« Fraternité entre Ciel et terre » - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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« Fraternité entre Ciel et terre »

La fête de la Toussaint, le 1er novembre, et celle des défunts, le 2, reposent sur la communion des saints. Cette fraternité spirituelle entre Ciel et terre nous lie les uns aux autres. Explications du Père Denis Biju-Duval, de la Communauté de l’Emmanuel, professeur de théologie à l’université pontificale du Latran, à Rome.
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Le Paradis, par Menabuoi (XIVe siècle), baptistère de Padoue (Italie).

Le Paradis, par Menabuoi (XIVe siècle), baptistère de Padoue (Italie).

© Fred de Noyelle / Godong

Qu’est-ce que la communion des saints ?

Père Denis Biju-Duval : C’est la fraternité fondamentale entre tous les fils de Dieu. Elle recouvre deux dimensions : la communion que vivent les hommes dans la vie éternelle, au-delà de la mort ; et le lien qui perdure entre les frères qui nous ont précédés et nous qui sommes sur la terre. En effet, la vie éternelle n’est pas un bonheur individuel mais elle est aussi la réalisation de tout le peuple de Dieu, de l’Église dans son état glorieux. Donc on n’est pas au Ciel tout seul, dans une juxtaposition de béatitudes personnelles : toutes les relations vécues sur cette terre trouvent leur pleine réalisation là-haut.

Qu’est-ce que cette communion nous apporte, à nous qui sommes sur la terre ?

Du point de vue de notre espérance, on ne perd pas les liens qu’on avait sur terre : au contraire ils trouvent une plus grande réalisation. Cela mérite d’être médité quand on perd une personne aimée : de notre point de vue, elle paraît s’être éloignée, alors que de son point de vue à elle, elle s’est rapprochée de nous, car elle nous voit en Dieu, donc elle nous connaît désormais bien mieux qu’elle ne nous connaissait sur la terre. Le lien avec nos défunts ne disparaît pas : il s’accomplit et ils intercèdent pour nous auprès de Dieu, car ils restent très sensibles aux personnes qu’ils ont laissées sur terre… En effet, une fois qu’on accède à la vie éternelle – le paradis – on est pleinement saint et on a cette sollicitude à l’égard des personnes qu’on a laissées sur la terre, au même titre que n’importe quel autre saint.

Une précision et distinction utile : qu’appelle-t-on l’Église militante, l’Église souffrante et l’Église triomphante ?

L’expression est un peu désuète, mais ce sont des distinctions classiques en théologie. L’Église militante, c’est l’Église encore en chemin sur la terre, dont les membres sont encore en état de conversion. L’Église triomphante est déjà dans un état d’accomplissement, au paradis : on est sauvé. Et tous les moyens dont on avait besoin pour ce salut, tels les sacrements, disparaissent car on voit Dieu, donc on n’a plus besoin d’intermédiaire. Et entre les deux, l’Église souffrante ce sont les âmes du purgatoire qui sont en état d’ultime purification avant d’accéder à la gloire de Dieu. Mais il y a une seule Église, avec un principe de communion des saints, dans lequel il y a toujours un échange de biens spirituels.

De quelle nature est cet échange ?

Nous qui sommes sur la terre, nous prions pour le salut des défunts, pour la purification des âmes du purgatoire. Et en sens inverse, les saints là-haut intercèdent pour nous. Ce n’est pas une logique de salut individuel : on n’est pas chrétien tout seul. Tout cela est à prendre dans la logique du Corps du Christ : aucun saint n’a une capacité de sauveur par lui-même. Tout ce que font les saints, ils le font parce qu’ils appartiennent au même corps du Christ que les fidèles restés sur terre. Et leur intercession n’a de valeur que dans le Christ.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien et notre « Grand angle » sur la Toussaint dans le magazine.