François et le génocide arménien - France Catholique
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François et le génocide arménien

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Hier, dimanche de la Miséricorde, le pape avait-il prévu que ses paroles sur le génocide des Arméniens provoqueraient une crise ouverte avec le gouvernement d’Ankara ? Ce qui est sûr, c’est qu’il a voulu parler vrai, non pas pour humilier quiconque, mais parce que seule la vérité est vraiment libératrice, si difficile soit-elle parfois à admettre.

En 2014, le premier ministre Erdogan, devenu depuis président, avait présenté pour la première fois ses condoléances pour les victimes arméniennes. Mais la Turquie moderne n’est pas comme l’Allemagne d’après-guerre qui a reconnu les crimes du nazisme. Le souvenir du chancelier Willy Brandt, à genoux devant le mémorial du ghetto de Varsovie est resté dans les mémoires, comme le symbole même de la reconnaissance du martyre du peuple juif.

Je ne suis pas persuadé qu’un geste analogue ait été accompli à Moscou, et l’on est parfois effaré par l’indulgence avec laquelle certains considèrent le passé stalinien et semblent absoudre Staline lui-même de ses crimes. La Chine communiste, en dépit de l’évolution considérable qui est la sienne sur le terrain économique et aussi sociétal, n’en est pas à décider d’un retour sur son passé proche, la révolution culturelle et tous les autres crimes de Mao Tse Toung. Celui-ci est toujours honoré comme le Grand Timonier de la Chine rouge et son mausolée est toujours à l’honneur au centre de Pékin.

On pourrait d’ailleurs faire le tour du monde afin de constater combien la mémoire se trouve bridée, avec le silence imposé sur des drames qui ont martyrisé les populations et sont encore à l’origine de rancunes et de haines qui rendent la compréhension mutuelle impossible. Il est vrai que c’est un exercice délicat que celui qui consiste à revenir sur les déchirures de l’histoire.

J’ai un exemple en tête pourtant d’une véritable réconciliation fondée sur la reconnaissance mutuelle des fautes de chacun. C’est celui intervenu en Pologne entre catholiques allemands et catholiques polonais et proclamé par tout un peuple à Czestochowa dans un cri unanime et une conviction impressionnante : nous pardonnons !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 avril 2015.