout autre et d’une ampleur universelle, la « famille humaine », sorte d’énorme « fratrie » symbolique, en précisant que chacun des « membres » de cette famille doit éprouver un réel sentiment du « lien » qui doit les « unir » tous et les porter. De ce fait découle que le même lien doit exister entre les personnes appartenant à telles organisations, entreprises, équipes qui participent donc à un idéal de totale unité : ainsi, il devient concevable de tenir compte de la dimension évolutive du mot « famille ».

L’étymologie peut nous aider à mieux cerner ce que ce mot exige de ceux qui entendent pratiquer cette « discipline » bienfaisante : le sens originel du mot fraternité découle du latin fraternitas, d’où la référence à la relation entre, non seulement des frères, mais aussi entre membres d’un même groupe ou village ou nation…. Chez les latins, on peut en effet éprouver une réelle fraternité entre plusieurs peuples, entre combattants d’une même armée ! Mais dans le monde des sports, les participants d’une même équipe, notamment lors de compétitions, se savent unis entre eux qui veulent atteindre un résultat commun…

Que désigne alors ce sentiment, dont ont saisi naturellement qu’il dépasse le seul niveau des fratries ? La fraternité, au delà des familles, s’entend jusqu’aux peuples, et même jusqu’à l’humanité tout entière qu’évoque l’expression « fraternité universelle ». Elle peut avoir un sens plus ou moins large, on peut parler notamment de fraternité envers une classe scolaire, ou encore envers les combattants d’une même armée, pour aller jusqu’au sens le plus large du concept de cette « fraternité universelle » si souvent évoquée aujourd’hui et qui s’exprime notamment dans l’idéal du cosmopolitisme.

On constate donc que, poursuivant des intérêts communs, tous ceux qui sont concernés nouent entre un eux des liens qui permettent à la solidarité d’enclencher des mouvements notamment de d’amitié dite solidaire hors de quoi l’unité s’atteindrait avec beaucoup de difficultés. Le sens commun va jusqu’à désigner la création de ce lien en vue de consolider toute solidarité amicale entre les humains. Son contraire évoque fortement le drame des unions qui vont à vau-l’eau, des amitiés dissoutes, des suspicions maladives…

La fraternité n’est en rien étrangère au christianisme : pour la raison très simple qu’elle ne peut pas exister en toutes ses dimensions si elle n’est pas reliée à l’amour, tel que nous l’a enseigné le Christ.

Dominique DAGUET