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Francophonie

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Appel de Lyon

et

Recommandations des 7ème Entretiens de la Francophonie de Lyon

Les 7ème Entretiens de la Francophonie ont eu lieu vendredi 13 juin 2008_à Lyon (Université Jean Moulin) en présence du Représentant personnel du Président de la République, du Recteur de l’Académie, du Conseiller du Ministre à la coopération et à la francophonie, du Chef du Service des Affaires francophones au Quai d’Orsay, du Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie, du Président de l’Association internationale des Régions francophones, du Président d’Avenir de la langue française, du Porte-parole du Collectif intersyndical pour le droit de travailler en français en France, de la Représentante de la Centrale des syndicats du Québec, des Autorités académiques de l’Université. Ils ont réuni environ 300 représentants du monde politique, de la francophonie institutionnelle, de la société civile et de l’université venant de toutes les régions francophones (Afrique, Asie, Amérique, Europe, Méditerranée, Monde arabe).

Ces 7ème Entretiens ont débattu du rôle et de l’utilité de la troisième Francophonie et de la langue française dans la mondialisation, et lancé dans la perspective du 12ème Sommet de la Francophonie de Québec des 17, 18, 19 octobre prochain, un appel solennel aux chefs d’Etat et de gouvernement et à son Secrétaire général, le Président Diouf pour la Francophonie, et au Président Sarkozy pour la France.

Les participants ont tenu, d’abord, à souligner que la troisième Francophonie n’est pas celle, coloniale, de la fin du 19ème siècle ; ce n’est pas non plus celle proposée dans les années 60 par le Sud pour fonder un Commonwealth à la française ; c’est un acteur de la mondialisation culturelle, une aire géoculturelle mondialisée de dialogue interculturel pour la paix, de solidarité et de diversité cultuelle et linguistique, un pôle attractif d’influence et d’équilibre de la mondialisation multipolaire.

Après avoir fait le constat des risques de marginalisation de la Francophonie et d’abandon du français en général et des attaques qu’il subit, en France plus particulièrement, dans les sciences, les entreprises, les médias, et à l’université, les participants ont insisté sur l’émergence dans la mondialisation de nouveaux concurrents linguistiques et culturels qui remet en question la vision unipolaire d’un anglais triomphant. La force de l’espagnol, l’importance de l’arabe ainsi que la rapide montée en puissance des cultures et des langues de futurs géants économiques comme la Chine, l’Inde ou encore le Brésil, ne peuvent être niées. Il s’agit donc pour les pays francophones et pour la France, de faire en sorte que la Francophonie demeure une aire géoculturelle influente et que le français demeure dans le groupe des langues-monde.

Les participants se sont attachés à définir ce que la Francophonie doit faire pour être utile aux peuples des pays francophones ; ce qu’ils ont appelé son « cœur de métier » :

– l’éducation et la formation,

– la production et la diffusion des biens culturels,

– l’économie,

l’espace médiatique francophone,

le numérique,

la francophonie politique pour la paix et la démocratie.

Ils ont mis en relief son déficit de visibilité et de notoriété. On est confondu par l’ignorance abyssale des jeunes, des actifs et des décideurs concernant la Francophonie. Il convient de lancer à grande échelle un plan de communication, de formation, et d’études sur la Francophonie. Renforcer le sentiment d’appartenance et impliquer la jeunesse doivent être des préoccupations centrales. Le volontariat peut y concourir fortement. Un point doit être tranché : celui de la circulation des francophones. Ce ne sont pas des étrangers comme les autres. Des préférences de circulation sont nécessaires en Francophonie.

Les participants veulent attirer l’attention sur la langue française. C’est la grande oubliée de la francophonie institutionnelle. L’élargissement est souhaitable à condition qu’il s’accompagne d’un pacte linguistique avec des engagements clairs quant à l’enseignement du français et à son utilisation à l’international. La formation des enseignants de français et en français ne peut être différée. C’est une question de vie ou de mort pour la Francophonie. Un million de personnes sont concernées.

Le Sommet de Québec doit être le Sommet du nouveau souffle. Il a rendez-vous avec l’Histoire.

Les participants demandent aux chefs d’Etat et de gouvernement ayant le français en partage lors du prochain Sommet de Québec, de :
positionner la Francophonie comme acteur de la mondialisation culturelle,
– lancer les chantiers qui font l’objet d’un large consensus et souvent bénéficient d’une expérimentation :

. création d’un corps de volontaires de la Francophonie ;
. mise en place d’un Institut francophone de formation des maîtres ;
. développement du réseau de formation des Chaires Senghor de la Francophonie ;

. installation de l’Institut des Hautes Etudes Francophones ;

. création de l’Université virtuelle francophone et du portail numérique francophone.

demander au Secrétaire général de la Francophonie d’étudier, pour présentation à la Conférence ministérielle de 2009, la création éventuelle :

. d’une Agence francophone de l’éducation ;

. d’un visa francophone ;

. d’un outil économique par transformation ou remplacement du Forum Francophone des Affaires ;

. de la Société francophone de développement des industries culturelles.

Les participants lancent un appel au Président de la République française afin qu’en conformité avec son intervention du 20 mars 2008 à la Cité universitaire de Paris, il fasse tout pour que le Sommet de Québec mette en route une Francophonie offensive, et que la France inscrive dans sa Constitution sa participation à la construction de la Communauté francophone et amende la loi Toubon pour dire non à l’unilinguisme anglais et affirmer la primauté du français sur le territoire national et dans le monde du travail.

Lyon le 13 juin 2008