François et les règlements en vigueur. - France Catholique
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La justice de Dieu
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François et les règlements en vigueur.

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Lors de son entretien récent avec le Père Antonio Sparado, S.J., S.S. François déclarait :

« On ne peut pas insister exclusivement sur les questions de l’avortement, du mariage gay et de méthodes de contraception. On ne peut pas …. On n’a pas besoin de parler de ces questions tout le temps.»

— ma première réaction fut: « de quoi, de qui parle-t-il?» Pour autant que je sache, on ne saurait reprocher à mon diocèse de Milwaukee d’abuser de tels sujets, avortement, contraception, mariage gay, etc.

Le pape ajoute : « je n’ai jamais été « de droite ».» Il aurait donc aimé savoir qu’aucun des pasteurs que j’ai connus au cours de mes quarante-cinq ans de résidence dans cette ville ne correspondrait non plus à cette définition — leurs homélies n’ont jamais abordé ces sujets brûlants « dont on parle tout le temps ».
Mais quand le pape, au cours de cet entretien, reproche à l’Église de s’enfermer dans les « petites questions, les règlements étriqués », les médias de gauche, journaux et T.V., comprennent qu’il est question, bien sûr, spécifiquement, d’avortement, de contraception et de mariage gay. Pour eux ces questions sont la substance même de ces « règlements étriqués ».

Mes amis de gauche, qui ne me parlent guère de religion, ont poussé des cris « hourrah!, enfin! » en entendant la nouvelle, semblant soulagés d’apprendre que l’Église prenait des mesures pour surmonter la fixation sur ce que le pape appelle « petites questions, règlements étriqués », au lieu de se consacrer aux sujets importants tels que la justice sociale. Si c’est l’interprétation générale de cet entretien, alors, nous sommes — pour le moins — confrontés à un problème de communication.

À quoi se rattachent les remarques du pape pour ces « règles » ? Avortement, contraception et mariage gay ne sont pas touchés par les Commandements de l’Église. L’avortement est directement cité par le Cinquième Commandement du Décalogue, la contraception est l’un des sujets de la Loi Naturelle, et le mariage gay est clairement traité par les directives des Écritures.

Le pape n’est pas très précis, mais fait référence à « des règles et principes ecclésiastiques qui furent naguère efficaces, mais, actuellement […] ont perdu du poids ou de la signification. Son discours aurait bien besoin d’éclaircissements quand il aborde ces broussailles. Les seules règles, au sens strictement officiel, pouvant être concernées seraient les six Commandements de l’Église.

Certains lecteurs doivent bien se gratter la tête à propos de ces Commandements. J’ignore si des sondages en ont évalué une connaissance chez les catholiques. Mais selon mes recherches personnelles — pas scientifiques du tout — parmi mes relations, ma conclusion serait que très peu de catholiques, principalement des générations « Baby Boom » et suivante, seraient capables de les citer.

Aux variantes de rédaction près, les voici :

– 1/ Assister au Saint Sacrifice de la messe avec respect et dévotion tous les dimanches et lors des fêtes d’obligation.

– 2/ Jeûne et abstinence les jours prescrits.

– 3/ Confession au moins une fois l’an au temps pascal.

– 4/ Recevoir la très Sainte Cpmmunion au moins une fois l’an au temps pascal.

– 5/ Contribuer financièrement à la vie matérielle de l’Église.

– 6/ Ne jamais contrevenir aux lois touchant le sacrement de mariage.

Alors, ce sixième commandement comprend, évidemment, l’interdiction de la contraception. Mais comme je le disais ci-dessus, cette question n’est que la redite de ce qu’on trouve dans la Loi Naturelle et, de toutes façons, le pape, au cours de l’entretien, a précisé qu’il est un « fils de l’Église » et n’est pas près de remettre en question la position de l’Église sur ce sujet et les deux autres cités ci-dessus.

Alors, lequel de ces commandements — s’il y en a — serait une règle ayant perdu valeur et signification? Le seul auquel je peux penser est le premier, en ce sens qu’il comprend le devoir d’assister à la messe lors des fêtes d’obligation en plus de la messe du dimanche. c’est un sujet pointu pour l’Église. Selon le catéchisme, c’est un devoir « sub grave », y manquer est un péché mortel.
Mais comme je l’écrivais dans un article précédent [The Catholic Thing, 19/11/2011], et selon ma propre expérience, la règle des fêtes d’obligation n’est pas trop respectée dans les paroisses de ma région. Et il me semble que ce commandement pourrait bien avoir perdu une certaine « valeur et signification » ; il serait sans doute judicieux de le réexaminer en vertu du « pouvoir de lier et délier sur terre » attribué à Pierre et à ses successeurs.

Puisque la plupart des fêtes d’obligation, sauf Noël et le jour de l’an (fête de Marie Mère de Dieu) tombe sur des jours où nombre d’adultes et de jeunes travaillent ou étudient, et comme dans la plupart des pays ce ne sont pas des jours fériés, un assouplissement de la règle serait sans doute bienvenu. Comme St. Paul s’adressant aux Romains et dans d’autres épitres le rappelle, le péché et la loi vont de pair ; sans loi, il n’y a pas de péché. St. Paul faisait référence aux multiples lois Mosaïques, qui posaient problème aux Juifs chrétiens. Mais ce commandement de l’Église fait bien partie des lois qui font explicitement un devoir « sub grave ».

J’imagine que l’Église ne voudrait pas abroger l’obligation « sub grave » d’assister à la messe le dimanche, car ce n’est que l’interprétation pour les catholiques d’observer le Troisième Commandement en respectant la « sainteté du Sabbat ».
Toute loi contraignant « sous peine de péché mortel » et difficilement respectée par tous mériterait d’être réexaminée, ne serait-ce que par souci des consciences individuelles qu’il est inutile de surcharger. Le pape n’a, d’évidence, pas déclaré comme le sous-entendent les médias que la position de l’Église au sujet de l’avortement, de la contraception ou du mariage gay est un exemple de « règles ayant perdu valeur et signification ».

Mais si des lois ou règles de l’Église universelle sont superflues ou dépassées, il serait bon de les identifier et de les réviser. Cependant, comme le pape le précise au cours du même entretien, il faut retenir que les lois et règles inculquées le sont toujours dans l’esprit de la miséricorde du Christ et de l’Évangile du salut.

Source :

http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/pope-francis-and-church-rules.html

Tableau d’Ivan Alvazovsky, 1888, Saint Pierre marchant sur l’eau.