« Forger des âmes intérieures » - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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« Forger des âmes intérieures »

Mère Marie-Blandine est l'actuelle supérieure de la Visitation Sainte-Marie à Paris.
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Une idée fausse circule sur la fondation de la Visitation : saint François de Sales aurait raté son coup en étant obligé de cloîtrer ses religieuses, contre son gré. Mais dès le départ, les religieuses ont été heureuses de cette décision. L’évêque de Genève s’en est lui-même finalement déclaré « content », car « Dieu avait fait sa volonté ». Il est vrai que Dieu a l’habitude d’inspirer aux saints fondateurs les traits fondamentaux de leur œuvre. Mais il y a ensuite l’adaptation aux événements, un dévoilement graduel que l’on observe chez saint François d’Assise, saint Dominique ou saint Benoît. Dès lors, on se trompe en considérant la première réalisation de l’œuvre comme son expression la plus authentique, son point culminant. Pour ce qui me concerne, je suis entrée dans l’Ordre car je souhaitais une congrégation cloîtrée.

Douceur et humilité

Le but premier de la Visitation est ainsi de forger des âmes d’oraison et de paix intérieure. Cela se traduit par l’unification à Dieu de toute notre vie, par la prière, et en pratiquant la douceur et l’humilité de Jésus. C’est fondamental. L’humilité est primordiale dans la vie chrétienne, quand bien même elle n’est pas à la mode. Dans notre monde, on exalte continuellement la personne et le culte du « moi ». L’esprit de la Visitation est d’aller en sens inverse. L’humilité consiste justement à ne pas chercher à paraître, y compris dans les exigences de la vie religieuse.

Saint François de Sales a voulu qu’il n’y ait pas de grands jeûnes ou austérités, parce qu’il y avait des femmes que cela empêchait d’entrer dans les ordres. Il a plutôt mis l’accent sur la mortification intérieure des passions, aversions, inclinations et humeurs. Quand quelqu’un nous agace, il faut se remettre en Dieu et ne pas céder à notre propre mouvement. Sans pour autant masquer la vérité… Il y a aussi des occasions de mortifications extérieures qui ne nuisent pas à la santé.

Charité et simplicité

François de Sales a choisi l’épisode de la Visitation car c’était alors un mystère peu célébré dans l’Église. Le témoignage de la charité envers le prochain devait à son sens s’exercer en premier lieu dans la vie communautaire : il doit y avoir beaucoup de charité entre les Sœurs, ainsi qu’avec les personnes aux parloirs.

La simplicité est une autre de nos caractéristiques, à rebours de toute forme de mondanité, même religieuse : par exemple, dès le départ, saint François n’a pas voulu que l’on dise « Madame la supérieure », mais ma Mère. Selon lui, cette « petite congrégation était un ouvrage du Cœur de Jésus et de Marie ».

Le Sacré-Cœur, c’est l’amour du Cœur de Jésus, qui est le centre de l’amour. Cela nous apprend à épouser les sentiments de son Cœur, en voyant comment il parle et réagit. Cela comprend aussi une part de réparation : Jésus a souffert de l’ingratitude des hommes, des apôtres aussi, qui ne répondaient pas à ses appels. Certes il était Dieu, mais aussi homme, avec un cœur et des amis. À Marguerite-Marie, il a demandé que les hommes participent d’une certaine manière à cette « réparation » des injustices commises à son égard.

En sainte Jeanne de Chantal, on retrouve saint François de Sales. Elle a sa patience, sa douceur. Elle était aussi très énergique, même si un peu scrupuleuse au début. Mais elle a réussi à se vaincre. En revanche, on sait moins qu’elle a eu des tentations contre la foi tout au long de sa vie. Son amitié avec saint François de Sales est unique : on n’a jamais vu une amitié spirituelle à la fois aussi forte et surnaturelle. François de Sales disait que si jamais il y avait le moindre petit fil d’attache humaine, il s’éloignerait.